France

Paris : Une escort filme un acte sexuel dans la mairie, accusée de « proxénétisme »

Une escort et actrice porno, par ailleurs militante du Syndicat du TRAvail Sexuel (Strass), s’est filmée au sein de la Mairie de Paris en plein acte sexuel, avec, selon elle, un client. Une action tarifée qui ferait de la Mairie de Paris un « proxénète », dit cette militante. Il s’agit plutôt d’une action politique qui ne risque pas de mettre la mairie en difficulté, selon les éléments recueillis par 20 Minutes, mais apporte de la lumière sur le conflit qui oppose les travailleuses du sexe et l’institution.

Icy Diamond était invitée pour la Nuit des fiertés, samedi 11 mars. Un « gala de charité et un évènement phare de la communauté LGBT+ » organisé par l’association Mag Jeunes LGBT+, dans les salons de l’hôtel de Ville. A cette occasion, elle s’est photographiée en tenue suggestive allongée sur les marches du grand escalier de la mairie et a pris une vidéo d’un acte sexuel, dont elle a posté des extraits sur son compte Twitter, suspendu depuis. « Comme j’ai tapiné dans les locaux, c’est considéré comme du proxénétisme », avance la travailleuse du sexe. La militante n’apporte aucune preuve que l’acte a bien été filmé dans les locaux, si ce n’est les photos fournies qui accréditent sa présence ce jour-là.

Pas d’intention, donc pas de proxénétisme

Selon deux avocats pénalistes joints par 20 Minutes, cette action ne peut quoi qu’il en soit en rien être considérée comme du proxénétisme de la Mairie de Paris. « Le fondement d’une infraction pénale c’est l’intention, je ne crois pas que la Mairie de Paris voulait aider ou assister cette prostitution. Il ne peut pas y avoir de caractérisation de l’infraction de proxénétisme », explique David Curiel, avocat pénaliste, expert des cas de proxénétisme. « En aucun cas la mairie ne peut se rendre coupable de proxénétisme », complète l’avocat pénaliste Philippe Henry Honnegger.

C’est d’ailleurs ce qu’a répondu l’adjoint en charge de la lutte contre les discriminations Jean-Luc Romero, sur le même réseau social : « Ben voyons. La maire serait donc responsable qu’à une soirée – organisée par une association et non la mairie – une personne qu’on ne connaît pas sur 1.000 présentes ait fait des choses dans les toilettes pour faire du buzz ? Faut désormais mettre des caméras dans les toilettes ? » Contactée par 20 Minutes, la mairie précise qu’elle « n’est pas à l’origine de la liste d’invités » et « déplore l’instrumentalisation de ce bel événement organisé par le MAG jeunes LGBT ».

« Arrêtez les arrêtés »

Il n’en reste pas moins que l’action du Strass a une portée politique. « J’ai fait ça dans le but d’alerter sur l’hypocrisie et le proxénétisme de la municipalité. Anne Hidalgo avec ses arrêtés anti prostitution et anti camionnettes, elle récupère cet argent, explique Icy Diamond. Il y a une répression constante envers les travailleuses du sexe, on nous hait, on ne nous écoute pas, on ne nous donne pas le minimum de droits humains. » « Arrêtez les arrêtés. Assez du proxénétisme municipal. Rendez l’argent des putes », commente aussi le Strass sur Twitter.

Les arrêtés en question interdisent notamment dans les bois de Boulogne et de Vincennes « la circulation, l’arrêt et le stationnement des véhicules conçus et construits pour le transport de marchandises et ayant au moins quatre roues », qui hébergent les prostituées et prostitués. « Tous les deux ans une travailleuse du sexe est assassinée dans l’indifférence la plus totale et la mairie encourage le harcèlement », estime Icy Diamond, qui rappelle le meurtre en novembre 2022 de Saba, rouée de coups par un client.