France

Pesticides : « À 5 mètres tout va bien, c’est faux » selon riverains.

L’étude PestiRiv, lancée en 2021, a été menée par l’Anses et Santé publique France en 2021 et 2022 auprès de 2.700 personnes, certaines vivant près des vignes (moins de 500 mètres) et d’autres loin de toute culture (à plus d’un kilomètre). Selon l’étude, « les niveaux de contamination en zones viticoles sont plus élevés qu’en zones éloignées de toute culture », avec une augmentation de l’imprégnation urinaire comprise entre 15 % et 45 %.


Il est indéniable que les personnes vivant à proximité des vignes, et par extension d’autres cultures, sont surexposées aux pesticides, surtout durant les périodes de traitement. C’est ce que révèle l’étude PestiRiv publiée ce lundi. Cette étude a été lancée en 2021 après un signalement de l’association « Alerte des médecins sur les pesticides » (AMLP), concernant de nombreux cas de cancers pédiatriques dans la commune de Preignac, en Gironde.

Réalisée par l’Anses et Santé publique France entre 2021 et 2022, l’étude a concerné 2.700 personnes, dont certaines vivaient à moins de 500 mètres des vignes, dans six régions viticoles différentes, tandis que d’autres habitaient à plus d’un kilomètre de toute culture. L’étude a recherché la présence de 56 pesticides, parmi lesquels le folpel (fongicide), le glyphosate (herbicide) et les pyréthrinoïdes (insecticides).

« Pour les urines, les poussières et l’air ambiant, les niveaux de contamination en zones viticoles sont plus élevés qu’en zones éloignées de toute culture », indique l’étude. Par exemple, l’imprégnation urinaire a montré une augmentation comprise entre 15 % et 45 %, et la contamination des poussières varie selon les substances de quelques pourcents à plus de 1.000 %. PestiRiv met également en lumière que l’exposition aux pesticides est globalement plus importante durant la période de traitement des vignes (de mars à août) qu’en dehors de celle-ci.

Il est donc difficile d’ignorer les pratiques agricoles. « L’exposition augmente lorsque la distance entre le logement et les vignes diminue et quand la quantité de pesticides utilisée pour le traitement des vignes augmente », notent les autorités sanitaires, qui incitent prudemment à mettre en œuvre le plan Ecophyto 2030. « Dire comme certains agro-semenciers qu’à 5 mètres (des zones d’habitation) tout va bien et qu’il est possible de pulvériser, c’est faux, puisque les effets se font sentir jusqu’à 500 mètres et, dans certains cas, jusqu’à 1 km », réagit Corinne Lepage, avocate à l’origine de la première action collective à l’échelle nationale pour les victimes non professionnelles des pesticides.

L’Anses et Santé publique France concluent en appelant à limiter l’usage des produits phytosanitaires au « strict nécessaire », tout en invitant à adopter de bonnes pratiques agricoles. Toutefois, cette conclusion semble un peu légère pour l’association Générations futures, qui, par la voix de son porte-parole François Veillerette, réclame « une vraie relance d’Ecophyto, une expansion immédiate des zones de non-traitement par les pesticides suspectés CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) d’au moins 100 mètres, une priorité à la production biologique en périphérie des zones habitées, ainsi qu’un retrait rapide des substances suspectées CMR et neurotoxiques ».

L’étude ne portait pas sur les risques sanitaires associés aux expositions observées, mais elle souligne la nécessité d’« améliorer les connaissances sur l’exposition aux pesticides et le lien éventuel avec des risques pour la santé ». D’autres publications, notamment celle de l’Inserm intitulée « Pesticides et effets sur la santé : nouvelles données », publiée en 2021, ont déjà établi une forte présomption d’un lien entre exposition aux pesticides et pathologies graves.