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OM : Un tifo conçu et réalisé entièrement par les femmes pour la réception de Strasbourg

A moins de 48 heures de dévoiler leur travail de plusieurs mois, la pression est palpable au sein du parc Chanot, à quelques encablures du stade Vélodrome. Elles sont une vingtaine de supportrices de l’Olympique de Marseille, à peaufiner ce qui sera le premier tifo conçu et réalisé par des femmes dans un groupe de supporteurs, selon les South Winners, à l’occasion de la réception de Strasbourg ce dimanche (20h45)

Emeline, 35 ans, est l’une des femmes du groupe à avoir porté ce projet. « L’idée est venue l’année dernière lors des 35 ans des Winners. On était quelques filles plutôt bien investies à rouler des sets de tables et aider les garçons pour cette occasion. On s’est dit  » pourquoi ne pas faire un tifo qui nous représente nous, les filles « . Un de nos responsables nous a entendues, et il a décidé de présenter l’idée à Rachid [Zeroual, le président des South Winners] parce qu’on est plus investies que certains mecs », se remémore-t-elle.

« Ceux qui étaient contre ont reconnu la qualité de notre travail »

Lors de la grande réunion de fin d’année, Rachid Zeroual leur donne trois semaines pour présenter des idées et des maquettes, « un groupe WhatsApp est créé pour chercher des idées et les valider », et le projet est finalement ficelé pour le repas de Noël et approuvé « par 85 % des adhérents lors d’un vote », selon Rachid Zeroual.

La vingtaine de femmes réunies autour de ce projet a pu profiter du parc Chanot, en même temps que le reste du groupe préparait le tifo contre le PSG, pour réaliser de son côté ce tifo qui les représente. « On a été là jour et nuit pendant six jours, à faire le traçage, les contours. C’est très minutieux, on a peint de A à Z, on a aidé la couturière, à rouler les sets de tables puis le remplissage. Et là on prépare les tubes pour le déployer, il y a pas mal de stress et d’appréhension pour qu’il sorte bien vu que ça n’a encore jamais été fait », confie Emeline, fière de voir que « même ceux qui étaient contre l’idée ont reconnu la qualité de notre travail ».

« Ils m’ont accueillie les bras ouverts »

Un énorme investissement, à la hauteur du spectacle proposé, qui paraissait inimaginable pour Emeline il y a quelques mois encore, elle qui était simple adhérente des Winners après avoir été initiée au stade par son papa. « J’avais quelques a priori, je me disais que ce n’était pas la place d’une femme de faire partie d’un noyau de supporteurs. Un peu avant les 35 ans, j’ai rencontré plusieurs personnes très investies dans la vie du groupe, et ils m’ont invité à venir voir comment ça se passe au local, la préparation d’un tifo. Ils m’ont accueillie les bras ouverts, et je me suis dit que je pouvais avoir confiance », relate Emeline.

Les temps ont bien changé et les South Winners compte de plus en plus d’adhérentes, 30 ans après l’exclusion du sexe féminin décidée par Depé, le fondateur du groupe. « Il y a toujours eu des femmes chez les South Winners, mais fut un temps, quand on était jeune, ça foutait la zizanie entre les mecs. Donc Depé avait décidé de les écarter », en sourit aujourd’hui Rachid Zeroual, fier de la féminisation de sa tribune.

Emeline ne voit d’ailleurs pas « tout ce qu’on pouvait entendre sur le côté macho, entre soi », mais perçoit plutôt « une famille dont il est très dur de se détacher », au point de partager sa passion avec sa fille de 9 ans. « En fait, c’est plus une question de juste milieu, de trouver sa place et d’y rester, être là pour les bonnes raisons : supporter ma ville, mon club, l’OM. J’aime ce que je fais, et je transmets ces valeurs à ma fille, les bonnes raisons de pourquoi on est là. Et ce n’est pas pour faire la cagole », prévient-elle.