France

Paris : la Place de la Concorde va changer de visage, le projet gagnant dévoilé

C’est l’un des derniers grands chantiers de l’ère Hidalgo. En 2024, la maire de Paris avait réuni et lancé une grande commission pour dessiner les contours de ce que devait être le futur de la place de la Concorde (8e arrondissement). Une commission qui avait défini une liste de douze recommandations à soumettre à un appel à projet.

La plus grande place de Paris (près de 8 hectares), devenue un immense rond-point depuis des années, devait redevenir un lieu de balade et de visite pour les Parisiens comme les touristes, une place inscrite dans l’histoire de France et de Paris tout en répondant aux défis climatiques du futur. Ce jeudi matin, après délibération de la commission devenue jury, Anne Hidalgo a annoncé le nom de celles et ceux qui héritent de cette mission : l’architecte Philippe Prost, Grand Prix national de l’architecture en 2022 pour l’ensemble de son œuvre, et les paysagistes Bruel-Delmar.

Passé et futur, patrimoine et environnement

Au défi que l’édile avait lancé, à savoir respecter le patrimoine et l’environnement, les gagnants ont répondu par deux mots-clé : ambition et humilité. Les premières images du projet le prouvent : la transformation, bien que réelle ne défigure pas la place qui reste très reconnaissable avec une symétrie retrouvée d’Ouest en Est avec les Champs-Élysées et le jardin des Tuileries et entre le Nord et le Sud avec l’hôtel de la Marine et la Seine.

La Spina, cet espace en forme de gélule où trône l’obélisque et les deux fontaines reste à sa place, seulement agrandie pour faire plus de place aux piétons. Un des mots d’ordre d’Anne Hidalgo qui voulait redonner vie à cette espace délaissé du fait de la circulation automobile. Ainsi, de 8 % avant le réaménagement pour les Jeux olympiques, le nouveau projet devrait offrir près de 66 % de son espace aux piétons pour offrir « une continuité de flux » et un véritable « trait d’union » entre les jardins des Champs-Élysées et celui des Tuileries.

Rendue aux piétons, la place de la Concorde doit devenir un véritable îlot de fraîcheur.
Rendue aux piétons, la place de la Concorde doit devenir un véritable îlot de fraîcheur.  - Philippe Prost (AAPP)

Un véritable îlot de fraîcheur même puisque la place va subir un vrai « verdissement » grâce aux pelouses qui, avec les anciens fossés restitués, occuperont 2,8 hectares de sa surface. Un sol qui doit être pour moitié perméabilisé afin de permettre aux eaux de pluie de s’écouler vers les nappes phréatiques ou vers la Seine.

Ne pas dénaturer l’histoire et les lignes de la place

Les fossés, légèrement creusés, « pourront même stocker jusqu’à cinq jours de pluie, soit l’équivalent d’une crue centennale » explique Anne-Sylvie Bruel, la paysagiste lauréate. Avec ces aménagements, la place pourrait diminuer la chaleur au sol de près de 8,5 degrés lors des périodes de canicule.

Cette végétalisation s’accompagnera d’une plantation d’environ 130 arbres, sur ses côtés « pour ne pas dénaturer la vision large, profonde et historique de la place », explique Philippe Prost. Une vision historique à laquelle tient Anne Hidalgo qui veut penser la Concorde « de 2050 et de 2100 » tout en respectant son histoire, « d’Ange-Jacques Gabriel, son architecte, aux Jeux olympiques de Paris 2024 », dont ce projet se veut un héritage.

Héritage justement, la réduction de la circulation automobile en sera également. Réaménagée pour les JO, la place va conserver un flux particulier avec le passage sur un côté seulement de l’obélisque pour réserver l’autre à des voies dédiées aux bus afin de soulager le lieu et d’apaiser le vécu des piétons. Les cyclistes devraient trouver, eux, un espace de circulation des deux côtés de l’anneau central.

Livraison prévue d’ici « deux ou trois ans »

Une configuration déjà mise en place depuis la Coupe du monde de rugby en 2023. « Tout en respectant les demandes de la préfecture de police, pour le passage des secours », précise Philippe Prost.

En ce sens, les trémies existantes entre les Champs-Élysées et les bords de Seine (ces tunnels pour automobiles) vont disparaître pour laisser place à de plus grands trottoirs, qui passeront de 3 à 10 mètres de largeur, le long du fleuve, et ainsi offrir aux promeneurs une « terrasse sur la Seine » avec un escalier qui donnera accès directement aux quais, explique Anne Hidalgo.

Si les travaux restent à être lancés, l’édile estime à « deux ou trois ans » le temps de transformation de la place, soit une réalisation après la fin de son mandat. Le coût de l’ensemble est lui estimé entre 36 et 38 millions d’euros.