France

Paris : Le marché La Chapelle est le premier de France à passer à la consigne et « tout le monde est gagnant »

Le plastique, c’est archaïque. Non, il ne s’agit pas d’un retournement de veste d’Elmer Food Beat, mais bien d’un leitmotiv de la Ville de Paris depuis plusieurs années déjà. Commerces de bouche, restauration collective, festivals, courses à pied… C’est une véritable chasse aux plastiques jetables qui est organisée dans la capitale.

Et depuis le 29 novembre dernier, c’est un nouveau terrain qui a été investi par le biais d’une expérimentation inédite en France : Le marché couvert La Chapelle dans le 18e arrondissement. Le principe est simple, les commerçants proposent aux clients de les servir dans des contenants réutilisables et surtout, consignés.

Un système simple… et Français !

« Quand un client passe sa commande, on lui propose de le servir dans un contenant consigné, explique Mehdi, traiteur marocain. Selon la taille, c’est 3 ou 5 euros de plus, mais le client les récupère ensuite. » Comment ? Soit auprès de Mehdi qui peut récupérer le contenant et rembourser la somme via un terminal de paiement. Soit auprès de n’importe quel autre commerçant du marché participant à l’opération. Soit en se rendant à la machine dédiée à l’entrée de la halle.

Fournie par l’entreprise Bibak qui a l’a déjà déployé dans 200 restaurants d’entreprise en France, ce drôle d’engin, à la croisée du distributeur et du lave-vaisselle, scanne le QR code intégré au contenant et l’avale tout en remboursant le client directement sur sa carte bancaire. Un premier test réalisé par nos soins montre que toute l’opération ne demande qu’une dizaine de secondes. Pratique !

« La simplicité et la vitesse font que l’usager trouve cela très facile et s’habitue très rapidement au système », explique Lucas Graffan, cofondateur de la société qui assure, en plus, que sa machine est de fabrication 100 % française.

La logistique assurée par une entreprise sociale et solidaire parisienne

Une fois avalés, les contenants entrent dans un cycle 100 % parisien car ils sont pris en charge par les équipes de Villette Emploi, à l’origine de l’expérimentation.

Il suffit de placer son contenant dans la machine et de tendre sa carte bancaire pour se voir recrédité de la consigne.
Il suffit de placer son contenant dans la machine et de tendre sa carte bancaire pour se voir recrédité de la consigne.  - R.Le Dourneuf / 20 Minutes

Cette structure d’économie sociale et solidaire (ESS) récupère alors les contenants à raison de deux à trois enlèvements hebdomadaires, selon les besoins, et les envoie à coups de vélo-cargo à moins de vingt minutes de là, dans sa station de lavage de La Villette. Dans le même temps, elle en profite pour « recharger » les commerçants en contenants. Et la boucle est bouclée…

Les commerçants participants vantent une solution simple fournie par EGS, la PME qui gère plusieurs marchés à Paris et qui propose la solution « clé en main » et gratuite aux commerçants, à l’exception de la location du petit TPE pour encaisser et rembourser les clients.

« Tout le monde est gagnant », selon la charcutière du marché

Ces mêmes contenants ne coûtent rien aux commerçants comme s’en réjouit Fabienne qui s’occupe de la charcuterie du marché. « Tous les frais sont pris en charge par EGS et les clients adhèrent facilement. Ça marche et tout le monde est gagnant », ajoute la commerçante qui espère pouvoir remplacer l’intégralité des plastiques qu’elle achète à l’année… et convaincre ses collègues qui n’ont pas encore signé.

« Pour le moment, nous sommes huit sur le marché, mais je n’ai pas de doute que les autres vont nous rejoindre. C’est toujours comme ça, quelques-uns essaient, les autres voient si ça marche. Et ils prennent le pli », rassure Fabienne.

Et cela pourrait ne pas s’arrêter là. Olivier Villeger, directeur de Villette Emploi, imagine déjà voir le concept se développer dans toute la capitale, et ne pas se limiter qu’aux marchés. Habitué des grands événements (il fournit entre autres le Zénith de Paris), il ne suffit, selon lui que d’une bonne mutualisation des commerçants : « Nous en avons les moyens. Cela demande du temps à mettre en place, mais nous savons et pouvons le faire », citant d’autres projets similaires en préparation à Paris. « Ici par exemple, il faut encourager les autres commerçants, mais aussi les restaurateurs des alentours à proposer ce service. Pace qu’en plus, c’est écologique et c’est de l’emploi non-délocalisable. »