France

Pas-de-Calais : Viols, séquestration et actes de barbarie… Un effroyable trio devant les assises

Elle a été secourue par une automobiliste alors qu’elle errait nue, claudiquant dans les rues de Calais, par une froide journée de novembre 2018. Son crâne est rasé, son corps couvert d’hématomes et de brûlures. La pharmacienne qui lui prodiguera les premiers secours, en attendant l’arrivée des pompiers et de la police, confiera avoir eu le sentiment d’être dans un « film d’horreur ». Même le procureur de la République de l’époque, Pascal Marconville, ne cache pas à La Voix du Nord son effroi au sujet de cette affaire. « En matière de sévices, je vois beaucoup de choses, mais dans cette affaire, l’ampleur et la durée des actes interpellent. »

La victime est une jeune Dunkerquoise tout juste âgée de 18 ans, séquestrée pendant plus de deux mois dans une petite maison en briques rouges par deux frères, Jessy et Dylan Vandromme, lequel était une vague connaissance du collège, et la femme de ce dernier, Cécile. Elle est parvenue à prendre la fuite en passant par la fenêtre. Les trois mis en cause comparaissent à partir de ce jeudi, et pour sept jours, devant la cour d’assises de Saint-Omer pour séquestration, viols, actes de torture ou de barbarie ainsi que pour tentative d’extorsion à l’encontre du père de la victime. Ils avaient en effet tenté de le faire chanter en échange de sa fille. Des faits pour lesquels ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Un état de « soumission extrême »

Au cours de leur garde à vue, aucun n’a cherché à nier les faits reprochés. Et si leurs versions ont parfois varié au fil de l’instruction, ils ont reconnu les viols, parfois filmés, les insultes, les humiliations et les coups. Comme ce jour où ils lui ont brûlé une partie du cuir chevelu en enflammant une bombe aérosol, ou cet autre où ils l’ont frappée à tour de rôle avec une poêle brûlante. Pendant deux mois, ils ont contraint leur victime à se laver avec de la javel, à manger à même le sol de la nourriture parfois mélangée à du liquide vaisselle, à vivre nue. Lorsqu’ils s’absentaient, la jeune femme devait rester dans un bain froid. Pour s’assurer qu’elle n’en sorte pas, de la farine était disposée au sol tout autour. Et si elle a parfois été autorisée à quitter le domicile pour ramasser des mégots dans la rue pour le compte d’un des frères, l’état de « soumission extrême » auquel ses bourreaux l’ont réduite l’empêchait de fuir, précise le magistrat instructeur.

Dylan Vandromme, alors âgé de 19 ans, confiera lors de la garde à vue agir ainsi car « ça les faisait marrer tous les trois ». Sa femme, Cécile, de 18 ans son aînée, par ailleurs mère de quatre enfants dont elle n’avait déjà plus la garde au moment de l’affaire, a expliqué s’en être pris à la jeune femme par « jalousie », reconnaissant même que ça lui faisait « du bien de prendre [la victime] pour un objet et de lui faire mal ». C’est pourtant elle et Dylan qui lui ont proposé de s’installer chez eux alors qu’elle venait de rompre avec son petit ami. Selon le récit du couple, ils envisageaient à l’origine de la « marier » avec le frère aîné de Dylan, Jessy, alors âgé de 22 ans. La situation aurait dégénéré à peine deux ou trois jours après son arrivée.

« Maître de la bande »

C’est peut-être ce qui marque le plus dans ce dossier: la rapidité avec laquelle cette affaire a plongé dans les tréfonds du sordide sans qu’aucun des mis en cause ne semble en mesurer la portée. Jessie Vandromme, par exemple, réfutera en garde à vue toute « violence » dans les viols, expliquant avoir juste « forcé la chose ». « Il lui a fallu du temps pour sortir de cet effet de groupe et comprendre la gravité des faits qui lui sont reprochés, mais il a fini par prendre conscience du calvaire qu’ils ont fait vivre à leur victime », assure son avocate, Me Sanaa Znaïdi. Cécile et Dylan Vandromme proposeront, quant à eux, de dédommager la victime à hauteur de 6.000 euros – et même de l’héberger ! – en échange de leur libération conditionnelle. Mais dans un courrier au juge d’instruction, la quadragénaire ramènera finalement cette somme à 1.000 euros. 

Au-delà des faits en eux-mêmes, l’instruction s’est attachée à tenter de comprendre les ressorts de ce trio infernal, dont chaque membre affiche un casier vierge. Jessy Vandromme n’a eu de cesse de présenter sa belle-sœur comme « le maître de la bande », affirmant qu’elle avait initié les violences. L’expertise psychologique de Cécile Vandromme a souligné son côté « dominatrice », « instable » et son « peu d’émotion » à l’évocation de la victime. Si elle reconnaît avoir été jalouse du « physique » de leur captive, elle affirme, au contraire, avoir agi sous l’emprise de Jessy Vandromme. « Mon client reconnaît les faits qui lui sont reprochés mais réfute tout rôle de leader, les responsabilités sont les mêmes pour les trois », insiste Me Sanaa Znaïdi, l’avocate de Jessy. 

Si l’avocat de Dylan Vandromme, Me Jean-Pierre Mougel, met également en avant cet « effet de groupe » pour expliquer cet effroyable huis-clos, il estime que son client n’avait pas les moyens de s’opposer. « Il était pris entre un frère aîné impulsif et une femme jalouse de la victime, il a suivi le mouvement. » L’avocat de Cécile Vandromme n’a pas répondu à nos sollicitations.