France

« On a mis 400.000 euros dedans »… Une mairie se bat pour garder son église et en faire un musée du foot

Un musée, une galerie d’art ou… un bâtiment à l’abandon ? L’avenir de l’église Notre-Dame-de-Franchepré est actuellement en suspens. Depuis l’été dernier, le diocèse de Nancy et Toul a décidé de céder ce monument emblématique de la commune de Jœuf, en Meurthe-et-Moselle. Un lieu désacralisé depuis 2017 et sa dernière cérémonie : l’enterrement d’Aldo Platini, père du Michel.

« Les coûts élevés liés à son entretien pèsent lourd sur les finances de la paroisse, alors que l’édifice n’accueille plus de célébrations religieuses depuis 2017. À l’heure actuelle, l’église Sainte-Croix de Jœuf a une capacité d’accueil suffisante pour rassembler les fidèles catholiques de la ville », s’est justifié le vendeur dans un communiqué.

« Soucieux de la sauvegarde du patrimoine local, le diocèse souhaite trouver un acquéreur qui respectera l’histoire de l’église Notre-Dame-de-Franchepré », poursuit l’instance chrétienne sans vouloir dire où en sont les négociations. « Mais il y a eu plusieurs offres », précise-t-on à 20 Minutes.

« Vouloir gagner de l’argent sur cette église pose une question de moralité »

De qui ? De la commune de Jœuf, c’est sûr. « Dès le début, compte tenu des nombreux investissements passés, j’avais proposé 1 euro symbolique », retrace le maire depuis vingt-huit ans, André Corzani. « On est monté à 100.000 euros mais le diocèse semble en attendre 500.000, la somme qu’aurait proposée un Luxembourgeois qui veut la transformer en galerie d’art. »

L’élu ne cache pas son incompréhension devant ce dossier. Voire son irritation. « Il y a une vingtaine d’années, nous avions investi pour sa rénovation. On a mis 400.000 euros dedans. Certes ce n’était pas que l’argent de la mairie mais il y avait eu 80.000 euros de la part de donateurs et le reste, c’était la puissance publique qui l’avait financé. Je m’étais moi-même chargé de chercher les subventions. En plus, je rappelle que le diocèse a acheté l’édifice en 1975 pour un euro symbolique ! Il y avait même trois autres bâtiments avec ! Je trouve que vouloir gagner de l’argent sur cette église aujourd’hui pose une question de moralité. »

Michel Platini, enfant de Jœuf et de chœur

André Corzani regrette d’autant plus que la situation que Notre-Dame-de-Franchepré n’est pas n’importe quel monument. Elle a été construite au début du XXe siècle par la famille De Wendel, célèbre dans le secteur pour ses possessions dans l’aciérie. L’édifice domine le quartier de Génibois, jadis ouvrier au temps du riche passé industriel de la région. Habitant de la commune, Michel Platini y aura même servi comme enfant de chœur…

« L’église marque l’histoire socio-économique de la ville », insiste l’édile, qui avait présenté un projet au diocèse : la création d’un « musée du foot ouvrier et immigré en France, ce serait unique ». Réponse du vendeur ? « Il se montre tout à fait favorable au projet de la mairie de Jœuf. L’évêque et le vicaire général du diocèse ont, en ce sens, rencontré le maire de la ville afin d’échanger sur ce projet », écrit encore le diocèse de Nancy et Toul.

« Nous avons des échanges épistolaires depuis l’été dernier », réagit André Corzani. « Je ne sais pas du tout quand ça va se décider mais j’espère qu’on sera entendu. N’importe quel acheteur ne sera pas forcément là dans vingt ou trente ans. La mairie, si. »