Paul McCartney, 82 ans, toujours dans le vent, a fait défiler la bande-son de nos vies à Paris
Il ne restait pas un mètre carré de libre dans la fosse. Pas plus que dans les gradins, archi-combles, pour les deux concerts que Paul McCartney a donnés à l’UE Paris La Défense Arena les 4 et 5 décembre.
Bien que largement à l’heure, nous avons longuement piétiné jeudi 5 entre la Grande Arche et la plus garde salle de spectacle couverte d’Europe. 45 minutes pour quelques centaines de mètres… Trop piétiné (on en parle des accès à l’Arena ?). Et le concert venait de débuter, alors que des milliers de spectateurs, qui pour certains avaient déboursé plusieurs centaines d’euros pour l’événement, étaient encore à l’extérieur.
Une foule multigénérationnelle
Sur scène, Sir Paul, avait déjà entonné Can’t by me love, l’un des multiples titres du répertoire des Beatles qui allait parsemer la set list des 33 morceaux joués presque sans interruption au cours du show. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse : le monstre sacré, l’icône pop-rock, 82 ans au compteur, était revenu à Paris après 6 ans d’absence, clôturant presque sa tournée mondiale 2023-2024. Entamée il y a plus d’un an à Adélaïde, en Australie, elle se clôturera le 14 décembre à Manchester (Royaume-Uni) après deux dates à Madrid, en Espagne, les 9 et 10 décembre). Quelle forme !
Il y avait dans le public côtoyé à Paris de nombreux étrangers. Des Anglais, Allemands, Espagnol, Portugais… avaient, comme nous l’avons entendu, fait le voyage pour voir sur scène, une dernière fois peut-être, l’idole d’au moins trois générations.
De la fillette de 6 ans, casque de protection sur la tête et juchée sur les épaules de son papa, au papy béret canne bras dessus bras dessous avec sa grande fille, le public était évidemment représentatif de l’extraordinaire carrière et de la longévité incroyable de Paul. Qui peut dire mieux ? Mick Jagger, 81 ans, qui avec les Stones tournait toujours cette année aux Etats-Unis…
Un héritage à porter et transmettre
Durant les 2h30 de show, c’est tout un héritage que McCartney portait sur ses épaules et transmettait. « À Liverpool, il y avait quatre garçons. Ils voulaient faire un disque. Voilà la toute première chanson enregistrée par les Beatles… ». La boucle fut bouclée : du précurseur In Spite of all Danger (1958) à Now and Them (titre dont John Lennon avait ébauché la bande démo sur une cassette, et que l’intelligence artificielle a permis d’exhumer en 2023), 60 ans de carrière ont été traversés.
La période Beatles a évidemment été la plus représentée, avec des hommages appuyés à John sur Blackbird, et George (Harrison) sur Something, les deux acolytes disparus en 1980 et 2001. Jusqu’au toujours aussi impressionnant Hey Jude, pour lequel McCartney demande au public de l’accompagner sur les La, la, la, lalalala du refrain (il n’attendait que ça le public !). Celle des Wings forcément, formation post-scarabées d’or, où Paul et sa défunte femme Linda, morte à 56 ans en 1998, œuvraient ensemble, aussi. Junior’s farm en fut un exemple touchant.
L’inoxydable et James bondien Live and Let Die, tout en pyrotechnie scénique, était attendu par les fidèles, le doigt sur la gâchette de leur smartphone pour rapporter le souvenir le plus visuel de la soirée. Sans oublier My Valentine, que la star dédie des trémolos dans la voix à sa « merveilleuse femme Nancy qui est avec nous ce soir », qu’il a épousé en 2011.
« It’s wonderful to be here, It’s certainly a thrill, You’re such a lovely audience, We’love to take you home with us ». Sgt. Peppers Lonely Hearts Club Band allait-elle conclure la soirée après le rappel ? Non, Paul en avait encore sous le pied : Helter Skelter et Golden Slumbers, avant qu’à plus de 23 heures, le génie à peine fatigué et sa formation (dont une section cuivres époustouflante) ne quittent la scène.
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Un pèlerinage revigorant
Il fallut repartir en trop lente procession jusqu’aux parkings des Quatre Temps (on en parle de l’état -et de l’odeur nauséabonde- des escaliers extérieurs du centre commercial ?) pour retrouver 40 minutes plus tard notre berline. Reste que le pèlerinage fut on ne peut plus revigorant ! La chanson Getting Better (Aller mieux), véritable pastille psychédélique, avait du faire son effet…
Bien sûr, nous avions eu envie de baffer ce jeune influenceur rencontré sur place, arguant que McCartney jouait et chantait en playback. Guitare, basse, piano, mandoline étaient pourtant parfaitement accordés. Et la voix de Paul (82 printemps, rappelons-le), sans doute légèrement chevrotante sur quelques titres comme Michelle, n’avait rien perdu de sa puissance dès qu’il s’agissait de décoller pour Jet. Bon, OK. On est fans. De la première heure. McCartney, c’est aussi un peu la bande-son de nos vies…