Mutuelles santé : L’entreprise, l’employé, le retraité… Qui va payer la hausse de 6 % des tarifs en 2025 ?
En 2025, on ne change pas les mauvaises habitudes avec une hausse des prix des mutuelles complémentaires santé de 6 % en moyenne. C’est la troisième année consécutive que les tarifs vont augmenter. La Mutualité française justifie cela par la hausse « structurelle » des dépenses de santé en France, de + 5,2 % en 2023. Et la consultation d’un médecin généraliste, qui passe à partir de lundi prochain de 26,5 à 30 euros, ne risque pas de diminuer les dépenses.
Reste une question : qui va payer cette hausse ? On vous explique tout.
Pour commencer, c’est quoi une mutuelle santé ?
En France, la plupart des frais médicaux et hospitaliers sont pris en charge par la Sécurité sociale et l’Assurance maladie, une couverture qui concerne l’ensemble de la population. « 80 % des frais sont ainsi couverts », explique Arthur Martiano, CEO du Lynx.fr, site de comparateur d’assurances. La mutuelle est un supplément payant pour les personnes majeures, salariées ou non, qui va couvrir une partie du montant restant. « Elle prend en compte 12 à 13 % des frais de santé, ce qui laisse environ 7-8 % de reste à charge, autrement dit payés de votre poche ».
Avoir une mutuelle n’est pas obligatoire en France, vous pouvez choisir de vous en passer, mais cette option reste extrêmement minoritaire. « 95 % de la population pouvant avoir une mutuelle en possède une », indique Arthur Martiano. Avec toutefois de fortes disparités.
Comment ça marche, une mutuelle ?
Les mutuelles se divisent en deux cas : l’individuelle et la collective, explique Nathalie Coutinet, enseignante en économie de la santé à l’université Sorbonne Paris Nord. Cette dernière concerne les salariés du privé. Depuis l’Accord National Interprofessionnel (ANI) voté sous François Hollande en 2013 et applicable à partir de 2016, toute entreprise privée a pour obligation de proposer une mutuelle collective à ces salariés. Cette mutuelle collective est prise en charge à au moins 50 % par l’entreprise.
« La prise en charge par l’entreprise peut augmenter à 60 %, 70 %, 80 %… Plus l’entreprise est grande, plus il y a de chances qu’elle prenne davantage que le minimum », explique Nicolas Da Silva, économiste de la santé. « Il y a un seuil net à partir de 100 salariés où l’écart se creuse grandement dans le taux de prise en charge par les entreprises. » A noter qu’un salarié peut refuser la mutuelle collective et prendre une collective individuelle s’il y trouve des avantages (par exemple une meilleure prise en charge de ses soins spécifiques).
Pour la mutuelle individuelle… eh bien vous payez tout. Cela concerne les étudiants, les libéraux, les personnes au chômage, les retraités et les salariés des fonctions territoriales et hospitalières publiques. Le prix de la mutuelle varie avec l’âge. Plus vous vieillissez, plus cela coûte cher, car plus vous avez de probabilité d’avoir des soins de santé. Ainsi, la mutuelle d’un étudiant coûte en moyenne 460 euros par an, contre 1.670 euros pour un retraité, indique Arthur Martiano.
Bon et du coup, qui va payer la hausse de 2025 ?
Pour les mutuelles collectives, « une entreprise sera toujours obligée de prendre 50 % », rappelle Nathalie Coutinet, donc si votre entreprise couvre seulement le strict minimum des frais, elle sera dans l’obligation de prendre au moins la moitié de la hausse subie. Et une entreprise ayant plus de couverture – 60 %, 70 % – a peu de chance de vous reporter toute la hausse sur le dos.
Si c’est une mutuelle individuelle, c’est pour votre pomme entièrement. Ce qui rend les hausses plus difficiles à encaisser financièrement. En 2025, certes, les mutuelles collectives vont augmenter en moyenne de 7,3 %, contre « seulement » 5,3 % pour les mutuelles individuelles, « mais ces dernières vont devoir être assumée seule par les personnes, ce qui rend la hausse plus importante », explique Nathalie Coutinet.
« Ça rend d’autant plus important de bien choisir sa mutuelle », indique Arthur Martiano. Par exemple, si vous n’avez pas de lunettes, « inutile de prendre une mutuelle qui les couvre et penchez-vous sur un modèle moins cher ».
Pourquoi c’est critiqué ?
« En déplaçant le remboursement de la Sécurité sociale à la mutuelle, on accroît les inégalités », explique Nathalie Coutinet, vu qu’il y a une grosse différence de remboursement selon le cas et le niveau de vie. « Plus le salarié a un haut salaire, plus il a de chance de faire partie d’une grosse entreprise, moins il aura à payer en plus pour sa mutuelle. Cela créer une double inégalité financière », poursuit Nicolas Da Silva.
Mais attention à « ne pas diaboliser les mutuelles », précise l’économiste. « On est loin d’un système à l’américaine, et les mutuelles ne sont pour la plupart pas rentables, ou très peu rentables. Elles cherchent juste à ne pas perdre d’argent en augmentant les prix, mais ne se dégagent pas de marge. »