Nutri-Score : Pourquoi la nouvelle version n’est toujours pas validée par le gouvernement ?

Le nouveau Nutri-Score peine à sortir des tuyaux. La nouvelle mouture de cet affichage nutritionnel n’est toujours pas présente sur les emballages des produits alimentaires. Pour entrer en vigueur, et mettre à jour les notes sur les produits concernés, il faut passer par un arrêté gouvernemental. Mais l’actuelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, refuse pour le moment de le signer. Une décision qui fait polémique et agace les associations de consommateurs. 20 Minutes fait le point.
De quoi on parle ?
Mis en place en 2017 en France, le Nutri-Score est un étiquetage coloré qui classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels. Conçu par des spécialistes, cet indicateur n’est pas obligatoire et fonctionne sur la base du volontariat des marques. A la suite de travaux scientifiques plus récents, un nouveau mode de calcul, plus sévère avec les produits transformés par l’industrie agroalimentaire, devait être mis en place en France. Validé par les précédentes équipes gouvernementales, le Nutri-Score new-look se retrouve aujourd’hui bloqué par le gouvernement.
Pourquoi ça bloque ?
La signature des quatre ministres est requise pour l’entrée en vigueur du texte. Les cabinets de Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités, Famille) et de Yannick Neuder (Santé, Accès aux Soins) ont indiqué ce mercredi avoir signé l’arrêté. Le ministère de l’Agriculture renvoie de son côté aux déclarations d’Annie Genevard. Mercredi dernier au Sénat, la ministre avait assumé publiquement bloquer la publication de l’arrêté. « Je n’ai pas encore signé. Je ne sais pas quelles sont mes marges de manœuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m’y intéresse de très près », avait-elle déclaré.
« La question est de voir comment on peut améliorer ce classement, qui a du sens et est bien vu des consommateurs. Mais il y a également certains biais, puisque tout est mis sur le même plan, entre des produits ultratransformés et des savoir-faire français comme le fromage ou la charcuterie », précise auprès de 20 minutes l’entourage de la ministre, également élue LR du Doubs, fief du fromage comté. Contacté, Bercy n’a par ailleurs pas répondu à nos sollicitations.
Pourquoi ça agace les associations ?
« La ministre se positionne comme porte-parole des grands lobbys qui s’opposent au Nutri-Score », a déploré ce lundi sur RMC le médecin nutritionniste Serge Hercberg, créateur du fameux label. L’association de consommateurs Foodwatch étrille également la décision de la ministre. « Qu’une ministre reprenne l’argumentaire des lobbys de l’industrie agro-alimentaire et entretienne une confusion sur ce qu’est le Nutri-Score est irresponsable. Le fait qu’un produit soit IGP ou AOP n’a aucun lien avec sa valeur nutritionnelle », insiste Audrey Morice, chargée de campagnes à Foodwatch. « Le Nutri-Score est une synthèse objective des valeurs nutritionnelles du produit. Si le roquefort obtient la note E, c’est parce qu’il est trop gras et trop salé. Les études montrent d’ailleurs que cette mesure permet aux consommateurs de faire de meilleurs choix pour leur santé », ajoute-t-elle.
Selon une étude du service statistique des ministères sociaux de juillet 2024, l’étiquetage nutritionnel faisait partie des « politiques publiques les plus efficaces contre le surpoids et l’obésité ». Une pétition lancée par Foodwatch pour mettre en place le nouveau Nutri-Score a été signée par plus de 20.000 personnes « en 24 heures », assure l’association. De quoi faire bouger les lignes ? Selon les Echos, la signature de l’arrêté pourrait intervenir ce mercredi. Une information que ne confirme pas le ministère de l’Agriculture auprès de 20 minutes ce mercredi soir.