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Pétition mondiale « Correct the map » : Pourquoi la carte du monde que nous connaissons ne représente pas la réalité

«Correct the Map. » C’est le nom d’une pétition internationale qui veut corriger les cartes scolaires et médiatiques pour redonner à l’Afrique ses véritables proportions. Soutenue par l’Union africaine, la campagne vise à remplacer la projection de Mercator, accusée de déformer la taille des continents au profit de l’Europe et de l’Amérique du Nord. 20 Minutes fait le point pour vous sur cette projection, ses failles et ses alternatives.

Qu’est-ce que la projection de Mercator ?

La projection de Mercator a été inventée en 1569 par le cartographe flamand Gerardus Mercator. Elle transforme la surface arrondie de la Terre en un grand rectangle. Son intérêt était de permettre aux marins de tracer facilement des routes droites sur leurs cartes, correspondant à une direction constante en mer, que l’on appelle « loxodromie ». À l’époque, cette innovation a révolutionné la navigation et contribué aux grandes explorations, note RFI.

Pourquoi n’est-elle pas réaliste ?

Ce choix technique, extrêmement utile aux explorateurs marins, déforme les surfaces. Pour conserver les angles, la projection agrandit les terres proches des pôles et réduit celles situées près de l’équateur. Concrètement, le Groenland paraît presqu’aussi vaste que l’Afrique alors qu’il pourrait y entrer quatorze fois. De même, le Canada et la Russie semblent occuper un quart de la planète, mais ne représentent en réalité qu’environ 5 % de sa superficie, souligne le magazine Géo.

Quelles conséquences sur notre vision du monde ?

« Les cartes ne sont pas une science exacte », rappelle Olivier Clochard, chercheur au CNRS interrogé par Le Figaro. Certes, mais cette distorsion cartographique a des effets culturels et politiques. Leur usage massif dans les atlas, les manuels scolaires et même Google Maps a façonné un imaginaire où l’Europe et l’Amérique du Nord semblent centrales, tandis que l’Afrique ou l’Amérique du Sud apparaissent minorées. Nombreux sont ceux qui y voient l’héritage visuel d’un biais eurocentré, issu de l’époque coloniale.

Quelles alternatives existent ?

Soyons clairs : il n’existe pas de projection parfaite, car on ne peut pas représenter une sphère à plat sans la distordre. Mais certaines projections tentent toujours de rétablir l’équilibre. La projection de Gall-Peters (1970) rend aux continents leur véritable surface, au prix de formes allongées. Plus récemment, la projection Equal Earth, proposée en 2018, cherche un compromis entre respect des superficies et lisibilité. C’est d’ailleurs cette dernière que promeut la campagne « Correct the Map », soutenue par l’Union africaine et des ONG comme Speak Up Africa.