Paris : Un CRS relaxé après la main arrachée d’un « gilet jaune » en 2018
Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé un CRS poursuivi pour blessures involontaires sur un manifestant « gilet jaune » qui a eu la main arrachée dans l’explosion d’une grenade en 2018. Gabriel Pontonnier, le manifestant concerné, avait subi 25 interventions chirurgicales et déclaré au procès que « tous mes projets sont tombés à l’eau » et qu’il était en dépression.
Le tribunal correctionnel de Paris a décidé vendredi de relaxer un CRS poursuivi pour des blessures involontaires infligées à un manifestant « gilet jaune » dont la main a été arrachée à la suite de l’explosion d’une grenade en 2018.
Le 24 novembre 2018, lors de l’« acte 2 » des gilets jaunes qui a dégénéré, le major Jackie D. a lancé une grenade GLIF4, qui contenait une charge de 25 grammes d’explosif générant un effet assourdissant, une onde de choc et la dispersion de gaz lacrymogène, sur un rond-point en bas des Champs-Élysées.
Un manifestant, Gabriel Pontonnier, qui était présent avec plusieurs membres de sa famille, a eu la main arrachée après avoir ramassé la grenade. Face à « la situation très dégradée » de la manifestation, « le tribunal a jugé que l’action du major D. était une réponse nécessaire et proportionnée », compatible avec l’exercice de ses fonctions de maintien de l’ordre, malgré « l’issue dramatique » de son intervention.
Le parquet, qui avait demandé un non-lieu lors de l’information judiciaire, avait également requis une relaxe à l’audience du 11 septembre. « J’ai jeté la grenade pour faire reculer les assaillants et arrêter le déluge de projectiles que mes collègues et moi recevions », a affirmé le major D. à l’audience, précisant qu’il n’avait pas lancé l’engin « au milieu des manifestants » mais entre les CRS et les manifestants.
Gabriel Pontonnier s’était rendu à Paris avec ses proches pour manifester pacifiquement en faveur du service public. Il ne se souvient plus des événements et ignore s’il a effectivement tenté de ramasser la grenade.
À l’époque, il avait 21 ans, avait terminé sa formation de chaudronnier chez les compagnons du devoir et souhaitait créer son entreprise. « Tous mes projets sont tombés à l’eau », a-t-il déclaré lors du procès, ajoutant avoir subi 25 opérations chirurgicales et être en dépression.
« C’est une décision juridiquement aberrante qui revient à instaurer une forme de permis de mutiler : même sans visibilité ni formation suffisante, les policiers peuvent lancer des grenades sur des manifestants pacifiques », ont réagi les avocats des parties civiles Emma Eliakim, William Bourdon et Ainoha Pascual.

