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Noël 2024 : Les peluches et veilleuses apaisantes pour bébé, la solution miracle pour l’endormissement ?

Les peluches et autres veilleuses apaisantes pour endormir bébé ont un succès fou. Certains modèles, comme la Loutre câlins bonne nuit de Fisher Price, sont devenus de véritables best-sellers qui s’imposent désormais comme des must-have dans les listes de naissance. Alors, ces doudous interactifs sont-ils la solution miracle pour endormir bébé ou de nouveaux marchands de sable ?

Des produits mignons et de bonne facture

20 Minutes a testé trois de ces dispositifs apaisants sur un bébé âgé de 15 mois : la peluche Lapin Super Dodo de Fisher Price (prix de vente conseillé : 42,99 euros), qui succède ce Noël, à la Loutre câlins bonne nuit de la marque américaine, le Chaton Douce nuit de V-Tech (prix de vente conseillé : 37,90 euros) et la Veilleuse projecteur phoque de Pabobo (prix de vente conseillé : 49,90 euros).

Premier constat, les trois peluches testées sont de belle facture, bébé et parents succombent rapidement à leur mignonnerie. « Il y a une part “objet transitionnel” qui peut être rassurante. Les peluches et autres doudous existent depuis la nuit des temps », souligne la docteure Sylvie Royant-Parola, présidente d’honneur du réseau Morphée, réseau de santé dédié à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil.

Les trois dispositifs promettent d’accompagner bébé pour un endormissement en toute sérénité. Comme Ma Loutre Câline Bonne Nuit, l’adorable petit Lapin Super Dodo, petite veilleuse musicale en peluche, propose différentes fonctionnalités censées apaiser bébé : la peluche hoche la tête en rythme avec le son, et semble respirer. Elle dispose de différents programmes de sons en fonction des préférences des parents : musique douce avec de légers bâillements et ronflements, un bruit de respiration profonde, des chuchotements, des sons de la nature ou encore des bruits blancs.

Même type de fonctionnalités chez V-Tech et sa veilleuse musicale en peluche Chaton Douce nuit. Ce ravissant chaton respire et ronronne comme un vrai : « Son ventre se soulève et s’abaisse en rythme pour imiter les mouvements de la respiration afin de détendre l’enfant naturellement. Sa tête et son museau s’animent pour émettre de doux ronronnements, créant ainsi une atmosphère apaisante qui aide l’enfant à s’endormir paisiblement », détaille la marque. Le chaton est capable de diffuser quinze, trente ou quarante-cinq minutes de mélodies et autres bruits blancs.

La Veilleuse projecteur phoque de Pabobo propose de merveilleuses et enchanteresses projections sous-marines, animées avec des petits poissons en mouvement. « Le bébé phoque a une particularité unique sur le marché, ces petits poissons. En plus du décor qui va envahir toute la pièce, il y a des petits poissons que l’enfant ne sait pas regarder avec acuité. Cela va le fatiguer, mais pas en l’excitant et il va bien s’endormir », explique Philippe Ulysse-Lai, directeur de création, marketing et communication de la marque Pabobo. La veilleuse dispose de trois intensités lumineuses, et le tout peut être accompagné de berceuses, mélodies marines ou bruits blancs (vagues, pluie ou battements de cœur intra-utérins).

L’indispensable présence d’un parent pour le coucher

Aucun des dispositifs testés n’a réussi miraculeusement à endormir bébé sans l’intervention d’un parent dans la routine du coucher. Les peluches testées ont été cependant utiles pour favoriser l’endormissement de bébé lorsque la maman, victime d’une angine, s’est retrouvée momentanément sans voix et dans l’incapacité de chanter les berceuses de la routine de bébé.

Le projecteur phoque provoque quant à lui un effet « wouah » dans la chambre de bébé. La Veilleuse projecteur phoque de Pabobo permet de créer un chouette moment de retour au calme entre un temps de jeu et d’éveil et le rituel du coucher.

Gare à la lumière bleue, qui ne fait pas bon ménage avec le sommeil de bébé. La veilleuse est permise, sous certaines conditions : « Cela dépend de l’intensité et cela dépend si c’est une lumière perçue directement ou indirectement. Si la lumière est perçue directement par le regard, cela va jouer sur la mélatonine et ne va pas être une bonne chose », précise Sylvie Royant-Parola.

« Plus tard, lorsque les enfants ont peur du noir, on peut mettre une petite veilleuse qui ne donne pas directement sur les yeux de l’enfant, mais qui lui permet d’avoir une petite visibilité dans la chambre », recommande d’ailleurs Sylvie Royant-Parola.

Les scientifiques mitigés sur les bruits blancs

Les dispositifs apaisants pour bébé reposent sur la même théorie, à savoir que les bruits blancs, à savoir une tonalité qui combine toutes les fréquences sonores simultanément, favorisent l’endormissement de bébé en masquant les autres sons et en lui rappelant le doux ronron quotidien des bruits qu’il percevait dans l’utérus (battement de cœur, respiration, circulation du sang, etc.).

Ces bruits blancs existent dans la nature (le bruit des vagues, par exemple) ou à la maison (le ronron d’un ventilateur ou encore de l’aspirateur). Ces bruits blancs se retrouvent partout sur le Web, sous la forme de podcast, de playlists sur les plateformes ou dans des vidéos à rallonge.

Les avis des scientifiques sont mitigés sur l’efficacité et l’innocuité des bruits blancs dans les dispositifs destinés aux tout-petits. Une étude canadienne, menée par des chercheurs de l’Université de Toronto et publiée en 2014 dans la revue Pediatrics, a notamment souligné que certains boîtiers et autres peluches à bruits blancs diffusent des sons trop forts qui peuvent « nuire à l’ouïe et au développement auditif du nourrisson », rappelle le Journal des femmes. L’OMS recommande un niveau de bruit de 30 décibels ou moins dans une chambre à coucher. Il est donc conseillé de régler au plus bas le volume sonore des appareils qui émettent des bruits blancs, comme le souligne le site Naître et grandir.

Une étude publiée en 2020 dans la revue Sleep Medicine Review a conclu que ni leurs dangers ni leurs bienfaits ne sont établis de manière convaincante. « On ne sait pas si ces appareils aident à dormir, et on ne sait pas s’ils peuvent être dangereux pour l’ouïe », explique Mathias Basner, épidémiologiste de l’Université de Pennsylvanie, auteur principal de cette étude, dans les colonnes de nos confrères du quotidien québécois La Presse.

Un succès proportionnel « à l’angoisse des parents »

« Il n’y a aucune preuve d’efficacité, si ce n’est qu’on joue sur l’angoisse des parents pour créer un besoin et un marché. Tous ces systèmes sont des systèmes commerciaux, mais pas des systèmes aidants pour enfants, balaye la docteure Sylvie Royant-Parola. On ne peut pas faire l’économie d’un rituel du coucher avec les parents, aucun objet ne va faire cela. Une fois qu’on a fait ce rituel, l’enfant doit s’endormir, on ne doit pas continuer avec un objet. Que cet objet raconte une histoire, reproduise les battements du cœur ou qu’il s’allume pour rassurer l’enfant, ce ne sont pas des objets intéressants. »

Et l’experte de rappeler les conditions idéales d’endormissement d’un enfant : « Il faut qu’il soit rassuré, calme et que l’on le couche encore éveillé dans le lit, même si on reste à côté, qu’on le berce, qu’on lui parle ou qu’on lui raconte une histoire. Évidemment, si l’enfant s’est endormi dans les bras, on ne va pas le réveiller pour le mettre au lit. Mais si un enfant se réveille dans la nuit, il va vouloir retrouver les mêmes conditions que lors de son endormissement : s’il s’endort dans les bras, il va avoir besoin des bras pour se rendormir. Il ne faut pas des rituels d’endormissement qui durent trois quarts d’heure. En un quart d’heure, on peut accompagner correctement l’enfant, mais on ne peut pas faire l’économie de ce quart d’heure ».

« Certains parents lâchent l’affaire très vite et vont lancer le bébé dans le lit avec des tas de trucs pour faire comme si papa et maman étaient là, cela ne marche pas ! », déplore la spécialiste, qui considère qu’ « un certain nombre de systèmes et de gadgets qui envahissent les lits des enfants, avec parfois une accumulation d’objets assez impressionnante, doit être proportionnelle à l’angoisse des parents ». Et de conclure en rassurant ces derniers ainsi : « On n’arrive pas à faire mieux que la berceuse et le câlin de papa et maman ! »