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Nucléaire iranien : sanctions rétablies, colère russe et ambassadeurs en jeu.

Les sanctions de l’ONU contre l’Iran seront formellement rétablies samedi soir après l’échec des négociations entre les Européens et Téhéran. Selon le mécanisme de « snapback », de lourdes sanctions économiques et un embargo sur les armes seront rétablis.


Le compte à rebours est lancé : les sanctions de l’ONU contre l’Iran seront formellement rétablies samedi soir après l’échec des négociations entre les Européens et Téhéran. Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, connus sous le nom de groupe E3, ont activé fin août le mécanisme dit « snapback », qui permet de rétablir les sanctions levées en 2015 après l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) dans un délai de trente jours.

Pourquoi les sanctions de l’ONU sont-elles rétablies ?

Le mécanisme de « snapback » a été activé par le trio européen, considérant que l’Iran n’avait pas effectué les « gestes concrets » requis pour relancer le JCPOA. Londres, Paris et Berlin avaient énoncé trois conditions : la reprise des négociations avec les États-Unis, l’accès des inspecteurs de l’AIEA aux sites nucléaires sensibles de Natanz, Fordo et Ispahan, bombardés en juin par Israël et les États-Unis, et un processus sécurisé pour le stock d’uranium enrichi. Malgré des réunions de haut niveau en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, aucune de ces conditions n’a été satisfaite aux yeux des Européens.

Quelles sanctions vont être réimposées ?

En vertu du mécanisme de « snapback », des sanctions économiques sévères et un embargo sur les armes seront réintroduits. Ces mesures visent à restreindre la capacité de l’Iran à poursuivre son programme nucléaire militaire et à faire pression pour relancer des négociations diplomatiques. L’ambassadrice britannique à l’ONU, Barbara Woodward, a souligné vendredi que « l’escalade nucléaire de l’Iran, détaillée dans plus de 60 rapports de l’AIEA ces six dernières années, est une menace à la paix et à la sécurité », tout en laissant entrevoir la possibilité d’une levée future des sanctions si Téhéran répondait aux exigences internationales.

Comment réagit l’Iran ?

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a qualifié d’« inacceptable » la demande américaine de remettre « tout » son uranium enrichi pour obtenir une suspension des sanctions de trois mois. Le chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, a critiqué « la mauvaise foi » des Américains et des Européens, affirmant que son pays ne céderait « jamais à la pression ». Les autorités iraniennes estiment également que le processus de rétablissement des sanctions est illégal, comme l’affirment également la Russie et la Chine. « La position de l’Iran sur le déclenchement par les E3 de ce processus est claire et cohérente : c’est légalement nul et non avenu, politiquement dangereux et présente des failles procédurales », a déclaré Abbas Araghchi au Conseil de sécurité après le rejet d’une résolution russo-chinoise visant à retarder les sanctions de six mois.

Quel contexte explique cette tension ?

L’Iran avait suspendu ses relations avec l’AIEA suite aux attaques de juin, avant d’accepter début septembre un nouveau cadre de coopération. Certaines inspections ont repris cette semaine, selon l’agence. Massoud Pezeshkian a indiqué vendredi que l’administration américaine de Donald Trump n’avait jamais agi avec sincérité dans les négociations nucléaires, même avant les frappes israéliennes de juin. Cependant, le président iranien a assuré que son pays ne quitterait pas le Traité de non-prolifération nucléaire en représailles, maintenant ainsi la possibilité de futures discussions diplomatiques.

Quelles sont les réactions internationales ?

La Russie et la Chine contestent la légalité du processus. L’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, Dmitry Polyanskiy, a affirmé vendredi : « il n’y a pas de snapback et il n’y aura pas de snapback. Toute tentative de ressusciter les résolutions anti-iraniennes du Conseil de sécurité en place avant 2015 est nulle et non avenue ». Des observateurs craignent que certains pays, notamment la Russie, choisissent d’ignorer la décision du Conseil de réimposer les sanctions.

Quelles conséquences pour le programme nucléaire iranien ?

Le rétablissement des sanctions pourrait restreindre l’accès de l’Iran à certains matériels et financements pour son programme nucléaire. Cependant, la situation demeure complexe : malgré les pressions internationales, Téhéran continue de coopérer partiellement avec l’AIEA et maintient sa position ferme concernant le contrôle de son uranium enrichi. La reprise totale des inspections et la levée progressive des sanctions dépendront de négociations diplomatiques toujours ouvertes, mais rendues difficiles par les tensions politiques et le rejet russo-chinois du mécanisme de « snapback ».