France

Pas-de-Calais : Qui est Estelle Szabo, « première » maire à officialiser sa transition en cours de mandat ?

Elue en tant qu’homme et engagée dans un parcours de transition de genre, la maire sans étiquette d’Estevelles, dans le Pas-de-Calais, a obtenu le « soutien » de son conseil municipal pour terminer son mandat en tant que femme, a-t-elle annoncé, mercredi. A 63 ans, Estelle Szabo devient, selon elle, la « première » maire transgenre à officialiser cette transition en cours de mandat.

Réuni mercredi, le conseil municipal « m’a renouvelé sa confiance », se réjouit l’élue, même si ce vote du conseil n’était pas requis par la loi. Sur 18 votants, « 14 ont voté pour et quatre se sont abstenus ». « C’est une continuité dans mon parcours de vie, dans mon parcours politique. Jeudi dans la matinée, je présenterai les choses aux salariés de la commune et je communiquerai auprès de la population, et à partir de vendredi, j’aurai mon apparence telle que je le souhaite et j’exercerai comme la maire d’Estevelles », a-t-elle réagi à l’issue du vote.

« Je suis une personne de combat »

« Pendant une période, c’est la démission qui s’imposait à moi », notamment pour « accélérer les choses », ou « protéger » ma vie privée, a-t-elle expliqué. Elle évoque, dans Libération, l’une de ses quatre filles, âgée de 20 ans, retrouvée en pleurs à la lecture d’un tract reçu dans la boîte aux lettres familiale. Mais ce sont ses collègues en politique qui ont finalement dissuadé la maire de démissionner : « Qu’as-tu fait de mal ? Tu n’as pas été condamnée », lui ont-ils dit dans des propos que l’élue rapporte à nos confrères. « Je suis une personne de combat », et « fière de l’investissement que j’ai pu avoir dans cette petite commune, je ne voulais pas l’abandonner. J’ai pris conscience que la meilleure des solutions, c’était de communiquer », a-t-elle ajouté.

La procédure de changement d’état civil qu’elle a entamée il y a quelques semaines est toujours en cours. Après des contacts avec la préfecture, l’Etat lui a indiqué « qu’il n’y avait pas de problème », qu’il était « légalement possible » de continuer d’exercer en tant que femme, a-t-elle assuré. Un côté légal qu’elle a voulu conforter en sollicitant la confiance de ses pairs, pour asseoir sa « légitimité ». « Depuis plus de 22 ans, je suis au service de ma commune […]. Par transparence, j’éprouve aujourd’hui la nécessité d’exprimer une différence que je porte sur le plan personnel », écrit-elle dans un communiqué signé Estelle Szabo, née Alain.

« Cette différence partagée par des centaines de milliers de personnes en France, […] est celle de la transidentité et de la souffrance psychologique de ne pas être dans le  »bon » genre », poursuit-elle. « Il m’aura fallu de très nombreuses années pour comprendre et accepter qui j’étais réellement », grâce notamment à un suivi psychothérapeutique, et avec le soutien de « mes proches et mon épouse ». Sa démarche est aussi un message : « on peut être une personne avec une différence, pas forcément toujours acceptée aujourd’hui, et exercer une fonction politique », a déclaré Estelle Szabo.