France

Peste porcine africaine : éleveurs bretons redoutent « un cataclysme »

Neuf sangliers sont morts de la peste porcine africaine en Catalogne depuis une semaine. Michel Bloc’h, président de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), souligne que « si la peste venait à arriver en France, les conséquences seraient absolument désastreuses pour la filière ».


«Nous sommes désormais cernés par la maladie.» Le ton est sérieux. Alors que neuf sangliers sont morts de la peste porcine africaine en Catalogne au cours de la semaine dernière, les producteurs français suivent avec inquiétude l’évolution de la situation de l’autre côté des Pyrénées. Après l’Allemagne et l’Italie, ce virus, inoffensif pour l’homme mais avec un taux de mortalité proche de 100 % pour les porcs et les sangliers, a été détecté en Espagne. Pour faire face à cette menace qui pèse sur les éleveurs, le troisième producteur mondial de viande porcine mobilise d’importants moyens, déployant l’armée et des drones dans la région métropolitaine de Barcelone afin de désinfecter la zone où ont été découverts les cadavres et d’essayer de contenir le foyer.

À près de mille kilomètres de là, la Bretagne, première région française pour la production porcine, redoute également le pire. «Si la peste venait à arriver en France, les conséquences seraient absolument désastreuses pour la filière», prévient Michel Bloc’h. Le président de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) refuse toutefois de céder à la panique. «L’arrivée de la peste porcine africaine est clairement une très mauvaise nouvelle, mais il ne faut pas non plus surdramatiser la situation, car aucun animal domestique n’a pour l’heure été touché par la maladie, qui reste cantonnée à la faune sauvage», précise-t-il.

«On ne sait pas encore si des marchés vont se fermer»

Avec cette menace qui se rapproche, l’ensemble de la filière se prépare au pire et mobilise ses forces. «Cette alerte doit être un électrochoc pour nos éleveurs !», déclare le Comité régional porcin de Bretagne, appelant à «faire de la biosécurité une priorité». Cela implique de mettre en place des zones dans les élevages en séparant les secteurs propres et sales par des sas sanitaires. «On sensibilise énormément les éleveurs là-dessus, mais il y a encore du travail», reconnaît Michel Bloc’h.

Car si un cas venait à être détecté en France, «seuls les éleveurs à jour de leur biosécurité pourront poursuivre leur activité et la circulation de leurs animaux indemnes», avertit le comité régional porcin. Bien que le virus ne soit pas encore présent, les producteurs de porcs craignent déjà des répercussions commerciales. «La peste porcine étant arrivée en Espagne, le premier producteur européen, on ne sait pas encore si des marchés à l’export vont se fermer, notamment pour la Chine», s’interroge Michel Bloc’h. «Si c’est le cas, ce sera très inquiétant, car il faudra bien que toute cette viande soit vendue quelque part. Et nous devrons donc la brader.»

Un appel au patriotisme des consommateurs

Les producteurs de porcs font face à une nouvelle difficulté, déjà affectés depuis cet été par la baisse des prix. «C’est vrai que les mauvaises nouvelles s’enchaînent en ce moment», déplore le président de l’UGPVB. «La seule bonne nouvelle, c’est que les prix des matières premières ne sont pas très élevés.»

Dans ce contexte difficile, les producteurs bretons appellent au patriotisme des consommateurs. «La seule solution pour soutenir la filière est de manger du porc français», affirme Michel Bloc’h. La filière lance également un appel aux autorités : «Il est urgent que les pouvoirs publics prennent la mesure de ce cataclysme à venir pour la filière porcine, qu’ils anticipent une éventuelle contamination de notre territoire et qu’ils assurent aussi un soutien sans faille aux éleveurs de porcs.»