France

Nouvelle-Calédonie : Un accord « historique » signé entre indépendantistes et non indépendantistes

Un nouveau chapitre s’ouvre pour la Nouvelle-Calédonie. Réunies depuis dix jours près de Paris pour tenter de tracer un avenir institutionnel au territoire, les forces politiques de l’archipel ont signé ce samedi matin un accord « historique », actant notamment un « Etat de Nouvelle-Calédonie » inscrit dans la Constitution.

Ce « projet d’accord », signé par Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, et les 18 délégués représentant les forces politiques du Congrès du territoire ultramarin, doit encore être entériné en Nouvelle-Calédonie par les mandants des différentes délégations.

« Accord historique »

Dans une réaction transmise à l’AFP, Manuel Valls salue « un engagement majeur, fruit d’un long travail de négociations au cours duquel les partenaires calédoniens ont fait le choix du courage et de la responsabilité ».

Dans un communiqué, les non-indépendantistes des Loyalistes et du Rassemblement se félicitent eux d’« un accord historique » qui permet « d’instaurer une nouvelle ère de stabilité ». Sans préciser le contenu du texte signé, ils assurent notamment que l’accord permettra « la réouverture du corps électoral à de nombreux Calédoniens ».

Des « concessions » faites

Selon une source loyaliste, le corps électoral local sera ouvert aux résidents en Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans à partir des élections provinciales de 2031. La réforme du corps électoral avait été à l’origine des émeutes meurtrières de mai 2024, qui ont fait 14 morts. Ils se félicitent aussi que « ce choix respecte la volonté souveraine exprimée par les Calédoniens » lors des trois référendums d’indépendance de 2018, 2020 et 2021 et évoquent des « concessions », avec « la transformation de la collectivité Nouvelle-Calédonie en Etat intégré dans l’ensemble national ».

« Un statut dans la France. Avec des Calédoniens qui restent Français. Plus aucun référendum en vue si ce n’est celui qui sera organisé pour valider cet accord. Une ouverture du corps électoral », a de son côté déclaré le député non indépendantiste Nicolas Metzdorf dans une réaction transmise à l’AFP.

« On nous avait prédit un référendum sur l’Etat-associé dans quinze ans. Nous avons fait de fortes concessions pour l’éviter et projeter définitivement la Nouvelle-Calédonie dans l’avenir et sans date butoir », a-t-il ajouté, appelant désormais à la relance économique, alors que les émeutes ont coûté plus de deux milliards d’euros et au moins 10 % de PIB au « Caillou ».

Création d’un « Etat de la Nouvelle-Calédonie »

Intitulé le « pari de la confiance », le projet d’accord de 13 pages, transmis à l’AFP, acte la création d’une nationalité calédonienne, les habitants du Caillou pouvant bénéficier de la double nationalité française et calédonienne. Un « Etat de la Nouvelle-Calédonie » inscrit dans la Constitution de la République française sera créé, qui pourra être reconnu par la communauté internationale. Paris accompagnera la Nouvelle-Calédonie dans le renforcement de ses capacités dans les domaines régaliens, précise le texte.

L’accord aborde l’économie avec un « pacte de refondation économique et financière » qui prévoit notamment un « plan stratégique » pour le nickel, ressource clé du territoire. Il prévoit la relance d’une activité de transformation du nickel en province Nord, majoritairement peuplée de Kanaks, où l’usine de nickel a fermé l’an passé, mettant 1.300 salariés au chômage. « Cet accord permet à l’espoir de renaître », a réagi auprès de l’AFP Philippe Gomes, chef de file du parti Calédonie ensemble.

Notre dossier sur la Nouvelle-Calédonie

Le Parlement doit être réuni en Congrès à Versailles au dernier trimestre pour « constitutionnaliser » l’accord, avant un référendum local approuvant l’accord politique par les Calédoniens en février 2026 et des élections provinciales en mai-juin 2026. Celles-ci, cruciales sur l’archipel car d’elles découle la composition du Congrès et du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, devraient avoir lieu à la fin du premier semestre 2026.