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Nos gourdes sont-elles des « nids à bactéries » et peuvent-elles nous rendre malade ?

Elle est partout. A la salle de sport, au bureau, dans les cartables des petits. La gourde est notre nouveau BFF. Plus d’un Français sur deux en utilise une quotidiennement, selon une étude réalisée en mai 2022 par OpinionWay pour Gobi. Si ce nouvel objet du quotidien est bon pour l’environnement (à condition de ne pas en faire la collection), l’est-il aussi pour la santé ?

Contrairement à nos assiettes, fourchettes et tasse qu’on lave après chaque utilisation (normalement), nos gourdes font rarement l’objet d’une telle attention. A-t-on raison de leur faire une seule toilette hebdomadaire, voire mensuelle ? Sommes-nous franchement dégueulasses ? Et surtout, boire de l’eau dans une gourde peut-il nous rendre malade ? On a posé la question à des microbiologistes.

Un risque « faible, mais pas nul »

Le risque de contamination par des bactéries est « faible mais pas nul », selon Bruno Périchon, chercheur en microbiologie à l’Institut Pasteur. « Dans notre bouche, on a des millions et des millions de bactéries. Quand on boit directement au goulot, elles vont se déposer à l’intérieur de la bouteille et, si on ne la nettoie pas, se développer. » Les germes présents sur nos mains peuvent aussi contaminer l’eau.

« Les bactéries provenant de la peau, notamment les streptocoques, peuvent donner lieu à des diarrhées, poursuit le microbiologiste. Si celles présentes dans la bouche se développent en trop grande quantité, ou si d’autres plus pathogènes apparaissent, elles peuvent générer des infections cardiaques. »

Pas de panique. « On a beaucoup plus de risque de tomber malade si quelqu’un tousse à côté de nous », tempère Marc-André Selosse, microbiologiste et professeur au Musée national d’Histoire naturelle. La probabilité est toutefois plus élevée chez les enfants en bas âge, les personnes âgées ou immunodéprimées car elles se défendent mal contre les infections bactériennes et virales.

Etat et contenu de la gourde

Tout dépend aussi du contenu de la gourde. Si l’eau nous rendra peu probablement malade, il n’en va pas de même avec les boissons sucrées. « Là, vous pouvez développer des biofilms bactériens qui colonisent la paroi en se nourrissant du jus sucré », précise le microbiologiste du Musée national d’Histoire naturelle. « Ces bactéries peuvent survivre très longtemps, et c’est encore plus le cas avec les gourdes en plastique », ajoute Bruno Périchon.

Attention aussi à l’état de la gourde. Si vous la trimballez partout et la faites tomber régulièrement, pensez à vérifier son apparence. « Une gourde avec des pets et du métal corrosé va permettre aux bactéries de proliférer », explique le professeur Selosse.

Un lavage hebdomadaire

Vous l’aurez compris, les risques sont donc minimes, mais les biologistes conseillent tout de même de laver sa gourde régulièrement. « Une fois par semaine », d’après le chercheur de l’institut Pasteur. Avec un goupillon (qu’on doit aussi laver), de l’eau chaude et du savon, du vinaigre ou du bicarbonate de soude.

En insistant bien sûr les coins, rebords, bouchon et joint en silicone. Si ce dernier est noir, c’est que les moisissures l’ont envahi et qu’il est plus que temps de le changer. Dans le doute, jetez aussi l’eau qui n’a pas été bue dans la journée.

Des microbes nécessaires à notre santé

Enfin, le choix de la gourde compte. Il vaut mieux éviter celles en plastique. « Non seulement elles relâchent des microplastiques mais les bactéries vont rester davantage sur ses parois que sur celles en inox ou en verre », souligne Bruno Périchon.

Pas besoin d’angoisser à la prochaine gorgée pour autant. Les bactéries ne sont pas forcément mauvaises, insiste Marc-André Selosse. « On vise un monde stérile mais si certains microbes sont dangereux, d’autres sont essentiels à notre santé. On est dans une société tellement hygiéniste que cela crée des maladies, comme l’asthme ou les allergies. » Il nous reste donc une seule chose à vous dire : santé !