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NBA : Qui est Nico Harrison, le doux dingue GM de Dallas ayant fait partir Luka Doncic aux Lakers ?

Depuis dimanche matin, chaque nouvel épisode de l’échange Luka Doncic-Anthony Davis, qui s’apparente au big bang sur la planète basket, est savoureux. Avec quelques heures de recul, le tweet du compte officiel des Mavericks, célébrant samedi le Jour de l’indépendance du Texas avec une vidéo de Luka Doncic sortant de son Chevrolet Camaro de 1970 aux couleurs de sa franchise a pris une toute autre dimension. Il doit encore faire écumer de rage 99 % des fans de Dallas entrés officiellement en dépression.

Un reportage de Fox 4 News montre ainsi des supporteurs texans hurlant contre le départ de celui qu’ils voyaient comme le successeur de Dirk Nowitzki, « celui qui devait lui aussi avoir sa statue devant l’American Airlines Center ». Beaucoup d’entre eux dénoncent le « pire trade de l’histoire de la NBA » et un supporteur va jusqu’à comparer la fin de l’ère Doncic à « la mort d’un proche ». A la tête de ce drama du sport US/mondial figure un homme, dont le grand public ignorait l’existence il y a trois jours. Ladies and gentlemen, welcome Nico Harrison.

Dès janvier 2024, la relation semblait optimale entre l'intérieur Anthony Davis et son nouveau «general manager» Nico Harrison. Pour obtenir sa venue, celui-ci était donc prêt à céder son «franchise player».
Dès janvier 2024, la relation semblait optimale entre l’intérieur Anthony Davis et son nouveau «general manager» Nico Harrison. Pour obtenir sa venue, celui-ci était donc prêt à céder son «franchise player».  - J. Poorten / NBAE / Getty Images via AFP

Les jolis coups Irving et Thompson aux oubliettes

Soyons honnêtes, cet éphémère ex-basketteur professionnel en Belgique, au Japon et au Liban, devenu en juin 2021 « general manager » (GM) et président des opérations basket des Mavs, ne présentait pas un mauvais bilan jusque-là. En initiant la venue surprise du clivant Kyrie Irving à Dallas en février 2023, Nico Harrison avait pourtant essuyé bien des critiques. L’association entre deux arrières aussi forts/gloutons ballon en main ne sautait pas aux yeux. Sauf qu’avec cet excitant « backcourt », les Texans se sont hissés à la surprise générale en finales NBA au printemps dernier (1-4 contre Boston).

Mais ce joli coup, et à moindre mesure la venue en juillet 2024 comme « free agent » d’un autre All-Star de renom, Klay Thompson, ont volé en éclats dimanche. Nico Harrison est carrément devenu la risée de toute la NBA pour avoir lâché son joyau slovène en pleine force de l’âge (25 ans). Anthony Davis est certes un intérieur dominant des deux côtés du terrain, mais il va fêter dans un mois ses 32 ans, et il ne compte qu’une saison à plus de 65 matchs disputés (sur 82) depuis 2018. Un crime de lèse-majesté, quand on sait donc que les fans texans adoraient unanimement Luka, malgré son comportement souvent insupportable sur le terrain et sa rigueur discutable hors des parquets.

Rob Pelinka en héros national

Jamais dans l’histoire de la NBA un « franchise player », qui plus est meilleur marqueur de la Ligue la saison précédente (33,9 points par match), n’avait été transféré contre son gré, sans même être au courant. Le coach de Dallas Jason Kidd ne l’était pas davantage. Visage perdu aux côtés de Nico Harrison pour (tenter de) défendre ce transfert lors d’une conférence de presse bien morose dimanche soir, l’ancien grand meneur de jeu a reconnu avoir été « choqué » en apprenant la nouvelle, quasiment en même temps que le monde entier.

Lui aussi se demande encore sans doute comment son GM (avec la bénédiction du proprio des Mavs Patrick Dumont) a pu balancer aussi brutalement son meilleur joueur, actuellement blessé, sans même le mettre publiquement sur le marché au préalable afin d’obtenir les offres les plus stratosphériques de la plupart des franchises NBA prêtes à tout pour s’offrir une telle star. Mais non, seul Rob Pelinka, pote depuis vingt piges de Nico Harrison et GM des Lakers, était mystérieusement dans la confidence.

Celui-ci a carrément réussi l’exploit de faire revoir à la baisse la demande initiale de Nico Harrison, en raison des doutes émis par son homologue lui-même sur la condition physique de Doncic, comme le précisent plusieurs médias américains.

Nico Harrison (à gauche) assistait en octobre dernier, aux côtés de son pivot Dereck Lively II, de son coach Jason Kidd, mais aussi du désormais ex-joueur star des Mavs Luka Doncic, à un match de play-offs WNBA entre les Las Vegas Aces et le New York Liberty.
Nico Harrison (à gauche) assistait en octobre dernier, aux côtés de son pivot Dereck Lively II, de son coach Jason Kidd, mais aussi du désormais ex-joueur star des Mavs Luka Doncic, à un match de play-offs WNBA entre les Las Vegas Aces et le New York Liberty. - B. Gossage / NBAE / Getty Images via AFP

« Tout le monde me féliciterait de ne rien faire »

Résultat ? Les Mavs se contentent finalement de Davis, Christie et d’un seul premier tour de draft en 2029. Soit quasiment un braquage plaçant notre Nico Harrison sur le banc des accusés et bien en mal d’arguments :

« Je comprends qu’on soit choqué au départ. Pour moi, la chose la plus facile à faire est de ne rien faire, et tout le monde me féliciterait de ne rien faire. Mais nous y croyons vraiment. C’est à moi de prendre les décisions difficiles et le temps nous dira si j’ai raison. Nous avons vraiment le sentiment d’avoir pris les devants ce qui allait être un été tumultueux, puisque Luka Doncic était éligible pour le supermax et qu’il était à un an de pouvoir être « free agent ». Je crois que nous sommes à présent construits pour gagner à court et moyen terme. »

Et donc de faire mieux, sans son meilleur scoreur/passeur/créateur, que cette troisième finale NBA dans l’histoire de la franchise l’an passé ? Un pari monumental, et l’occasion pour un paquet de trolls en chef d’éplucher le CV du bonhomme. Il ne leur a pas fallu longtemps pour déterrer un fail majeur accolé à Nico Harrison (52 ans) lors de sa précédente expérience professionnelle : avoir entraîné le départ de Stephen Curry de Nike à Under Armour en 2013.

Un PowerPoint Nike consacré à Durant et non Curry

Nico Harrison était alors le vice-président des opérations de basket US pour la marque à la virgule, lorsque le meneur (pas encore star) des Warriors, déjà vexé de ne pas se voir promettre une chaussure à son nom et un contrat majeur (2,5 millions de dollars par an contre une proposition à 4 M$ chez Under Armour), avait mal vécu une réunion avec Nike. Un représentant l’aurait en effet appelé Stephon et non Stephen, tout en lançant un PowerPoint consacré à… Kevin Durant.

« Ce n’est pas moi qui l’ai appelé Stephon, se défendait à ce propos Nico Harrison, en 2022 auprès du média Kicks on Si. Je l’ai peut-être appelé par erreur Seth [son frère cadet] mais je n’ai pas mal prononcé son prénom. Nike a fait une erreur ce jour-là, et en toute honnêteté, s’il était resté chez Nike, son business serait devenu monstrueux. »

« Nico Harrison a trahi toute une fanbase »

Si la saignée du compte Instagram des Dallas Mavericks (4,6 millions d’abonnés), qui vient de perdre plus de 700.000 followers depuis le trade de Luka Doncic, ne l’empêchera pas de dormir, Nico Harrison a sans doute gagné autant de haters pour la vie, à commencer par le compte X Dallas Mavs France, auteur d’un touchant post lundi sur la part essentielle des émotions dans le sport.

« Le 2 février 2025 restera comme le pire jour de l’histoire des Dallas Mavericks, estime-t-il. Nico Harrison a trahi toute une fanbase, toute une ville. Il nous a arraché une magnifique histoire loin d’être terminée. Et peu importe qu’il nous en propose une autre où on gagne, ce n’est pas celle-là qu’on veut. En nous retirant Luka Doncic aussi brutalement, Nico Harrison a décidé de ne montrer aucune compassion, aucun remords envers toutes les personnes qui supportent les Mavs au quotidien. Il ne regarde le basket-ball que par le prisme des résultats, sans avoir une once d’émotion. »

Notre dossier sur la NBA

Vous avez gagné messieurs, on ne vit plus que pour les regards appuyés de Luka Doncic en direction de son ancien GM, à chacun des 55 points du Slovène, le 25 février lors du prochain volcanique Lakers-Mavs en Californie. Et encore, on vise bas.