Offrir un test ADN « récréatif » pour Noël, est-ce bien malin ?
Plus que quelques jours avant Noël. Comme chaque année, certains, peu inspirés, attendront le dernier moment pour acheter leurs cadeaux. Ils se rabattront sur une écharpe, des chocolats ou une bougie. Mais d’autres feront un choix plus audacieux en jetant leur dévolu sur… un test ADN. Il ne s’agit pas de résoudre un crime, mais d’en savoir plus sur ses origines.
La France est un des rares pays à avoir interdit le recours à ces tests dits « récréatifs ». Pourtant, chaque année, près de 100.000 Françaises et Français enfreindraient la loi en les commandant depuis un pays étranger, selon l’association DNA Pass. Parmi eux, des personnes issues d’un don de gamètes recherchant leur parent biologique, mais aussi des petits curieux voyant dans ce test un gadget un peu rigolo pour en connaître davantage sur ses racines géographiques ou ethniques. Mais est-ce si anodin ?
Un degré de parenté défini
Plusieurs entreprises, telles que l’Israélienne MyHeritage ou les Américaines Ancestry et 23AndMe, se sont lancées dans ce juteux business au fonctionnement très simple. Pour une centaine d’euros, on obtient un kit de collecte qu’il faudra ensuite renvoyer, une fois la bave déposée, au laboratoire.
Ce dernier va comparer les résultats obtenus à ceux des personnes présentes dans leur base de données. S’il existe des correspondances génétiques, le pourcentage d’ADN commun définit le degré de parenté avec celui de cousins, frères, demi-sœurs, nièces et parents plus ou moins éloignés. L’analyse du patrimoine génétique permet aussi d’en savoir davantage sur notre origine géographique. Vous savez alors que vous avez des ancêtres Américains, quelques Européens du Nord, et un petit bout d’Asie (c’est un exemple, hein). « Cet engouement pour les tests récréatifs est à mettre en lien avec la quête identitaire et le besoin d’appartenance qui sont particulièrement dans l’aire du temps », analyse la psychologue Claire Petin.
Des secrets de famille
Si ces tests donnent parfois lieu à de belles histoires, d’autres sont bien moins joyeuses. Les témoignages de personnes découvrant qu’un de leur parent (voire les deux) n’est pas leur parent biologique ont afflué ces dernières années dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Un Britannique qui avait reçu un test ADN récréatif en cadeau de Noël en 2021 s’était rendu compte que sa sœur n’était pas sa sœur biologique et qu’elle avait été échangée à la naissance avec un autre bébé. L’hôpital a d’ailleurs reconnu sa responsabilité légale. Début 2024, une autre Britannique a découvert que l’homme qu’elle avait toujours connu comme son oncle était en réalité son père biologique.
« On ne doit pas sous-estimer leur impact »
C’est là tout le problème de ces tests. « Ils ne sont pas anodins et on ne doit pas sous-estimer leur impact », insiste la psychologue. Les personnes qui les font peuvent apprendre des choses qu’elles n’ont pas forcément envie de savoir. « Elles doivent être conscientes des conséquences, aussi bien positives que négatives, avant de s’engager, mais aussi de leur responsabilité en cas de révélation d’un secret de famille, poursuit Claire Petin. Cette découverte peut profondément modifier la perception de soi et avoir un impact sur l’entourage. »
C’est la raison pour laquelle la psychologue encourage les personnes ayant recours à ce type de tests à être accompagnées d’un point de vue psychologique et médical. Sinon, autre solution : demander une écharpe, des chocolats ou une bougie.