Où se trouvent les dernières mines de charbon en Europe ?
S’enfoncer dans les profondeurs de la terre. S’exposer au risque d’explosion de gaz et d’éboulement. Respirer des poussières de silice. C’est le quotidien pénible de plusieurs milliers de mineurs employés par de grands groupes énergétiques pour l’extraction de charbon. Pour rappel, ce combustible fossile utilisé pour la production d’électricité est l’une des principales sources de gaz à effet de serre dans le monde.
Alors que la dernière mine française de charbon a fermé en 2004, plusieurs pays européens continuent de maintenir l’activité de sites géologiques, malgré l’opposition de militants écologiques et la pression de l’Union européenne pour cesser la production et se tourner vers des énergies alternatives.
Avec 131 millions de tonnes produites en 2022, l’Allemagne reste le premier producteur de charbon en Europe, devant la Pologne (110 Mt) et la Bulgarie (35 Mt), selon les données de l’institut européen de statistiques Eurostat. Petit tour d’horizon des principales mines de charbon du Vieux continent.
En Allemagne, la plus grande mine d’Europe bientôt à l’arrêt
Elle est considérée comme la plus grande mine à ciel ouvert d’Europe. Exploitée depuis 1978, la mine de Hambach s’étend sur 4.600 hectares au cœur de la Rhénanie du Nord-Westphalie. Sa superficie est comparable à la ville de Lyon (47 km2). Ses roues excavatrices, les plus grandes du monde (240 m de long), lui permettent d’extraire jusqu’à 240 000 m3 de charbon et de terre par jour, soit le volume d’un stade de football rempli sur 30 m de haut. En 2023, elle produisait 23 millions de tonnes de lignite par an, ce qui couvrait 5 % de la demande totale d’électricité en Allemagne. Selon son propriétaire RWE, l’exploitation de cette mine XXL cessera en 2029.
En République tchèque, la fin du charbon programmée pour 2033
Située dans le bassin houiller de Haute-Silésie, la mine CSM est le dernier site géologique encore en activité de la République tchèque. Ici, les ouvriers forent et exploitent le lignite du sous-sol depuis 250 ans. Ce combustible fossile sert principalement à produire de l’électricité. Selon le site apnews, le gouvernement tchèque a renoncé à son projet de mettre fin à l’activité de l’exploitation minière dans la région, en raison de la guerre en Ukraine et des mesures prises par l’Union Européenne pour interdire l’importation du charbon russe.

Les centrales électriques fonctionnant au charbon produisent environ 40 % de l’électricité du pays, soit environ trois fois plus que la moyenne de l’UE. Le gouvernement tchèque s’est fixé comme objectif de cesser progressivement l’utilisation du charbon dans la production d’électricité d’ici à 2033 et de se tourner vers l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables.
La Pologne attachée à son or noir
Largement dépendante des énergies fossiles, la Pologne continue d’exploiter plusieurs mines de charbon à ciel ouvert et souterraines. La plus grande (Belchatow) appartient au groupe énergétique polonais Polska Grupa Energetyczna (PGE). Elle est implantée près de la centrale électrique de Belchatow, dans la région de Łódź, à 150 km à l’ouest de Varsovie.
En 2023, la part du charbon dans la production d’électricité a atteint un niveau historiquement bas (63 % contre 73 % un an plus tôt). Une chute liée à la diminution de la demande dans le pays et à l’étranger, analysait le site teamfrance-export.fr.
Malgré la pression des ONG et de l’Union européenne, le gouvernement polonais n’est pas près d’arrêter de sitôt l’activité de ses mines, relatait un article des Echos. Frontalière avec l’Allemagne et la République tchèque, la mine de Turow s’était retrouvée au cœur d’une crise diplomatique, accusée de provoquer des pénuries d’eau dans les territoires limitrophes. Son exploitant, le groupe public PGE, avait obtenu en 2020 l’autorisation du gouvernement polonais pour extraire le lignite jusqu’en 2044. Le pays s’est promis de sortir définitivement du charbon en… 2049.
En Roumanie, vers une sortie progressive d’ici 2032
Dans la vallée de Jiu, en Roumanie, l’exploitation du charbon a longtemps contribué à la prospérité du pays. A l’époque du régime communiste, 16 mines tournaient à plein régime, employant 50.000 personnes dans les années 90. En 2020, ils n’étaient plus que 4.000 à descendre chaque jour plusieurs centaines de mètres sous terre. Aujourd’hui, les quatre mines de charbon encore en activité représentent environ 20 % du mix énergétique. Le gouvernement roumain s’est engagé à éliminer progressivement la production de charbon d’ici 2032. Pour y parvenir, le pays a obtenu une aide de la Commission européenne d’un montant de 790 millions d’euros. Cette somme permettra de couvrir les coûts sociaux des salariés qui perdront leur emploi, mais aussi les coûts liés aux travaux de sécurité et de réhabilitation nécessaires, ainsi qu’à la réparation des dommages environnementaux causés par l’exploitation minière.
En Espagne, une activité en déclin
Dans la péninsule ibérique, les mines de charbon ont peu à peu été abandonnées. La région des Asturies, endeuillée il y a quelques jours par la mort de cinq mineurs à la suite d’une explosion de gaz, a été historiquement l’une des plus grandes zones de production de charbon dans le pays. Ces sites industriels ont extrait du charbon pour la fabrication de l’acier et la production d’électricité. L’Espagne s’est engagée à stopper définitivement la production de cette roche noire d’ici 2030.
En Ukraine, une mine à l’arrêt à cause de la guerre
En janvier dernier, la mine de Pokrovsk a été mise à l’arrêt en raison de la proximité des combats avec l’armée russe. C’est la seule mine sous contrôle de Kiev à produire du coke, un charbon nécessaire à la fabrication de l’acier, deuxième produit d’exportation ukrainien. Malgré la guerre, la mine a maintenu une production annuelle de 5,6 millions de tonnes en 2022 et 2023, légèrement en baisse par rapport à 2021 (6,2 millions de tonnes), selon le groupe exploitant ukrainien Metinvest.