France

Narcotrafic : un policier jugé à Paris pour avoir transmis des infos sensibles à un proche de trafiquant en fuite

Un policier de 50 ans, membre de l’Office antistupéfiants (Ofast), a comparu mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir transmis des informations confidentielles à un proche d’un narcotrafiquant recherché et en fuite à Dubaï.

Le parquet a requis trois ans de prison, dont deux fermes, ainsi qu’une interdiction d’exercer pendant cinq ans, estimant que le prévenu avait « mis en danger l’État de droit ».

Une « trahison de secrets importants au bénéfice du crime »

Sous contrôle judiciaire depuis janvier, avec interdiction d’exercer ses fonctions, le policier est poursuivi pour violation du secret de l’instruction, violation du secret professionnel, et détournement du fichier des personnes recherchées (FPR). Le procureur a dénoncé une « trahison de secrets importants au bénéfice du crime », en soulignant que, même en l’absence d’enrichissement personnel, la gravité des faits ne faisait aucun doute.

À la barre, le prévenu a nié les accusations et affirmé qu’il tentait simplement de recruter une source dans le cadre de son enquête. « La gestion d’une source, c’est compliqué, c’est très complexe », a-t-il plaidé. « C’est du donnant-donnant. » Mais la présidente du tribunal est restée sceptique : « Qu’avez-vous obtenu en échange ? », lui a-t-elle demandé, soulignant que sa hiérarchie n’avait jamais validé cette initiative.

Informations sensibles sur un narcotrafiquant

L’enquête a été ouverte après un signalement interne de l’Ofast, faisant état du comportement suspect du policier. Les investigations ont révélé qu’il aurait transmis à un proche du trafiquant visé des informations sensibles issues d’une enquête menée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris. Parmi les données divulguées figuraient notamment les identités d’emprunt utilisées par le narcotrafiquant pour voyager discrètement sans être inquiété par les forces de l’ordre. Le procureur a jugé cette initiative d’une extrême gravité : « Si cela n’a pas été partagé avec la hiérarchie, c’est que c’était inavouable, trop grave. »

Consulter notre dossier sur le narcotrafic

De nombreux policiers en civil étaient présents à l’audience pour soutenir leur collègue. Ému, le prévenu a déclaré que son métier représentait toute sa vie, laissant échapper quelques larmes au moment d’évoquer son avenir hors de la police. La défense, représentée par Me Lara Fatimi, a plaidé la relaxe et demandé l’annulation de la procédure. Le tribunal rendra son jugement le 9 avril.