NBA All-Star Game : Victor Wembanyama en sauveur de l’événement, bien plus que cet étrange nouveau format ?

Un jeune Shaquille O’Neal à 2/12 aux tirs ciblé par Hakeem Olajuwon et David Robinson dans une féroce bataille de big men en 1994, Michael Jordan devant s’arracher à 40 piges devant Shawn Marion pour inscrire un shoot ultra-clutch en 2003 ou encore Allen Iverson et Stephon Marbury renversant 21 points de retard dans le dernier quart-temps en 2001. Le NBA All-Star Game compte des tas de moments iconiques dans son histoire… mais tous à une lointaine époque où on ne flirtait pas avec les 400 points inscrits sur un match (211-186 en 2024 !) et les 170 tentatives à trois points (97 rien que pour l’Est de Damian Lillard l’an passé).
Consciente d’avoir plongé dans le ridicule comme jamais à Indianapolis, la NBA s’est bougée pour réinventer son « événement », en vue de l’édition 2025 au Chase Center de San Francisco, dans la nuit de dimanche à lundi. Accrochez-vous, le nouveau format est chelou à souhait : on aura droit à un mini-tournoi à quatre équipes, avec deux demi-finales (à partir de 2h20) puis une finale programmée à 4 heures. Mais cette fois-ci, plus d’orgie offensive indigeste sur 48 minutes au menu : le vainqueur sera la première équipe à inscrire 40 points. Un cap atteint en huit minutes de jeu l’an passé, ce qui annonce en théorie une fête sacrément courte.
« En 40 points, tu n’as pas le temps de blaguer »
« La NBA mise sur ce règlement pour pousser les équipes à défendre plus dur afin de ne pas passer à la trappe trop rapidement, observe l’ancien pivot vice-champion olympique en 2000 avec les Bleus Frédéric Weis. C’est une période de tests, la Ligue est consciente que le All-Star Game plaît de moins en moins. En 40 points, tu n’as pas le temps de blaguer. »
Et c’est là qu’un nouveau visage ne peut faire que le plus grand bien à cet ASG en mutation : notre Victor Wembanyama national. Deuxième du trophée de meilleur défenseur NBA dès sa saison rookie, « Wemby » est avec ses 2,24 m l’arme de dissuasion numéro une aux Etats-Unis, leader aux contres (3,8 par match), tout en combinant 11 rebonds et 1,1 interception en moyenne.
Désormais consultant pour beIN SPORTS, diffuseur français du All-Star Game, Frédéric Weis poursuit : « Ce rendez-vous est devenu inintéressant parce qu’il n’y a aucune défense, que ça laisse jouer et que personne ne veut risquer de se blesser. Ça lève le pied, mais jusqu’à ce qu’un mec arrive et commence à contrer, à empêcher tous les paniers faciles et à dunker sur tout le monde. Là, ça va énerver les autres, et peut-être que ça va les motiver à jouer un peu plus dur. Or personne n’a un meilleur profil que le meilleur contreur NBA pour changer ça ».
Le « coup de pied dans la fourmilière » de « Wemby »
Un Français de 21 ans sauveur d’un événement sportif ayant longtemps été l’un des plus suivis au niveau planétaire ? Trois semaines après avoir été la tête d’affiche des NBA Paris Games, « Wemby » peut en tout cas devenir le nouveau visage de la Ligue, bien au-delà de l’Hexagone.
Dans le Top 5 des maillots NBA les plus vendus à travers le monde, l’ancien intérieur de Boulogne-Levallois a fermement annoncé ses intentions quant à ce match de gala : « Je ne suis pas là pour me faire des amis. C’est un déplacement professionnel. Si cela s’avère être un match lent et juste ludique comme tous les récents ASG, j’espère pouvoir apporter ce contraste en étant le seul gars qui plonge sur le ballon et qui se bat sur chaque action ».
« Je suis un peu partagé sur cette sortie, confie Frédéric Weis. D’un côté, c’est bien de voir quelqu’un mettre un coup de pied dans la fourmilière. Ça va peut-être faire bouger les choses sur cet All-Star Game, qui peut vraiment gagner en compétitivité et en dureté. Mais Victor se met quand même un peu en danger en affirmant cela car c’est un jeune joueur, et on voit qu’il est le seul à monter au front sur le sujet. »
Pour cette « journée au boulot », « Wemby » compte donc se plonger pleinement dans son premier match des étoiles, a minima sa demi-finale. Tout l’inverse du Skills Challenge duquel il a été disqualifié samedi avec son coéquipier aux Spurs Chris Paul, en tentant le coup de poker de réaliser à 3.000 à l’heure ce parcours (dispensable), sans chercher à inscrire le moindre shoot extérieur.
« Connaissant Victor et sa gloutonnerie… »
Il y aura du beau monde à ses côtés ce dimanche dans cette équipe « Global Stars » de Charles Barkley à l’accent international, à commencer par les deux favoris pour le titre de MVP de la saison Nikola Jokic et Shai Gilgeous-Alexander. De quoi sortir un peu de l’actuel gros coup de mou collectif à San Antonio (13 défaites sur les 18 derniers matchs), malgré la récente arrivée de l’excellent meneur de jeu De’Aaron Fox.
« Connaissant Victor et sa gloutonnerie, il aimerait bien avoir le titre de MVP de cet All-Star Game, assure Frédéric Weis. Il veut marquer l’histoire et même si ce match n’a pas une importance folle, ce trophée individuel reste une vraie consécration. »
Un test avant un choc USA-reste du monde annuel ?
Une récompense qu’avait validée l’ex-leader des Mets sur le sol français lors du All-Star Game LNB en décembre 2022. Présent à ses côtés pour venir à bout de l’équipe « monde » (136-128), le shooteur du CSP Limoges Nicolas Lang se souvient de son investissement sur ce match.
« Victor a toujours eu envie de gagner, peu importe le match. Pour cet All-Star Game français, il était là pour faire le show mais aussi pour gagner, et le format « Français contre étrangers » aide en ce sens. Je pense que son envie de gagner peut se retranscrire aussi sur un ASG NBA, quand on voit qu’il avait les nerfs lorsque Anthony Edwards avait un peu fait n’importe quoi sur le Skills Challenge avec lui l’an passé. Ce côté gagnant peut le différencier des autres joueurs sur ce rendez-vous : il ne sera pas là pour trottiner et simplement prendre des shoots du milieu du terrain. »
Notre dossier sur Victor Wembanyama
Avec 27 points, 12 rebonds, 3 interceptions et 2 contres, Victor Wembanyama avait enflammé Bercy pour notre All-Star game à la française. Deux ans plus tard, il est temps pour lui de marquer encore un peu plus le basket américain. Et de préparer pour de bon la NBA à un duel annuel à la sauce LNB, à savoir entre les meilleurs joueurs US et le reste du monde. La rivalité qui manque tant dans ces récents matchs Est-Ouest serait alors de retour, et elle pourrait sauver pour de bon cet All-Star Game tant décrié. Et évidemment sur 48 minutes de régalade, pas sur ce format test de tournoi 3×3 de Pentecôte.