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« N’oubliez pas les paroles » : « J’ai écrit mon nom dans l’histoire de l’émission », dit Louis, éliminé

Comme l’ensemble des participants au jeu avant lui, Louis aura fini par oublier les paroles. Celui qui est plus connu sous le pseudonyme d’Hexakil sur Twitch a rendu le micro d’argent de N’oubliez pas les paroles après 65 victoires ce jeudi 9 mars. Le parcours du streamer lui aura permis d’empocher 358.000 euros et de battre plusieurs records de l’émission diffusée chaque jour sur France 2. 

Après avoir squatté le petit écran pendant un mois et demi à la force de sa mémoire Louis est fier d’avoir créé une nouvelle passerelle entre le monde d’Internet et la télévision, jusqu’à « permettre à des familles de se retrouver », confie-t-il à 20 Minutes.

Lorsqu’on vous a échangé pour la première fois avec vous c’était incognito sur Twitch, lors d’une partie de Pokémon Pinball. On n’a pas vraiment compris le jeu, ça vous étonne ?

Non, ça me paraît normal (rires). J’essaye d’être un peu plus pédagogue que d’habitude en ce moment même si Pokémon Pinball n’est pas quelque chose de très transparent ni compréhensible. Mais je suis assez étonné du nombre de gens qui se retrouvent hypnotisés par le jeu, se mettent à me regarder et à m’écouter déblatérer sur tout ça.

Il est donc temps de faire un bilan global. Quel a été le moment le plus marquant de vos 66 participations ?

Le moment où je rentre dans les masters. Je me suis dit : « Wow, j’en étais capable, je l’ai fait ! » Je savais que j’avais un niveau qui était sans doute correct mais c’est au moment où je rentre dans le classement que je me dis que j’en étais vraiment capable. C’est exceptionnel. Je ne fais que dire ça mais c’est au-delà de toutes mes espérances. Même quand je m’autorisais à rêver à tout ce qui pouvait arriver, je n’aurais jamais imaginé battre trois records dans l’émission, gagner autant d’argent… C’est hallucinant. Il n’y a que du positif et aucun regret.

Vous êtes désormais le détenteur du record du nombre de clochettes, de clochettes d’affilée, mais aussi de victoires. Quel est votre sentiment en sachant cela ?

C’est une grande fierté. S’il y avait un record à battre j’aurais préféré que ce soit celui des gains mais disons que dans tous les cas, j’ai réussi à écrire mon nom dans l’histoire de N’oubliez pas les paroles et ce n’est pas donné à tout le monde. Il y a eu un peu de chance à plein de moments mais au final, ça donne quelque chose dont je suis super fier.

Est-ce qu’à la fin de votre parcours, vous aviez l’espoir d’aller encore plus loin ?

Oui. Au bout d’un moment, ce n’est presque plus le gain qu’on regarde mais on entre dans le côté compétitif et on regarde surtout si on peut gagner des places et monter dans le classement. C’est une somme qui est exceptionnelle mais on devient presque déconnecté durant les tournages.

Vous vous êtes fait connaître en parodiant des titres connus et en les adaptant aux jeux-vidéo, ce n’était pas trop difficile de ne pas s’emmêler les pinceaux sur les mêmes chansons ?

Pas du tout, je ne connais pas mes paroles (rires). Ce que j’ai pu faire ces dernières années, je l’enregistrais, je le montais et je le publiais. Mais une fois que c’est monté, je ne le réécoutais jamais. Je ne les ai pas du tout en tête mes paroles à moi donc ça ne me perturbait pas du tout.

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Chaque jour, vous discutiez de votre aventure avec vos fans sur Twitch. Est-ce que ça va être une libération pour vous de pouvoir enfin tout leur dire sans risquer de spoiler ?

Complètement ! C’est tellement spécifique mon métier. Même si ce n’est pas devant des centaines de milliers de personnes, je suis tous les jours en train de discuter avec les gens qui passent et on ne me parle que de N’oubliez pas les paroles. J’ai dû restreindre mon temps, je marchais sur des œufs en permanence. J’avais peur de dire la moindre chose qui pourrait spoiler mon parcours. Ça va faire du bien de me dire que tout le monde sait comme moi et que je ne risque plus de dire une bêtise.

Vous avez annoncé vous lancer dans un entraînement pour l’émission en 2018, Comment as-tu envisagé cette préparation ?

Le plus dur c’est de bien cibler ce qu’on doit réviser. Après il faut rester motivé, surtout que je n’avais pas prévu à la base d’y passer des années. Il y a plein de moments où je me suis dit que je n’allais jamais y aller et en même temps je voyais le niveau augmenter à la télé. C’est vrai que c’est décourageant par moments car je ne pensais jamais être à un niveau suffisant.

Au fil de votre parcours, vous avez été adoubé par des stars de Twitch. Avez-vous le sentiment d’avoir été le trait d’union entre Internet et la télévision ?

Oui, j’ai beaucoup de gens de ce milieu avec qui je n’avais pas échangé depuis plusieurs années qui m’ont envoyé des messages. Forcément je suis fier de me dire que j’ai fait un pont entre ce milieu et celui de la télé même si ce n’était pas volontaire à la base. C’était chouette de montrer qu’on a un métier particulier mais qu’on peut avoir des passions communes avec des gens qui ont un métier plus traditionnel et qu’on n’est pas forcément bizarres, enfin j’espère (rires).

Avez-vous aussi reçu des messages de familles que votre métier a permis de réunir devant la télé ?

J’ai reçu des messages pour me dire que mon parcours a permis à des parents et des grands-parents de s’intéresser à ce que faisaient leurs enfants sur Internet car ils étaient curieux de comprendre ce que je faisais dans la vie. À l’inverse j’ai reçu des messages de personnes plus jeunes qui m’ont dit qu’ils s’intéressaient aux centres d’intérêt de leurs parents en me regardant à la télé avec eux. Ce sont les messages les plus touchants que j’ai reçu, des messages de familles qui se sont retrouvées devant N’oubliez pas les paroles parce que je rejoignais les deux mondes.

Cela casse un peu l’a priori de deux milieux irréconciliables…

Il y a eu pendant un moment ce sentiment de vouloir se démarquer de la télé sur Internet. Mais je pense que ça s’est calmé ces dernières années et des deux côtés on se rend compte que ça peut cohabiter. Ce sont des médias qui sont différents mais ils peuvent se développer tous ensemble. Ça fait partie des petits ponts qui auront pu être créés. Pour moi ça n’a duré qu’une courte période d’un mois et demi mais on le voit avec Samuel Etienne qui crée des ponts entre la télé et Twitch.

Nagui était-il curieux de découvrir le monde du stream grâce à vous ?

Je ne savais pas comment il allait réagir, c’était mon interrogation quand j’ai débarqué. Je l’ai senti intéressé, curieux et bienveillant. Pour moi c’est la réaction qui devrait être logique pour des personnes comme lui qui sont dans le milieu depuis longtemps, de rester à jour sur ce qu’il peut se passer dans les nouveaux médias. Par exemple, c’est lui qui a parlé dès la première émission de ZEvent donc ça montre qu’il connaît quand même le milieu.

Avant l’émission, vous organisiez déjà des stream karaoké, comptez-vous reprendre ce concept ?

Oui. Ce sera dans mes premiers achats d’améliorer mon set up son pour que ça donne quelque chose de bien. Et je pense que ça va être quelque chose qui va intégrer ma programmation très bientôt.

Votre chaîne Twitch va-t-elle être influencée par cette participation à l’émission de Nagui ?

Je suis un peu perdu. Tout s’est passé assez vite, j’ai eu la tête sous l’eau ces dernières semaines. La période de diffusion est quand même assez épuisante. Je ne m’attendais pas à ça. J’essaye de répondre à tous les messages mais là je me suis laissé un peu déborder, je dois en avoir une centaine à rattraper sur tous les réseaux. Je n’ai pas du tout pu prendre le temps du côté pro de me poser et me demander sur quoi partir pour faire la transition entre ce mois et demi à la télévision et le stream. Donc il faut vraiment que je m’interroge sur l’orientation que je veux donner à tout ça.

Le pont pourrait-il aller si loin que Nagui apparaisse un jour dans l’un de vos stream ?

Si un jour j’ai un concept qui me semble suffisamment bien et où ça serait intéressant de lui en parler, je lui poserai la question. À l’heure actuelle, je n’ai rien d’assez produit pour lui proposer. Si on envisage quelque chose ce sera beaucoup de logistique comme je ne suis pas proche de Paris.

Quels sont vos projets désormais ?

Pour moi ce qui est important c’est d’acheter ma maison. On arrive à une somme où on ne parle même plus vraiment de crédit. C’est un rêve qui se réalise. Je disais parfois pour plaisanter avant de participer : « On va payer la maison avec N’oubliez pas les paroles ! » Mais je n’y croyais pas en vrai. Finalement c’est peut-être ce qui va arriver.