France

Nord : « Nous sommes inquiets de voir les dérives sectaires chez les pseudo-thérapeutes », selon un militant associatif

Il chasse les « thérapeutes auto proclamés ». Christian Cabus est le correspondant régional Hauts-de-France du Gemppi (Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu), une association qui lutte contre les dérives sectaires, notamment dans les nouvelles thérapies. Le Gemppi, en lien avec l’observatoire gouvernemental Miviludes, tente de prévenir les éventuelles escroqueries. 20 Minutes a interrogé Christian Cabus sur le sujet.

De quelle façon sensibilisez-vous le grand public des dérives sectaires ?

Notre association s’occupe d’informer, de sensibiliser et de prévenir le grand public, grâce, notamment, à notre site Internet. En plus, nous accompagnons certaines victimes d’arnaque au niveau juridique et de la santé. Les dérives qui sont les plus fréquentes depuis la crise du Covid-19 concernent les thérapeutes auto proclamés qui disent pouvoir venir en aide aux malades en produisant des diplômes fantaisistes. Cette catégorie attire gourous divers, charlatans et escrocs.

Quelles sont les nouvelles méthodes de ces charlatans ?

Tout d’abord, il faut savoir que la France tout entière est touchée par les dérives sectaires. Rien n’interdit à un particulier de s’afficher comme thérapeute, mais il n’y a aucune preuve de l’efficacité médicale de ces pseudo-praticiens. Par exemple, certains prétendent pouvoir guérir le cancer. Dans le Nord, nous en avons repéré neuf qui pratiquent la biologie totale, appelée aussi nouvelle méthode germanique. Cette approche très controversée prétend que toutes les maladies peuvent être guéries grâce à la pensée et la volonté.

Christian Cabus, correspondant des Hauts-de-France de l'association Gemppi (Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu).
Christian Cabus, correspondant des Hauts-de-France de l’association Gemppi (Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu). – C.C.

Y en a-t-il d’autres ?

L’une des nouvelles pseudo-thérapies s’appelle « Access Bars ». Elle propose de se débarrasser des pensées inutiles. C’est un business : pour une séance d’une heure, ça peut vous coûter entre 50 et 60 euros. Une autre méthode qui sévit dans la métropole de Lille, c’est un institut de formation baptisé « Le chagrin scolaire », qui prétend résoudre les problèmes de harcèlement scolaire. On a aussi pas mal de plaintes en ce moment concernant des pratiques douteuses de yoga kundalini. Nous sommes inquiets d’observer une montée de ce phénomène : de plus en plus de cabinets de ce type se créent dans la région.

Pourquoi, à votre avis, l’augmentation est-elle aussi forte ?

Depuis le Covid-19, la population éprouve de fortes craintes de la maladie. Cette crise liée à la pandémie a provoqué un accroissement de recours chez les thérapeutes auto proclamés. Or, ces gens-là promettent la guérison, ce qui n’est pas le cas des médecins officiels qui, eux, essaient juste de vous soigner. La Miviludes constate 4.000 signalements en 2022, ce qui représente 37 % d’augmentation par rapport à 2021.

Comment ces pseudo-thérapeutes peuvent-ils être tenus responsables de charlatanisme ?

En France, il y a la loi About-Picard. L’article 223-15-2 renforce la prévention et la répression sur les mouvements sectaires qui portent atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales par l’extension de la responsabilité des personnes morales. Mais cela reste très difficile de prouver la culpabilité des suspects devant la justice. Le terme « secte » n’est pas reconnu par les tribunaux, il nous faut utiliser le terme de « dérives sectaires ». Le point de départ, c’est souvent une plainte pour viol ou pour des affaires d’argent. Mais la plupart du temps, les gens n’osent pas témoigner car ils ont honte de s’être fait berner.