France

Niels Arestrup, acteur de « Diplomatie » et « Un prophète », est mort

Il était une figure du théâtre et du cinéma français. L’acteur Niels Arestrup est mort ce dimanche, chez lui, à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine), ont annoncé son attachée de presse et son épouse à l’AFP. Il avait 75 ans.

« J’ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l’immense acteur Niels Arestrup, au terme d’un combat courageux contre la maladie. Il s’est éteint entouré de l’amour des siens », a écrit son épouse, Isabelle Le Nouvel avec laquelle il est devenu parent de jumeaux en 2012.

Trois fois césarisé

Niels Arestrup est né en février 1949 à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), d’un père danois et d’une mère bretonne. Pour l’anecdote, il est le premier Français enregistré à l’état civil avec ce prénom.

Il a entamé sa carrière sur grand écran en 1973 dans Miss O’Gynie et les Hommes fleurs de Samy Pavel et s’est d’abord cantonné au cinéma d’auteur (Alain Resnais, Chantal Akerman…), avant de devenir un visage familier du grand public.

Il lui a fallu attendre les années 2000 pour décrocher ses premières nominations aux César. Il a remporté trois statuettes, du meilleur acteur dans un second rôle : en 2006, 2010 et 2014, respectivement pour De battre mon coeur s’est arrêté, Un prophète et Quai d’Orsay.

Niels Arestrup a accompli une grande partie de sa carrière sur les planches. Il a joué dans une quarantaine de pièces, dont Rouge qui lui a valu le Molière du meilleur comédien du théâtre privé en 2020. Il en a écrit une, Le Temps des cerises, jouée à Paris en 2008, et a aussi mis en scène Big Apple, signée par son épouse Isabelle Le Nouvel, en 2014.

Cette année-là, il avait déclaré à Franceinfo : « La peur de décevoir est un truc qui me bouffe. Dans le théâtre, c’est au quotidien. Il y a des comédiens qui arrivent à mettre à distance ce rendez-vous avec le public, mais moi j’ai toujours la trouille parce qu’à chaque fois c’est comme un individu. Mais dans la vie je suis pareil, j’ai toujours peur de décevoir. »

Accusations de violences

A plusieurs reprises, Niels Arestrup a été accusé de violences par des partenaires dans le cadre professionnelle. Sur le tournage de La Dérobade, en 1979, il a abîmé le tympan de Miou Miou. « Elle a eu carrément le tympan crevé ! Je le lui avais dit pourtant, comme à Daniel Duval qui réalisait le film, qu’il fallait simuler, mais elle y tenait, elle voulait que ça ait l’air vrai… Le même jour, j’ai cassé le coccyx de Maria Schneider…», avait-il dit à Libération à ce sujet en 2007.

En 1983, Isabelle Adjani a quitté la pièce Mademoiselle Julie après que le comédien l’a giflée. En 2001, sur le plateau du talk-show « On ne peut pas plaire à tout le monde » sur France 3, il a nié l’avoir giflée. Quand Marc-Olivier Fogiel lui a rappelé qu’il avait dit le contraire en 1999 dans Télérama, en déclarant « Je l’ai giflée, oui et alors ? », il a rétorqué : « Je ne sais pas, je devais être bourré ».

En 1996, c’est Myriam Boyer a été licenciée de Qui a peur de Virginia Woolf ?, dont la société de Niels Arestrup se chargeait de la majorité de la production. Elle a porté l’affaire devant les tribunaux et obtenu 800 000 francs de dommages et intérêts.

« Je ne suis pas un ange du tout »

Lors de l’audience, Myriam Boyer avait témoigné, selon des propos rapportés par Le Monde à l’époque : « Pendant la scène de l’étranglement, j’ai dû me défendre, parce qu’il me serrait le cou trop fort. Ensuite, lors d’une scène de tendresse où je lui tends le bras, il me l’a tordu à tel point que je me suis débattue. Quand je me suis plainte, Niels Arestrup a dit que je lui avais donné une gifle. Comme il est coproducteur du spectacle, il a demandé mon renvoi. Il avait commencé bien avant à me déstabiliser. Il aurait voulu que je craque, parce qu’il ne supporte pas d’avoir en face de lui une comédienne qui existe. »

En 2001 dans « On ne peut pas plaire à tout le monde », Niels Arestrup disait qu’il ne pouvait « que vivre avec » cette étiquette qui lui était accolée. « Bien sûr que j’ai une part de responsabilité. Je ne suis pas un ange du tout. J’essaye de faire mon métier avec passion parce que c’est la chose qui m’a aidée à vivre. (…) Je le fais avec ma nature et mon caractère. » Et c’est là qu’il a avancé n’avoir « jamais giflé une femme de [sa] vie ».