Perrier sur la sellette : « Elle a le même goût » d’après les consommateurs
L’UFC Que Choisir a demandé au tribunal judiciaire de Nanterre le retrait temporaire des bouteilles Perrier, considérant sa commercialisation comme trompeuse. Benjamin, d’un restaurant de Castelnau-le-Lez, près de Montpellier, témoigne qu’il ne constate pas de baisse significative de la consommation de Perrier malgré les critiques négatives.
Perrier risque-t-il de perdre son statut d’eau minérale naturelle ? Cette éventualité plane sur la marque emblématique de Nestlé Waters et menace l’avenir de la source de Vergèze, située dans le Gard. Mercredi, l’association UFC Que Choisir a saisi le tribunal judiciaire de Nanterre pour demander le retrait temporaire des bouteilles Perrier, arguant que sa commercialisation en tant qu’eau « minérale naturelle » est trompeuse. L’avocat de l’association, Alexis Macchetto, souligne : « Le consommateur achète une eau vendue comme minérale naturelle alors qu’elle n’est pas naturelle, puisqu’elle a été traitée. »
En attendant la décision de justice, nous avons interrogé des consommateurs afin de recueillir leurs impressions. Globalement préoccupés, ils ne semblent néanmoins pas prêts à changer leurs habitudes. Antoine déclare : « J’en bois depuis des années, qu’on me dise qu’elle pourrait ne plus être qualifiée de minérale ne change absolument rien. Je trouve qu’elle a le même goût. » Angélique reconnaît réfléchir à la question : « Quand on entend parler de contaminations par des bactéries de matières fécales, ce n’est pas très engageant. Mais visiblement l’eau est traitée, même si ce n’est pas trop dans les règles de l’art. Minérale naturelle ou pas, ça ne change pas grand-chose pour celui qui la boit. »
Hatem, en revanche, a pris une autre décision : « C’est vrai, je n’en achète plus. Je préfère d’autres marques qui n’ont pas – enfin à ma connaissance – ce genre de problèmes. » À ses côtés, Angélique s’interroge : « Mais entre les microplastiques dans les bouteilles d’eau, les PFAS dans l’eau du robinet, tous les rappels de produits, est-ce qu’on peut encore boire ou manger sereinement ? »
Paul exprime son inquiétude concernant les infections : « La question de l’infection est inquiétante. Je me dis que si elle est commercialisée, c’est qu’elle est quand même buvable. Après qu’elle soit minérale naturelle ou pas, ça n’a, pour moi, pas d’importance. » Pour lui, choisir Perrier est avant tout une question de goût : « C’est emblématique. Il y a très longtemps, quand on en buvait avec le whisky, c’était le grand chic. Je trouve que c’est d’ailleurs la seule eau pétillante qui garde ses propriétés quand on la consomme dans d’autres boissons. »
Dans une pizzeria, on apprend que la situation n’a pas changé. « Ah ici, on a toujours proposé de la San Pellegrino ! » témoigne un employé. Selon Benjamin, du restaurant Chez Pépette, situé à Castelnau-le-Lez près de Montpellier, « Depuis qu’on entend parler de Perrier négativement, on ne voit pas trop de baisse de la consommation. Un peu sur les bouteilles de 50 cl ou d’un litre, celles que l’on consomme pendant le repas. Mais beaucoup de clients nous commandent encore un « Perrier tranche ». C’est un peu un réflexe, une habitude de langage. Je pense que c’est ce qui soutient encore la marque, pour l’instant. »

