France

« Notre seul lien »… Les filles d’un SDF cherchent à récupérer la guitare de leur père décédé

«Benjamin était solaire. » Il avait installé sa tente depuis quelques années à Montpellier, dans le quartier des Beaux-Arts. Benjamin Malborough est décédé lors de la vague de froid en novembre, qui a emporté trois sans domicile fixe dans la préfecture de l’Hérault. « C’était un vrai personnage, artiste, marginal ». La maman de ses trois enfants en parle avec affection. « Il n’avait aucun filtre et disait ce qu’il pensait. Il était croyant et rasta. Il connaissait l’histoire de la Bible et me l’a même enseignée lorsque je l’ai connu. En revanche, la famille, les obligations, les contraintes, ce n’était pas son truc… »

Mais ce SDF était, pour ceux qui l’ont rencontré, avant tout un musicien. « Il savait jouer de tous les instruments », reprend son ex-compagne. Notamment de la guitare. Cette guitare qui l’a accompagné pendant des années et qu’il a fini par vendre quelques semaines avant son décès. A défaut d’avoir une quelconque valeur pécuniaire, elle en a une vraie sentimentale pour ses filles, et notamment Hailey qui lance une bouteille à la mer pour tenter de la récupérer. Tenter de tisser un ultime lien, fragile, avec leur père « charismatique mais solitaire ».

« Personne ne connaissait son histoire »

« Personne ne savait qu’il vivait à Montpellier », explique Gwenaël Diraison. Ce bénévole de l’Ordre de Malte est l’un des rares à pouvoir en parler, à force de l’avoir côtoyé lors des maraudes. « C’était un homme souriant, avec toujours un mot gentil. Lorsqu’on allait le voir, la plupart du temps il ne nous demandait rien, mais appréciait de pouvoir échanger. » Ce sont des membres de l’Ordre de Malte qui ont découvert son corps, le 28 novembre.

« J’ai rencontré ses filles lors de son enterrement, reprend Gwenaël Diraison. Personne dans sa famille, dont une partie est à l’étranger, ne savait qu’il avait choisi de vivre ici. Je l’ai appris à cette occasion, car ce ne sont pas des questions que l’on pose aux personnes que l’on rencontre dans la rue. Nous sommes là pour les aider et leur apporter de la chaleur humaine. Ce sont eux qui choisissent ou pas de nous parler de leur histoire, et seulement à leur initiative. »

Notre dossier sur les SDF

Pour ses filles, les souvenirs sont rares. Alors cette guitare est la passerelle qui peut rattacher leurs histoires. Mais elles le savent, leur démarche a peu de chance d’aboutir. D’autant qu’elles ne disposent même pas d’une photo de l’instrument. Mais elles espèrent un petit coup de pouce du destin. « Si quelqu’un a eu connaissance d’une guitare achetée dans la rue, ou possède une guitare achetée à la sauvette, en octobre ou novembre 2024, on espère qu’il prendra contact avec nous ». Il pourra le faire à travers notre rédaction ([email protected]). Nous nous chargerons de leur transmettre les mails.