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Plan de paix à Gaza : Quelles suites après la libération des otages ?

Le gouvernement israélien a indiqué avoir approuvé la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, prévu dans le cadre du plan de paix en vingt points de la Maison-Blanche. Les 47 derniers otages, vivants ou morts, devront être libérés au plus tard 72 heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, soit lundi, selon une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.


Ce n’est pas encore la paix, mais une étape est franchie. Le gouvernement israélien a annoncé vendredi avoir validé la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, intégrée dans le plan de paix en vingt points élaboré par la Maison-Blanche. Cet accord peut donc entrer en vigueur et permettre la libération des otages israéliens retenus dans la zone palestinienne.

Cette libération qui « devrait mettre fin à la guerre », a affirmé Gideon Saar, chef de la diplomatie israélienne. De son côté, Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a déclaré avoir « reçu des assurances de la part des frères médiateurs et de l’administration américaine, confirmant que la guerre est complètement terminée ». Un « moment historique », selon les mots du président palestinien, Mahmoud Abbas. Et maintenant, quelles seront les prochaines étapes ?

Les 47 derniers otages, qu’ils soient vivants ou morts, devront être libérés au plus tard 72 heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, donc lundi, selon une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Le président américain Donald Trump a également annoncé son intention de se rendre au Moyen-Orient pour être présent.

En contrepartie, « près de 2.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël » seront libérés, selon un responsable du Hamas. Le plan de la Maison-Blanche stipule que « une fois tous les otages libérés, Israël libérera 250 prisonniers condamnés à perpétuité, ainsi que 1.700 Gazaouis détenus après le 7 octobre 2023, y compris des femmes et des enfants ». De plus, « pour chaque otage israélien dont les restes seront restitués, Israël libérera les restes de quinze Gazaouis décédés », précise le texte.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé les deux camps à procéder aux opérations de libération comme prévu « en toute sécurité et dans la dignité ».

Conformément au plan de paix, l’accord entre les deux camps sur cette première phase entraîne de facto la suspension de « toutes les opérations militaires, y compris les bombardements aériens et d’artillerie ». Deux cents militaires américains seront déployés pour « superviser » et « observer » la mise en œuvre de l’accord sur Gaza, a rapporté à l’AFP un haut responsable américain sous couvert d’anonymat.

Le cessez-le-feu est entré en vigueur à midi, heure locale, selon un communiqué des forces israéliennes, soulignant que les soldats de Tsahal « ont commencé à se positionner le long des […] lignes de redéploiement en préparation de l’accord de cessez-le-feu et du retour des otages ». L’armée israélienne devrait être redéployée sur la « ligne jaune », définie par le plan de cessez-le-feu, ce qui lui permettra de conserver le contrôle de 53 % de la bande de Gaza.

Cependant, la situation sur le terrain reste confuse. Vendredi matin, un responsable de la Défense civile de Gaza a confirmé le retrait des forces israéliennes dans plusieurs zones du nord et du sud de l’enclave, mais de nombreux témoignages faisaient état de tirs et de bombardements. « Les troupes du Commandement Sud […] continueront d’éliminer toute menace immédiate », a communiqué Tsahal. Certaines zones demeurent « extrêmement dangereuses » pour la population, a ajouté l’armée israélienne, alors que des milliers de Palestiniens se dirigent vers le nord de l’enclave, selon des journalistes de l’AFP présents à Nousseirat, au centre du territoire.

L’acceptation de l’accord implique également l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, sur la base des quantités prévues en janvier dernier. Le transport et la distribution se feront « sans interférence des deux parties, par l’intermédiaire des Nations Unies et de ses agences, du Croissant-Rouge et d’autres institutions internationales indépendantes de l’une ou l’autre des parties », précise le plan Trump.

Jeudi soir, l’ONU a déclaré être prête à lancer un plan sur 60 jours dès la signature de l’accord. « Nos marchandises, 170.000 tonnes de nourriture, de médicaments et d’autres biens, sont prêtes. Nos équipes, courageuses, expertes et déterminées, sont en place », a indiqué Tom Fletcher, le chef des opérations humanitaires de l’ONU. L’objectif est d’augmenter le volume pour faire entrer « plusieurs centaines de camions par jour ».

Le plan de l’ONU prévoit non seulement des distributions de nourriture, mais également un soutien aux boulangeries et cuisines collectives, ainsi que la fourniture d’eau et des services d’assainissement pour 1,4 million de personnes. Des équipements médicaux d’urgence sont également prévus tout comme la distribution de « milliers de tentes chaque semaine ».

Les étapes suivantes de la mise en œuvre du plan restent plus floues et seront soumises à des négociations qui commenceront « immédiatement » après la signature de la première phase, a rapporté un responsable du Hamas. Les discussions porteront notamment sur le désarmement du mouvement islamiste palestinien et le retrait total des troupes israéliennes.

« Le Hamas et les autres factions s’engagent à ne jouer aucun rôle dans la gouvernance de Gaza, directement, indirectement ou sous quelque forme que ce soit », stipule le treizième point du plan proposé par les États-Unis, qui prévoit un « processus de démilitarisation de Gaza » sous la supervision d’observateurs indépendants. Par ailleurs, « Israël n’occupera ni n’annexera Gaza », précise le texte au point numéro 16.

Pour assurer la sécurité de la zone, une « Force internationale de stabilisation » pourrait être mise en place avec plusieurs partenaires internationaux dont les États-Unis et des pays arabes. En ce qui concerne la situation politique à Gaza, la Maison-Blanche évoque une « gouvernance transitoire temporaire d’un comité palestinien technocratique et apolitique, chargé de la gestion quotidienne des services publics et des municipalités ». Le tout sous la supervision d’un « comité de la paix », présidé par Donald Trump lui-même et dans lequel figurera l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair.

« Aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l’Autorité palestinienne, rejettent ceci », a déjà déclaré Osama Hamdan, haut responsable du Hamas, interrogé sur la chaîne Al Araby.