France

Nicolas Sarkozy, premier ex-président emprisonné, ne craint rien.

Nicolas Sarkozy doit être écroué mardi à la prison parisienne de la Santé, près d’un mois après sa condamnation à cinq ans de prison dans le procès libyen. La cour d’appel aura deux mois pour examiner la demande de mise en liberté de Nicolas Sarkozy, mais l’audience devrait intervenir plus rapidement.


Il deviendra le premier ancien président de la République française et ex-chef d’État de l’Union européenne à purger une peine de prison. Nicolas Sarkozy doit être incarcéré mardi à la prison parisienne de la Santé, près d’un mois après avoir été condamné à cinq ans de réclusion dans le cadre du procès lié à la Libye. « Je n’ai pas peur de la prison. Je garderai la tête haute y compris devant les portes de la Santé », déclare à *La Tribune Dimanche* l’ancien leader de la droite française, dont les avocats prévoient de déposer une demande de mise en liberté dès son incarcération.

À 70 ans, l’ancien président devrait être placé dans l’une des 15 cellules de 9 m² du quartier d’isolement, selon des agents pénitentiaires familiers avec cette unique prison parisienne. Ce choix vise à éviter les interactions avec les autres détenus, afin d’assurer sa sécurité et d’éviter les photographs prises avec des téléphones portables en détention.

**Des faits d’« une exceptionnelle gravité »**
Nicolas Sarkozy refuse de reconnaître tout projet de financement libyen pour sa campagne victorieuse de 2007 et s’est comparé à des condamnés innocents emblématiques de l’histoire et de la littérature française, tels qu’Alfred Dreyfus et Edmond Dantès, le comte de Monte-Cristo. Sur le réseau social X, son fils, Louis, a appelé chacun à « venir exprimer son soutien à Nicolas Sarkozy » près du domicile de l’ancien président mardi matin.

Le 25 septembre, les juges ont surpris l’audience en prononçant un mandat de dépôt à l’issue de sa condamnation pour association de malfaiteurs, sans attendre le procès en appel qui devrait se tenir avant l’été. Ils ont justifié leur décision par l’« exceptionnelle gravité des faits », laissant à l’ex-chef de l’État le temps de s’organiser avant son incarcération.

**Une remise en liberté sous deux mois ?**
Nicolas Sarkozy a été déclaré coupable d’avoir permis à ses deux plus proches collaborateurs au ministère de l’Intérieur, Brice Hortefeux et Claude Guéant, d’entamer des discussions à Tripoli sur un financement occulte de sa campagne par la Libye dirigée par Mouammar Kadhafi. Cela concerne des rencontres à la fin de l’année 2005 entre les deux hommes et Abdallah Senoussi, beau-frère du dictateur libyen, qui purgait une peine de réclusion à perpétuité en France pour l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989 (170 morts). Bien que le tribunal ait reconnu qu’il n’avait pas été prouvé que des fonds soient effectivement parvenus dans les caisses de campagne, l’enquête a révélé des mouvements financiers en provenance de la Libye « dans le but de [la] financer », selon le jugement.

La cour d’appel disposera de deux mois pour examiner la demande de mise en liberté de Nicolas Sarkozy, mais l’audience devrait se tenir plus rapidement. Les recours des deux autres condamnés dans cette affaire, Wahib Nacer et Alexandre Djouhri, seront examinés les 27 octobre et 3 novembre, soit un peu plus d’un mois après leur incarcération.

En attendant une éventuelle libération, Nicolas Sarkozy devra faire face à l’isolement. Le régime d’isolement prévoit une promenade quotidienne, seul, dans une cour de quelques mètres carrés. Il aura accès, selon un planning établi, à l’une des trois petites salles de sport du quartier pénitentiaire ou à la pièce désignée comme bibliothèque. Lors de ses déplacements, que ce soit pour se rendre au parloir ou chez le médecin, l’ex-chef de l’État sera escorté par au moins un gardien, et une procédure de « blocage » sera mise en place pour éviter tout contact avec d’autres détenus.