OL – Manchester United : « On l’a pris en plein visage »… Comment la « hype » Rayan Cherki a enfin envahi l’Angleterre

«Un joueur incroyable qui irait comme un gant aux Red Devils », « il a la créativité de Bruno Fernandes et les buts de Jude Bellingham »… Ces louanges concernant Rayan Cherki pleuvent sur des comptes britanniques depuis trois semaines. La raison à cette hype soudaine outre-Manche sur les réseaux sociaux, alors qu’a lieu ce jeudi le quart de finale aller de Ligue Europa OL-Manchester United ?

Non pas la bluffante régularité du virtuose lyonnais cette saison dans les zones clés, qui fait de lui à la fois le meilleur passeur de Ligue 1 (avec 9 offrandes) et de Ligue Europa (8 caviars en 10 matchs)… mais un match amical Espoirs France-Angleterre le 21 mars dernier ! Et si c’était donc cette rencontre U21 a priori quelconque qui faisait décoller pour de bon la cote de Rayan Cherki en Premier League ?

« Comment ne pas être impressionné par son talent ? »

« C’était une rare opportunité pour le public anglais de réellement voir ses skills sur tout un match, explique Ed Aarons, journaliste du Guardian et envoyé spécial à Lorient pour l’occasion. Et comment ne pas être impressionné par son talent si spécial ? On a bien vu qu’il savait être très efficace, et pas seulement à la recherche de beaux gestes. » Ce match avait beau ne pas être retransmis à la télévision en Angleterre, et se disputer au même moment que la grande première de Thomas Tuchel à la tête de la sélection A à Wembley, il y a été suivi par 193.000 personnes sur YouTube (740.000 vues pour le résumé de la fédé anglaise).

Or dans un pays où la « Farmers League » reste snobée (voire méprisée), à l’image de ce Bradley « Brocoli » cité par un supporteur des Reds sur Canal + avant PSG-Liverpool, Rayan Cherki est habituellement à peine plus suivi que vos envolées sur les terrains de Départemental 4.

« Il a régalé tout le monde au stade »

Journaliste pour The Times et lui aussi du déplacement dans le Morbihan, le Londonien Hamzah Khalique-Loonat confirme : « Tout le monde sait qu’il y a de grandes attentes depuis longtemps autour de Rayan Cherki mais c’est la première fois qu’on le voit pour de vrai, en live sur un match complet. Si on peut parfois avoir des doutes sur la qualité des matchs Espoirs, cette opposition U21 était d’un haut niveau, avec en face des joueurs comme Harvey Elliott, James McAtee et Adam Wharton. Et Cherki était au-dessus d’eux. On sentait bien que tous ses coéquipiers le voyaient comme le guide de l’équipe ».

A défaut de faire le grand saut dans le groupe de Didier Deschamps, Rayan Cherki a donc montré pourquoi il était le joueur U21 créant le plus d’actions dangereuses cette saison parmi les cinq grands championnats, devant des talents reconnus comme Florian Wirtz, Lamine Yamal et Désiré Doué.

Pourtant habitué à suivre les Gunners pour The Times, Hamzah Khalique-Loonat estime avoir vu le 21 mars son « match le plus enthousiasmant de la saison ». Et le numéro 18 des Bleuets, qui a provoqué des « oooooh » d’admiration du Moustoir sur quelques coups de génie, comme ces jongles après un contrôle aérien à la Neymar, n’était évidemment pas étranger à sa soirée de kif.

« On l’a pris en plein visage avec une telle performance. Je me suis surpris à me lever à la mi-temps en ayant le sourire. Rayan Cherki a régalé tout le monde au stade, et il y avait notamment beaucoup d’enfants ravis. Dans ce football actuel, il est beaucoup plus créatif que la plupart des joueurs offensifs de haut niveau. »

Sa compil atteint les 9 millions de vues sur X

Une créativité qui fait depuis de nombreuses saisons le bonheur de Mathias (25 ans), alias « Matolisso » sur le réseau social X. Ce supporteur de l’OL réalise très souvent des compilations vidéo du milieu offensif lyonnais, qu’il poste vite sur X. Ses 2’20 » de Rayan « Cher kif » contre l’Angleterre U21 ont récolté pas moins de 9 millions de vues.

« Ça fait longtemps que je vois sur mes compils de Cherki qu’il y a pas mal de commentaires de la part de la communauté de Manchester United, note-t-il. Mais là, les fans et aussi les journalistes anglais n’ont jamais été aussi chauds sur lui qu’après ce match Espoirs. » Avec quelques pépites UK à la clé devenues virales sur les réseaux, comme ce message « Il faut que quelqu’un fasse sortir Cherki des U21, ce mec ressemble au Messi de 2012 jouant contre des bébés » aux 3,7 millions de vues sur X.

« Il est passé sous les radars jusqu’à ce match »

Où faut-il placer cette performance individuelle par rapport à ses récitals cette saison en Ligue Europa contre les Glasgow Rangers (1-4) et Francfort (3-2), ou son fameux match de Coupe de France l’ayant révélé en janvier 2020 à Nantes (3-4) ? « Rayan Cherki surnage souvent avec les Espoirs, mais là son match contre l’Angleterre était vraiment abouti de A à Z, estime Mathias. Il est dans le haut du panier de ses meilleures perfs depuis ses débuts, sans doute dans le Top 5. »

D’où l’engouement +++ depuis en Angleterre. Journaliste pour Sky Sports, Dougie Critchley rappelait ainsi les belles stats du meneur de jeu le 25 mars sur son compte X. « Je fais de mon mieux pour mener une propagande médiatique en faveur de Rayan Cherki en Angleterre, sourit-il. Chez nous, il est passé sous les radars jusqu’à ce match Espoirs, alors que c’est un joueur tellement fun à regarder. Je ne manque jamais ses highlights après chaque journée de Ligue 1. Il a tout pour crever l’écran et être adoré par le public de PL. »

Son confrère Ed Aarons est en phase concernant l’idée de tournant dans la relation entre Rayan Cherki et la Grande-Bretagne grâce à sa prestation du 21 mars. « Depuis ce match, on sent beaucoup plus d’intérêt à son sujet de la part des amateurs de football en Angleterre, précise le journaliste du Guardian. Plus de brèves mercato apparaissent aussi dans les médias pour faire état d’un intérêt de Crystal Palace, Fulham, Aston Villa ou encore Tottenham en vue de l’été prochain. »

« Qu’ils m’attendent ou pas, ça sera la même chose »

En attendant que Manchester United pose finalement 60 plaques dans trois mois, marqué par deux masterclass de sa part en quarts de finale de la Ligue Europa ? « J’imagine Cherki dans beaucoup d’équipes de Premier League et selon moi, son profil collerait parfaitement bien au 3-4-2-1 d’Amorim à United », glisse Hamzah Khalique-Loonat.

Proches de dévier Rayan Cherki de son club formateur en 2019, avant un forcing gagnant de Jean-Michel Aulas et Juninho pour obtenir son premier contrat professionnel, les Red Devils ont une histoire commune avec le Lyonnais de 21 ans. Dans un long entretien à So Foot en avril 2024, Rayan Cherki confiait même : « Mon idole, c’était Cristiano Ronaldo. Mes premiers souvenirs, c’est quand il perd en finale de la Ligue des champions avec Manchester United. J’avais pleuré. CR7, c’était la folie, ses dribbles, c’était époustouflant ! ».

Notre dossier sur Rayan Cherki

Mais à l’approche de ce choc européen, le dribbleur fou (sous contrat avec l’OL jusqu’en 2027) s’étendait évidemment moins sur sa connexion avec Man U, samedi après son but décisif contre le Losc (2-1). « Je prends ça comme si c’était un match normal, a-t-il assuré en zone d’interview. Je n’ai peur de personne, qu’ils m’attendent ou pas, ça sera la même chose. On attend ça depuis longtemps et on est prêts à leur faire la guerre. » Avec comme principales armes petits ponts et ouvertures soyeuses du côté de Rayan Cherki.