Pneus, vitesse, réflexes… Savez-vous vraiment conduire sur la neige ?
Dans le Cantal, sur le mont Ventoux, dans les Alpes… La neige est de retour en France depuis quelques jours. Pour le moment à une certaine altitude mais peut-être bientôt plus bas. De quoi mettre les automobilistes dans des conditions qu’ils n’apprécient souvent pas… et surtout qu’ils sont peu à maîtriser.
Comment faut-il conduire sur la neige ? « Déjà, il faut savoir renoncer quand la météo est vraiment défavorable avec par exemple beaucoup de verglas », prévient Thomas Clodong, formateur post-permis au Mobilité Club Académie.
Chaque année, le quadragénaire voit passer près de 2.000 élèves au centre La Wantzenau, près de Strasbourg. Les conditions de pistes glissantes y sont reproduites « qu’il fasse -5 °C ou 30 °C » grâce à des « revêtements spéciaux arrosés ». Résultat, la majorité de ces jeunes conducteurs sont mis en échec, puis apprennent de leurs erreurs.
« Mais avant de parler de technique, il y a la problématique de l’équipement », reprend le spécialiste. « Un pneu été sera bien moins performant en dessous de 7 °C. En matière de tenue de route, de motricité, de freinage etc. Pour considérer qu’on a des équipements pour l’hiver, il faut avoir des pneus “3PMSF”. C’est-à-dire ceux avec un logo représentant une montagne à trois pics entourant un flocon de neige. Ceux où il est seulement écrit “M + S” ne sont plus homologués depuis le 1er novembre. »
A défaut, « des chaînes ou des chaussettes » conviennent. « Mais ce n’est pas fait pour rouler sur de longues distances », alerte Thomas Clodong en insistant : « si on n’est pas équipé, il vaut mieux rester chez soi ».
Pour les autres, les bons réflexes à adopter débutent avant même de démarrer. « En amont, pensez à bien dégager votre véhicule de la neige. Pas que les pare-brise mais bien toutes les surfaces vitrées, les rétroviseurs, les optiques (phares) ainsi que le capot et le toit. Pourquoi le toit ? Car ça peut arriver que la neige se détache et vienne obstruer la vue. »
« Eviter de freiner »
Une fois le contact mis, la prudence sera la règle pour chaque conducteur. Comment ? « Il faut modérer sa vitesse car sinon, ça devient ingérable. Ensuite, éviter de freiner car ça va entraîner le blocage des roues, une perte d’adhérence et un report des masses vers l’avant qui peut favoriser un tête-à-queue. »
Voire une collision avec un autre véhicule. « C’est aussi pour ça qu’il est utile de largement augmenter les distances de sécurité minimale. Un poids lourd peut par exemple perdre une plaque d’eau qui était sur son toit et s’est transformé en verglas. Il ne vaut mieux pas être trop près », détaille encore le formateur en donnant quelques astuces en cas de glissade. « Débrayez si vous avez une boîte manuelle, évitez de freiner et contre-braquez. »
Pas si simple dans ces moments où la panique peut vite venir. « Regardez vers la solution, pas le fossé. Vous tournerez alors le volant dans le bon sens. L’essentiel, c’est le regard », assure le professionnel, rejoint par une consœur. « Il faut vraiment être dans l’anticipation », appuie Aurélie Joly, gérante de l’auto-école ECF à Albertville. Soit dans une ville de Savoie où la neige a ses habitudes.
« C’est avec l’expérience et la pratique qu’on sait »
« Quand on en a, on peut former les élèves dessus mais ce n’est évidemment pas toujours le cas », poursuit-elle. « De plus en plus, des simulateurs de perte d’adhérence sont proposés dans nos structures mais pas partout. Après, c’est comme la conduite la nuit, on ne peut pas l’apprendre à ceux qui prennent leurs heures uniquement l’été. »
L’instructrice le reconnaît, une large majorité des néoconducteurs en France ne sont aujourd’hui pas formés à rouler sur la neige. « Mais de toute façon, c’est avec l’expérience et la pratique qu’on sait. Toutes les neiges ne sont pas les mêmes et même nous, on doit retrouver nos réflexes chaque année quand la neige revient. » Pile en ce moment.