Plusieurs policiers en garde à vue à Marseille, sept ans après l’agression d’une femme.
Plusieurs policiers ont été placés en garde à vue à Marseille pour des violences présumées commises en 2018 à l’encontre d’une jeune femme en marge d’une manifestation des « gilets jaunes ». En juin 2023, la justice refuse d’entériner une seconde ordonnance de non-lieu contre X et ordonne la reprise des investigations.
Nouveau développement dans une affaire vieille de plus de sept ans. D’après une information de *La Provence*, confirmée par une source judiciaire à l’AFP, plusieurs policiers ont été placés en garde à vue à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, pour des violences présumées survenues en 2018 à l’encontre d’une jeune femme lors d’une manifestation des « gilets jaunes ».
À l’issue d’une enquête préliminaire, une information judiciaire pour violences aggravées et non assistance à personne en danger a été ouverte en juillet 2019, sept mois après la plainte déposée par la victime sur la plateforme de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale).
Le dossier avait été initialement examiné par un juge d’instruction marseillais, qui, en décembre 2020, avait conclu : « Sans l’ombre d’un doute, les individus qui ont violenté [la jeune fille] avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d’autant plus inacceptables qu’elles ont été commises de façon purement gratuite ».
Après la réouverture du dossier sur la base d’un nouveau témoignage visuel, le juge a choisi de le refermer en 2022, sans qu’aucune mise en examen ne soit prononcée. En juin 2023, la justice a décidé de ne pas entériner cette seconde ordonnance de non-lieu contre X et a ordonné la reprise des enquêtes.
Selon *La Provence*, certains des fonctionnaires de police entendus auraient été spécialement ramenés d’Outre-Mer pour ces auditions, ce qui pourrait conduire à des mises en examen.
Les faits se sont produits le 8 décembre 2018, en plein mouvement des gilets jaunes, exacerbé par le drame de la rue d’Aubagne qui avait eu lieu quelques semaines plus tôt. La situation était très tendue, avec près de 500 policiers mobilisés face à des barricades et des pillages. Au total, 680 grenades lacrymogènes ont été lancées ce jour-là, avec 80 tirs de LBD, 47 interpellations et deux policiers blessés.
La jeune femme, alors âgée de 19 ans et vendeuse dans une boutique, sortait du travail lorsqu’elle a été touchée à la cuisse par un tir de LBD dans une ruelle commerçante. Elle a ensuite été violemment frappée au sol par une quinzaine de policiers, subissant des coups de pied et de matraques qui lui ont fracturé le crâne.
Une photo prise à l’hôpital illustre la violence des coups : la tête partiellement rasée, elle présente deux énormes cicatrices sur le crâne. Aujourd’hui, la jeune femme souffre encore de graves séquelles tant physiques que psychologiques.

