Peut-on se venger des Anglais en leur imposant un visa de tourisme payant ?

A partir d’avril prochain, les touristes français devront obtenir une autorisation de voyage électronique (ETA) payante s’ils souhaitent visiter la Grande-Bretagne. Une mesure qui devrait rapporter à Londres 36 millions d’euros dès la première année. Sauf que la réciproque n’existe pas, du moins pas encore, alors que la France est la seconde destination touristique préférée des Anglais après l’Espagne.
Le gouvernement britannique a donc trouvé un moyen rapide, facile à mettre en œuvre et peu coûteux de remplir ses caisses sur le dos des touristes français en leur imposant une ETA au prix de 12 euros. Si la France décidait de faire un « contre Uno » en instaurant la réciproque, c’est un pactole bien plus important qui tomberait dans la poche de l’Etat. En effet, selon les chiffres de l’Agence de développement touristique de la France, près de 12 millions de Britanniques ont débarqué chez nous en 2023.
Un jackpot perdu de 144 millions d’euros
En mettant en place une ETA sur le même modèle que celui élaboré par Londres, ce sont ainsi 144 millions d’euros que la mesure rapporterait dès la première année. On peut donc se demander pourquoi le projet n’est pas encore dans les tuyaux et pourquoi il n’a même jamais été évoqué comme source de recettes supplémentaires lors des âpres débats autour du budget 2025.
En fait, ce n’est tout simplement pas possible à cause de l’Union européenne. En effet, le pendant à un espace Schengen sans frontières internes est la mise en place d’une « politique commune de l’UE en matière de visas » pour faciliter « l’entrée des visiteurs dans l’UE », explique le Conseil de l’Union européenne. Les dispositions de Schengen « prévoient un ensemble unique de règles pour les contrôles aux frontières extérieures de l’UE ». Autrement dit, la politique des visas de court séjour, inférieurs à 90 jours, est une compétence communautaire.
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Si aucun pays de l’Union ne peut individuellement mettre en place des ETA pour les ressortissants de pays hors Schengen, l’UE peut en revanche prendre cette initiative. Et figurez-vous qu’une telle mesure devrait d’ailleurs entrer en vigueur courant 2025. Notre futur ETA européen s’appelle le « European Travel Information and Authorisation System », ou ETIAS. Il est présenté par le Quai d’Orsay comme « une autorisation de voyage », « similaire à l’ESTA américain » dont l’obtention est nécessaire pour les séjours inférieurs à 90 jours des ressortissants des pays exemptés de l’obligation de visa, dont la Grande-Bretagne. L’ETIAS sera valable trois ans et coûtera 7 euros. Une taxe qui n’ira cependant pas renflouer les caisses de l’Etat puisqu’elle sera versée au budget de l’UE.