France

Perpignan – Stade Français : « On n’est pas loin de faire de descendre le club »… Paris peut-il éviter la catastrophe ?

La légende raconte que les machines n’ont pas de cœur. Regardez donc du côté des petits ordinateurs de la Ligue nationale de rugby (LNR) et de la Ligue de football professionnel (LFP), vous y verrez sans doute un petit sourire symbole de soulagement. Avec le débarquement du Paris FC, promu en Ligue 1 la saison prochaine, au stade Jean-Bouin, la cohabitation avec le Stade Français s’annonçait chaotique, notamment dans l’organisation du calendrier.

Mais tout sera peut-être plus simple si les « soldats roses » se retrouvent à ferrailler en Pro D2 face à Mont-de-Marsan ou Oyonnax les jeudis soir en 2025-2026. A quatre journées de la fin de la saison régulière, le club parisien est 12e, un tout petit point d’avance sur la lanterne rouge, Vannes, et à égalité avec le barragiste, Perpignan. Et, devinez quoi ? L’Usap et le Stade Français se retrouvent pour un match craquant-gourmand à Aimé-Giral ce samedi (16h30).

Les amateurs d’enterrements en grande pompe ont déjà préparé les chrysanthèmes et la marche funèbre de Chopin. Pas le Stade Français. Pas encore. « On ne joue pas notre vie samedi à Perpignan, a tenu à nuancer l’entraîneur des avants Julien Tastet en conférence de presse. On ne peut pas se dire que si on gagne, on est sauvé et que si on perd, c’est la fin de la saison. Au contraire, on sait que tous les matchs vont être importants. »

Une accumulation d’erreurs ?

Un discours vu et revu depuis des semaines, qui avait été peu ou prou rabâché avant le match face au Racing 92, il y a quinze jours, où ce derby devait servir, vous allez voir ce que vous allez voir, de levier pour avoir une fin de saison plutôt tranquille. Résultat : crochets et uppercuts en pleine poire et 49 points encaissés dans la salle de spectacle de Nanterre après une seconde période calamiteuse. Un peu comme à Montpellier (défaite 38-32), alors que les Stadistes menaient de 26 points à la 44e minute.

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Douzième attaque et treizième défense du Top 14, le Stade Français, un an seulement après être passé tout près de lutter pour le Brennus au Vélodrome, réalise un exercice 2024-2025 qui frise l’accident industriel. « Ça arrive, minimise Rémy Martin, troisième ligne du Stade Français entre 2001 et 2008. Il y a quelques années, Toulouse a aussi été en bas, Montpellier l’était l’année dernière, ça peut arriver aux grands clubs Tu commences mal la saison et après t’es dans une spirale négative. »

Mais le mal semble être plus profond et n’est pas qu’une simple question de spirale négative. Des recrues signées à prix d’or (Yoann Tanga, Louis Carbonel) n’ont pas eu l’apport escompté, les cadres (Sekou Macalou, Louis Barré) ont été moins en vue et les changements au sein du staff (Karim Ghezal, Laurent Labit, Paul Gustard) ont apporté plus d’incertitudes que de cohésion. L’arrivée des deux premiers l’année dernière en provenance de l’équipe de France, était « une erreur », a admis le propriétaire Hans-Peter Wild dans une interview à L’Equipe.

« Un énorme manque de visibilité »

« Je pense que c’est une accumulation d’événements, détaille Sylvain Marconnet, pilier du Stade Français de 1997 à 2010. Les départs de certains joueurs comme Segonds ou Habel-Küffner n’ont pas été compensés. L’effectif a perdu en qualité. On avait des joueurs qui, a priori, ne s’entendaient pas avec un entraîneur [Ghezal, remercié fin septembre], qui a l’air d’avoir plutôt des bons résultats aujourd’hui avec le LOU, ça interpelle quand même pas mal. Et puis je pense qu’il y a quand même pas mal de choses qu’on ne sait pas. »

Contacté, le club n’a pas donné suite à nos sollicitations, alors que des joueurs passés récemment par le Stade Français ont préféré décliner poliment, à l’image de Giorgi Tsutskiridze, parti l’été dernier : « Le Stade Francais est une institution et même s’ils sont en difficulté aujourd’hui, ils vont rester à leur place j’en suis sûr à 100 %, je ne ferai pas d’autres commentaires. » Même l’historique président du club parisien, Max Guazzini, pourtant toujours loquace lorsqu’il s’agit de parler de son Stade Français, préfère attendre la fin du championnat pour s’exprimer.

La fin du Top 14, c’est donc ces visites à Perpignan et Clermont entrecoupées des réceptions de Castres et Lyon. Avec un seul point pris à l’extérieur depuis le début de la saison, l’optimisme n’est donc pas de rigueur. D’autant que jouer dans un Aimé-Giral plus hostile que la moindre terre foulée par Mike Horn, face à un Usap habitué à ce genre de rencontre à la vie à la mort, il n’y a rien de pire pour vous faire perdre les pédales. « On va voir ce que les joueurs ont réellement sous le capot et j’espère qu’ils sont prêts, souhaite Marconnet. Et si on repart avec zéro point et une branlée, j’ai bien peur que la fin de saison soit cauchemardesque. »

« Les joueurs doivent prendre conscience »

Alors pour tenter de faire bouger les choses, Mathieu Blin, ancien talonneur du club venu en cours de saison pour apporter sa science de la mêlée, a demandé aux glorieux anciens d’envoyer un petit message aux joueurs actuels pour leur faire prendre conscience de l’importance du club. « Je leur ai dit qui j’étais, combien de temps j’avais joué au Stade Français, et puis l’amour que je peux avoir pour ce club, qu’il restera mon club de cœur à vie, et qu’avec le cœur, de l’abnégation et du courage, on y arrivera, raconte Rémy Martin. Et j’ai bien dit « on », en me mettant dans le groupe. »

« Le message que j’ai passé est simple : aujourd’hui, le Stade Français se retrouve dans une situation difficile et il faut prendre le sauvetage en Top 14 comme un titre. Après, je pense que l’âme du club s’est un peu perdue. La vidéo, ils vont la voir, mais Marconnet, est-ce qu’ils savent qui c’est ? Les joueurs doivent aussi prendre conscience de la situation et faire tout pour que la catastrophe soit évitée. Je ne sais pas s’ils ont la capacité à aller chercher ce fameux supplément d’âme, j’espère qu’ils vont le faire honnêtement, mais je suis partagé. »

Notre dossier sur le Top 14

« Ça met une petite pression, mais une pression positive, a expliqué Lester Etien, au club depuis 2018, vendredi en conférence de presse. On sait qu’on est regardés, suivis, soutenus, ça fait du bien. Sur les deux dernières semaines, la mentalité a changé, tout le monde se rend compte qu’on n’est pas loin de faire descendre le club. On a l’équipe pour gagner à Perpignan. » Entre le dire et le faire, il y a un monde. Et le Stade Français est très bien placé pour le savoir.