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OL-Montpellier : Prodigieux « leader » à Lyon, Alexandre Lacazette a encore « franchi un palier » à bientôt 32 ans

Au Parc OL,

Les gardiens lyonnais Kayne Bonnevie et Anthony Lopes l’ont tour à tour porté en triomphe, puis son poto Corentin Tolisso (suspendu) a fait mine de lui ajuster une couronne sur la tête. Surnommé à tout va « le Général » depuis son retour dans son club formateur l’été dernier, Alexandre Lacazette a permis à l’Olympique Lyonnais de vivre ce dimanche sa plus grande émotion de la saison, au bout d’une prestation royale. Son année complète l’était déjà quasiment, surtout quand on sait que le trentenaire sortait de cinq saisons mitigées avec Arsenal (71 buts en 206 matchs, dont seulement quatre en Premier League en 2021-2022). Mais là, les supporteurs lyonnais ont totalement retrouvé celui qui a écrit les plus belles pages du club sur les dix dernières années.

Le triplé lors du dernier derby (3-0) en 2015 à Gerland, c’était lui, le premier but de l’histoire du Parc OL en 2016 (victoire 4-1 face à Troyes) également, tout comme ce prodigieux coup de canon contre l’AS Roma (4-2) en 2017 et ce trophée de meilleur buteur et de meilleur joueur de la Ligue 1 en 2015. Dimanche, alors que son équipe sombrait à chaque coup de griffe du prodige montpelliérain Elye Wahi, auteur d’un quadruplé en quinze minutes (1-4, 55e) et que le virage nord enchaînait banderoles offensives et sifflets, Alexandre Lacazette a embarqué tous ses coéquipiers sur son dos.

« Ce quadruplé, je vais m’en souvenir toute ma vie »

Déjà auteur d’une demi-volée victorieuse après un enchaînement clinique en première période (1-0, 31e), le natif de Lyon s’est mis en transe comme lors de la folle remontée (inachevée) en demi-finale de Ligue Europa contre l’Ajax Amsterdam (3-1) six ans plus tôt. « On n’était pas dans le match, on manquait de rythme, de précision technique, de mouvement donc forcément, il y a beaucoup de joueurs qui pensaient que c’était fini à 1-4, reconnaît l’intéressé. Mais moi j’y ai cru et je voulais que le public nous suive. Je savais qu’on pouvait emballer le match en marquant rapidement. Et là, il s’est passé quelque chose… ». Cinq minutes après ce qui semblait être le coup de grâce d’Elye Wahi, le capitaine lyonnais a donc surgi pour pousser au fond un caviar de Bradley Barcola (2-4, 60e), et inscrire ce qui restera le but de l’espoir à même de tout changer.

La suite, c’est un coup de tête inattendu de Dejan Lovren (2-4, 70e), puis une nouvelle connexion parfaite entre Bradley Barcola (20 ans) et son mentor (3-4, 82e). Avant cet appel du VAR pour revenir sur un accrochage entre Christopher Jullien et le héros du soir. Celui-ci avait ainsi une occasion en or de faire basculer (un peu) le destin de cette morose saison lyonnaise, en replaçant son équipe à trois points de la dernière place européenne (le Losc, 5e), à quatre journées de la fin. Vu la confiance que dégageait le bonhomme, il n’y avait pas grand monde pour envisager un échec au stade. « Ah oui, c’était sûr, les yeux fermés, je savais qu’il allait la mettre », se marre Bradley Barcola. Une mine inarrêtable plus tard, c’était donc la folie sur la pelouse du Parc OL, sous les yeux d’un John Textor assistant enfin à un succès lyonnais en Ligue 1.

Je suis revenu pour vivre ce genre d’émotions, confie Alexandre Lacazette. Je suis content d’avoir la confiance du club, des joueurs et des supporteurs. Il y a aussi des moments difficiles, donc celui-là, il faut le savourer. Ce quadruplé, je vais m’en souvenir toute ma vie. »

L'histoire qu'est encore en train d'écrire Alexandre Lacazette avec son club formateur, c'est quand même quelque chose.
L’histoire qu’est encore en train d’écrire Alexandre Lacazette avec son club formateur, c’est quand même quelque chose. – OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Plus de buts cette saison que Giroud en trois ans

Ce n’est pas un hasard si ce quadruplé tombe en ce moment, dans une période si faste pour lui (14 buts lors des 13 derniers matchs de Ligue 1). « Physiquement, il a franchi un palier, estime Laurent Blanc. Il est très solide et il va très très vite en ce moment, et ça l’aide beaucoup dans la surface pour créer des espaces et faire des appels. Qu’il reste comme ça parce qu’il va encore marquer des buts. » La régularité de l’actuel co-meilleur buteur de la saison (24 buts, comme Kylian Mbappé) est étourdissante dans le championnat, puisqu’il a claqué la barre des 20 pions sur chacune de ses quatre dernières années en Ligue 1. De quoi mériter d’obtenir une question sur sa 127e absence consécutive en équipe de France lors du prochain point presse de Didier Deschamps, non ?

Après tout, Alexandre Lacazette a désormais davantage marqué depuis cet été que l’un de ses « concurrents » sous le maillot bleu, Olivier Giroud, lors de ses trois dernières saisons cumulées en championnat (avec Chelsea et l’AC Milan). L’ancien Gunner ne s’en cache pas, il compte bien « embêter » jusqu’au bout Kylian Mbappé dans la course à cette distinction individuelle : « Ça fait plaisir, mais ce qui m’intéresse le plus, c’est d’aider l’équipe comme je l’ai fait aujourd’hui ».

« Alex n’a jamais arrêté de nous encourager »

Non, ce n’est pas un discours faussement altruiste convenu comme on en a tant vu dans le football professionnel. Son jeune partenaire Bradley Barcola appuie : « Alex n’a jamais arrêté de nous encourager et de nous pousser sur chaque action. C’est vraiment notre leader. On a beaucoup de chance de l’avoir, car match après match, tout ce qu’il fait est incroyable ». Il fallait bien trouver une voix discordante dans ce concert de louanges en après-match.

« Ce penalty est un très gros scandale, ça faisait dix secondes qu’il me tirait, qu’il m’attrapait et le VAR ne regarde que la fin de l’action ». Alors, y avait-il vraiment penalty ? « Pour moi oui, il y a penalty », insiste le numéro 10 lyonnais, qu’on a alors mis au courant des propos de Christopher Jullien. « Ah, c’est à cause du VAR alors ? Je n’ai pas revu les images donc je ne m’en rappelle pas », a-t-il conclu avec un éclatant sourire. Celui d’un gamin venant de vivre le premier quadruplé de sa carrière professionnelle, à quasiment 32 ans.