France

Naturalité, alternatives végétales… Comment l’industrie agroalimentaire accélère sa transition

« Le futur sera naturel », « Développer votre naturalité », « Un futur plus sain et savoureux »… Les slogans s’affichent en grand, sur presque tous les stands. Nous ne sommes pourtant pas dans un salon de la bio et du bien-être mais au CFIA, le plus grand salon de l’industrie agroalimentaire de France, qui se tient jusqu’à jeudi au parc des expositions de Rennes. Un grand raout réunissant des milliers de professionnels venus présenter ou découvrir les dernières tendances alimentaires.

En la matière, c’est le végétal qui se fait ces dernières années la part belle avec une véritable explosion de l’offre. « Ce n’est pas un effet de mode mais une tendance lourde qui ne cesse de progresser sur fond d’urgence climatique », observe Etienne Guillocheau, consultant en nutrition pour le cabinet de conseil Food Innov, basé à Rennes.

Dans les travées du salon, les alternatives végétales sont en effet présentes partout pour remplacer le steak de bœuf, le jambon blanc, le thon, les crevettes et même le foie gras, avec une recette à base de légumes et de noix. Basée à Vitry-en-Artois dans le Nord, la marque Accro s’est lancée en 2019 sur ce marché en proposant des steaks ou des boulettes simili-carnés, à base de protéines de pois et de blés cultivés en France. « Le marché est en train d’exploser en France et un peu partout en Europe, ce qui a poussé les acteurs de l’agroalimentaire à prendre ce virage il y a deux ou trois ans », souligne Julien Dubois, commercial pour la marque.

Epices, plantes ou légumes en guise de colorants

Dans cette offre pléthorique, le soja a fait de la place à d’autres aliments comme les légumineuses, qui s’invitent de plus en plus dans les préparations. « Les industriels redécouvrent ces végétaux qui ont pendant longtemps été mis de côté au profit des protéines animales », indique Etienne Guillocheau.

Moins accro à la viande, l’industrie agroalimentaire cherche aussi à redorer son image ternie par plusieurs scandales. Le consommateur étant de plus en plus attentif au contenu des étiquettes et en quête de produits sains, les acteurs de la filière exploitent ainsi désormais le filon de la naturalité. « Ils veulent tous des ingrédients naturels pour remplacer les additifs E, dont les consommateurs se méfient », assure Arnaud Clément, responsable de Raps France. Vieille de près d’un siècle, cette société propose aux professionnels des mélanges d’épices qui font office de colorants et d’antioxydants naturels. D’autres acteurs misent également sur les plantes ou les légumes pour remplacer les colorants alimentaires chimiques.

Des additifs plus naturels mais aussi plus chers

En 2019, une étude de l’Agence de sécurité sanitaire montrait ainsi que l’utilisation d’additifs dans la fabrication de produits agroalimentaires avait globalement baissé en dix ans. « Il y a là une pression positive du consommateur, note Etienne Guillocheau. Mais il faut qu’elle soit aussi constructive car les entreprises agroalimentaires ont des contraintes et ne peuvent pas changer comme ça de recette en replaçant simplement un ingrédient par un autre. »

Commercial en France pour la marque espagnole Catalina Food Solution, Aymen Mhiri met aussi en garde. « Les industriels sont parfois accablés par la législation, indique-t-il. On essaie donc de trouver des alternatives plus naturelles pour leurs besoins. Mais les additifs naturels sont plus chers que les additifs de synthèse. Cela va donc obligatoirement se répercuter sur le prix des produits. »