France

On est montés à bord d’une voiture de rallye avec Sébastien Loeb… et on n’a même pas vomi

« Ne mange pas trop avant hein ! », « T’as mis une couche au cas où ? »… Bienveillants et un peu moqueurs, mes proches avaient essayé de me prévenir. Ce « baptême de pilotage » avec Sébastien Loeb ne serait pas de tout repos. Surtout vu le lieu choisi : une petite route en amont de la haute vallée de la Bruche (Bas-Rhin), dans le massif vosgien. Un parcours de moins de 3 km au milieu de la forêt, bloqué pour la journée par arrêté municipal.

Je ne suis pas le seul à avoir été invité par Vulcanet, une entreprise spécialisée dans les lingettes de nettoyage et surtout sponsor du nonuple champion du monde des rallyes. Au total, nous sommes dix privilégiés, médias comme clients de l’organisateur. Mais, petit chanceux, je suis le premier à passer ! Même pas le temps de voir les réactions des autres copilotes de la journée…

Arrivée en hélico

« Je n’ai jamais vu personne vomir », tente de me rassurer l’attachée de presse pendant qu’un des responsables de la Sébastien Loeb Racing (SLR) me conseillait « de regarder la route, c’est mieux ». Derrière moi, un invité VIP était plus direct : « Qui passe avant moi ? N’arrosez pas le baquet les gars ! » Ambiance détendue à peine troublée par le bruit de l’hélicoptère du héros du jour, arrivé donc de Suisse par la voie des airs.

La combinaison, la charlotte et le casque enfilés, me voilà prêt. Même pas stressé ! Sébastien Loeb, lui, venait de faire un petit tour de repérage au volant de la mythique 306 maxi, avec laquelle il avait disputé (et presque gagné) le rallye du Mont-Blanc en 2021. Alors, top départ ? Pas encore, le temps de régler « quelques vibrations » dont venait de se plaindre le pilote alsacien et son team s’affairait. Jusqu’à ce qu’on me propose de monter dans le bolide de 306 chevaux et sa consommation minimaliste, 65 litres au 100 !

De 0 à 112 km/h en six secondes

A l’intérieur, pas mal de petits boutons, un écran face à moi pour donner toutes les informations sur le moteur et bien sûr les deux sièges baquets. « Bonjour ! », me salue poliment Sébastien Loeb en venant s’installer. Dialogue poli et assez restreint, j’avoue être un peu impressionné par l’homme. « On chauffe un peu en descendant. Les freins, les pneus et tout », annonce-t-il au casque, avant d’accélérer. C’est parti !

En six secondes, nous sommes passés de 0 à 112 km/h ! Cette première accélération est foudroyante : entre l’énorme bruit du moteur et le paysage qui défile, je suis un peu paumé. C’est donc possible d’aller si vite sur de si petits chemins ? Je cherche un endroit où m’accrocher. Le siège, très bien, je me cramponne et profite du moment.

« Ça va », dit le pilote sans visiblement attendre de réponse. Ça tombe bien, je ne sais pas quoi dire, comme scotché par le spectacle. Par ses freinages et ses relances fluides. Le natif d’Haguenau a roulé toute sa vie et ça se voit. Là où peu se risqueraient à atteindre les 60 km/h, lui atteint les 167 km/h ! Le tout en passant les sept vitesses manuellement, charme du modèle. Facile…

La mythique 306 Maxi de Sébastien Loeb.
La mythique 306 Maxi de Sébastien Loeb. – T. Gagnepain

La descente a à peine duré 1’30, nous voilà sur le parking d’arrivée à Colroy-la-Roche. Prêts à repartir après un demi-tour à 360°, à pleine vitesse évidemment. « Je n’ai pas trop parlé, je ne voulais pas vous déranger », osé-je poliment. Sourire du récent deuxième du Dakar 2023 qui prend de mes nouvelles et donne ses premières sensations. « Je fais un peu attention parce que c’est quand même très rapide… Ce sont les premiers run de la journée, faut se méfier. » Qu’est-ce que ce sera quand il sera chaud !

« L’expérience d’une vie »

La montée passe encore plus vite et je suis toujours aussi brinquebalé avec ma tête qui cogne parfois l’arceau de sécurité. Mais comment font les vrais copilotes pour lire en même temps ? Moi j’ai juste le temps de m’accrocher et de me dire que le ravin n’est jamais loin. Enfin si, car mon conducteur maîtrise parfaitement. Je n’ai même pas le temps d’avoir peur qu’il a déjà passé l’épingle. Et maintenant l’arche de départ. C’est déjà fini… et c’était incroyable !

« C’est l’expérience d’une vie avec des freinages de l’espace et une voiture collée au sol », dira un peu plus tard un autre baptisé du matin. Un parfait résumé. « C’est bien, il n’y a pas eu de hurlements », rigole à la fin Sébastien Loeb, ravi « de partager ces moments ». « J’ai déjà eu tout type de réactions. Quelques-uns ont peur, d’autres savourent… Je crois que tout le monde a pris du plaisir aujourd’hui ! » Personne ne dira le contraire.