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Nantes : Fréquentation, nouveaux trams, finances… L’année de tous les enjeux pour la TAN

Quelque 138 millions de voyages ont été comptabilisés en 2022 dans les transports en commun de l’agglomération nantaise, annonce ce vendredi la Semitan. Un chiffre bien supérieur à 2021 (+18 %) mais qui reste en deçà de 2019 (148 millions de voyages), année de référence d’avant Covid. « On est à 90 % de notre fréquentation de 2019 », souligne Olivier Le Grontec, directeur de la TAN, qui avance le développement du télétravail, une diminution des déplacements et un report vers le vélo comme explications. La capacité à retrouver un volume de trafic conséquent, après trois années compliquées, est un enjeu majeur pour l’entreprise. « On peut espérer y arriver d’ici à la fin 2023, estime le directeur. La bonne nouvelle, c’est que la fréquentation est proche de 95 % depuis quelques semaines. On a également enregistré 6.000 abonnés supplémentaires depuis septembre. »

Le déficit de voyageurs est concentré en semaine puisque la fréquentation du week-end est, elle, en croissance de 15 % par rapport à 2019, grâce à la gratuité du réseau. « La réussite est incontestable. Il y a des personnes qui n’utilisaient pas les transports en commun avant qui le font désormais », assure Olivier Le Grontec. Cas un peu particulier, les lignes Navibus sont même débordées le samedi et le dimanche. « Nous n’aurons pas les moyens d’augmenter l’offre de Navibus pour deux jours », précise-t-il.

Les nouveaux trams vont débarquer

L’année 2023 se distinguera également par l’arrivée très attendue des nouvelles rames de tramway, d’une capacité supérieure (300 places contre 250 actuellement). Soixante et une rames ont été commandées au constructeur Alstom, mais 14 seront livrées, pour commencer, au printemps. La mise en service commerciale s’effectuera à partir de l’automne, au compte-goutte. Quatre générations de tramway circuleront donc sur le réseau en même temps. A l’horizon fin 2024, les nouveaux trams devraient tous avoir remplacé les vieillissantes rames Alstom datant de 1985.

Autre projet attendu : la modernisation de l’information voyageurs et de la billétique afin de « renforcer la multimodalité ». Les travaux de prolongement de la ligne 1 de tramway et de construction d’un pôle d’échanges multi-modal doivent également entrer dans leur phase active à Babinière, tandis que les études de terrain des futures lignes 6 (tram), 7 (tram) et 8 (busway) seront lancées.

La Semitan espère aussi qu’elle parviendra à résoudre en 2023 ses difficultés de recrutement, en particulier sur le métier de conducteur. La pénurie est nationale et elle touche aussi les sociétés sous-traitantes, créant des dégradations de service sur les lignes secondaires et une grogne compréhensible des usagers. « Nous essayons d’y répondre en formant des contrats de professionnalisation », répond le directeur.

Des finances sous haute tension

Sur un plan financier, 2023 sera l’année où la TAN verra réellement sa facture énergétique flamber. Ses contrats favorables sur le gaz et l’électricité étant arrivés à échéance, la direction prévoit une augmentation de sa dépense d’un « montant annuel de 20 à 25 millions d’euros », en raison de la crise énergétique. « C’est extrêmement important. Nous n’avons pas les moyens d’y faire face nous-mêmes. La métropole va nous aider », lâche Olivier Grontec.

Un achat groupé avec d’autres collectivités est programmé sur le gaz. Mais une augmentation de tarifs des tickets et abonnements, d’un pourcentage supérieur aux années précédentes, est surtout envisagée par la métropole, à partir du 1er juillet. Une légère rationalisation de l’offre de transport a déjà été mise en œuvre.

Autre sujet délicat, celui de l’augmentation des salaires réclamée par les représentants du personnel de la TAN dans les cadre des NAO. Les syndicats, qui ont manifesté à l’entrée de la cérémonie des vœux ce vendredi, espèrent compenser l’inflation et visent une hausse de la valeur du point d’au moins 5 %. La direction propose une revalorisation de 3,4 %. « Nous sommes dans un contexte financier extrêmement contraint. Les discussions sont toujours en cours », indique Olivier Le Grontec.