Philippe Aghion parle de ses travaux de lauréat du prix Nobel d’économie.
Philippe Aghion a été récompensé lundi du prix Nobel d’économie 2025, aux côtés de Joel Mokyr et de Peter Howitt, pour leurs travaux sur l’impact des nouvelles technologies sur la croissance économique. Le prix consiste en un diplôme, une médaille d’or et une dotation totale de 11 millions de couronnes suédoises (près d’un million d’euros) et sera remis le 10 décembre, date anniversaire de la mort d’Alfred Nobel.
Le Français Philippe Aghion a été honoré lundi par le prix Nobel d’économie 2025, conjointement avec l’Américano-Israélien Joel Mokyr et le Canadien Peter Howitt, en reconnaissance de leurs travaux sur l’impact des nouvelles technologies sur la croissance économique. La moitié du prix revient à Joel Mokyr « pour avoir identifié les conditions préalables à une croissance durable grâce au progrès technologique », tandis que l’autre moitié est partagée entre Philippe Aghion et Peter Howitt pour « leur théorie de la croissance durable à travers la destruction créatrice ».
Cette théorie, essentielle dans les recherches de Philippe Aghion, illustre comment l’innovation stimule la croissance tout en modifiant les structures économiques existantes. Avec Peter Howitt, il a analysé le concept de « destruction créatrice », qui met en lumière la manière dont l’introduction d’un produit innovant sur le marché menace les entreprises offrant des produits traditionnels. « Ce processus est créatif car il repose sur l’innovation, mais il est également destructeur car les produits plus anciens deviennent obsolètes et perdent leur valeur commerciale », a souligné le jury Nobel.
« L’idée c’est de dire que la croissance, au long terme, c’est l’innovation. Et pas l’accumulation de capital, qui au bout d’un moment s’essouffle », a indiqué l’économiste français lors d’un entretien avec l’AFP en 2019, en citant l’effet radical qu’a eu l’invention de la machine à vapeur sur la croissance à partir du XVIIIe siècle.
Ces recherches aident à comprendre comment, au cours des deux derniers siècles, le monde a connu pour la première fois une croissance économique durable grâce à l’innovation technologique. Selon le comité Nobel, elles démontrent également que le progrès ne doit jamais être considéré comme acquis. La société doit rester vigilante aux conditions qui favorisent cette dynamique, notamment l’innovation scientifique, la destruction créatrice et une société ouverte au changement.
À l’annonce du prix, Philippe Aghion a souligné son importance. « L’ouverture est un moteur de croissance, tout ce qui entrave l’ouverture est un obstacle à la croissance », a-t-il insisté, en réponse à la récente augmentation des droits de douane aux États-Unis. Il a aussi alerté l’Europe sur le danger de laisser les États-Unis et la Chine « devenir les leaders technologiques » dans les années à venir.
Établi en 1969 par la Banque centrale suédoise, le prix Nobel d’économie est le seul qui ne figure pas dans le testament d’Alfred Nobel. Philippe Aghion, âgé de 69 ans, partage cette distinction prestigieuse avec Peter Howitt, 79 ans, tandis que Joel Mokyr, également âgé de 79 ans, reçoit une moitié du prix. La récompense comporte un diplôme, une médaille d’or et une somme totale de 11 millions de couronnes suédoises (près d’un million d’euros). La cérémonie de remise des prix aura lieu, comme chaque année, le 10 décembre, date anniversaire de la mort d’Alfred Nobel.

