France

Mystère des noms de paiement étranges : Loulily, Newrest…

Dans les relevés bancaires, il apparaît des noms de paiements peu clairs, comme « Boulogne-Levallois Metropolitans 92 » pour 20 euros et « Relais Charbon » pour 22,90 euros. Selon un porte-parole de Revolut, « Les informations sur les commerçants peuvent parfois sembler cryptiques car elles sont fournies directement par le détaillant ou son prestataire de paiement. »


En consultant votre compte bancaire, il est courant de découvrir des transactions mystérieuses. Des noms inattendus de paiements apparaissent souvent sans explication. Par exemple, 20 euros dépensés à « Boulogne-Levallois Metropolitans 92 », alors qu’on ne se souvient pas d’avoir acheté quoi que ce soit au club de basket de la ville. Qui est donc « Relais Charbon », où avons-nous dépensé 22,90 euros ? Et « 11h59 », qui nous tire deux prélèvements le même jour ?

Des souvenirs peuvent parfois aider à éclaircir ces mystères. « Boulogne-Levallois Metropolitans 92 » représente en fait un Monoprix à Levallois où nous avons réellement fait nos courses. 11h59 correspond à la cafétéria et la cantine du bureau, d’où provient la double dépense. « Relais charbon » désigne le restaurant Le Centenaire, où nous avons déjeuné près de l’Assemblée nationale. Bien que nous puissions nous souvenir de certaines transactions, une analyse plus approfondie de nos relevés bancaires laisse parfois des enigma irrésolues. Nous ne saurons jamais vraiment ce qu’était « Le 176 », même si les -44 euros à 22h45 suggèrent un bar avec plusieurs pintes, le Phie Goldfarb et ses 7,90 euros débités de notre carte, ou les 3 euros dépensés au Overtstim… La vie d’adulte est également faite de questions sans réponse.

Pourquoi certains intitulés de paiements sont-ils si déroutants ? Cela s’explique par un mauvais référencement de la part des banques. Celles-ci sont responsables du transfert d’argent entre le client qui paie et le commerçant qui reçoit les fonds. Pour ce faire, elles utilisent des « flux monétiques de compensation », transférant l’argent tout en incluant les identifiants du payeur et du receveur – autrement dit, du TPE utilisé, le terminal de paiement électronique.

D’une part, un établissement peut avoir changé de propriétaire, de nom ou même de fonction, sans que les TPE soient mis à jour. Ainsi, notre mystérieux achat de 6 euros chez « Loulily » provient en réalité des cinq baguettes de « Secrets des pains », la boulangerie ayant changé de nom sans que son dossier soit mis à jour.

Par ailleurs, les TPE ne sont pas toujours liés à l’enseigne elle-même, mais à la société qui en a la gestion. Par exemple, si vous faites des achats dans un petit commerce appartenant à une société, il est fréquent que le nom de la société apparaisse sur votre relevé bancaire plutôt que celui du petit commerce. De même, notre café au wagon-bar du TGV, facturé à 3,70 euros, est notifié non pas à « wagon-bar du TGV n° 8466 » mais à « Newrest », une société de restauration hors foyer. Un porte-parole de Revolut a déclaré à *20 Minutes* : « Les informations sur les commerçants peuvent parfois sembler cryptiques car elles proviennent directement du détaillant ou de son prestataire de paiement. Elles ne sont pas toujours présentées dans un format adapté aux consommateurs. »

Une mise à jour des intitulés serait donc nécessaire, mais peu de banques y travaillent. « Il y a un manque d’intérêt relatif de la part des banques. Ce n’est toujours pas un sujet prioritaire », déplore Benoit Gruet, CEO de CDLK Services, une société française spécialisée dans l’enrichissement des données de paiement, visant à résoudre ce genre d’énigmes. « Permettre au client de reconnaître la transaction devrait être le b.a.-ba. Les banques devraient être capables de présenter un libellé explicite », regrette-t-il.

Les néobanques en ligne – comme Revolut, N26, etc. – affichent généralement moins de « paiements mystères » que les autres institutions. Leur argument repose sur une meilleure lisibilité des paiements – notifications, affichage instantané, etc. – ce qui nécessite également un travail de nettoyage des noms. « Nous nettoyons activement ces informations – en utilisant les données réseau, des correspondances internes et les retours des utilisateurs – afin d’afficher, autant que possible, des noms, logos et emplacements de commerçants plus clairs », déclare un porte-parole de Revolut.

Il ne faut pas uniquement blâmer les banques. Il arrive que le nom soit effectivement correct, mais tout de même étrange. Ainsi, après quelques recherches, nous avons appris que « 11h59 » est bien le nom de notre cantine professionnelle.