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Musicalement, les années 1990 peuvent-elles rivaliser avec les « indétrônables » années 1980 ?

Dès les premières notes des Démons de minuit ou de Nuit de folie, rares sont ceux qui boudent la piste, dans les mariages ou les discothèques. Et dans les karaokés, on n’échappe jamais à L’Aziza ou à Je te donne, deux autres standards des années 1980. Qu’on l’ait vécue ou pas, cette décennie bénie a une place à part, rayon musique. Et les années 1990, alors ? A l’occasion du concert de Larusso, Benny B et Yannick, samedi (à 20 heures) à la Foire de Montpellier, on vous a demandé si les années 1990, qui ont vu naître le grunge, la Macarena et les boys bands, pouvaient rivaliser avec les années 1980.

Et… Les Eighties semblent, sans surprise, avoir vos faveurs. Nombreux sont les témoignages reçus par 20 Minutes qui évoquent l’imbattable foisonnement de cette décennie. « Les années 1980, c’était la créativité débridée ! », écrit un internaute. La décennie suivante, en revanche, c’était « la standardisation de la musique ». « Les années 1980 sont trop mythiques, confirme Youcef. Même les années 1970 sont devant les 1990 ! » Les années 1980 sont « intemporelles et indétrônables », assure Marie.

Indochine, en 1986.
Indochine, en 1986. – BENAROCH/SIPA

La décennie 1980, c’est « la meilleure, la plus gaie »

« Mon fils, né en 1993, fait la fête avec ses copains » sur des sons des Eighties, se marre une autre lectrice. « C’est la meilleure, la plus passionnée, la plus gaie, s’enflamme Corinne. Rien à voir avec la musique électronique et sans aucune âme des années 1990. » Dans les années 1980, « il y a eu une richesse musicale énorme, et des artistes monumentaux, comme Donald Fagen, Al Jarreau, Imagination, etc. Ces empreintes sont trop fortes pour que les années 1990 puissent avoir la même importance », ajoute Vincent, qui pointe « l’appauvrissement » musical qui a touché les générations suivantes. « Il y a eu du très bon dans ces deux décennies, assure un autre lecteur. Bon, c’est sûr que si on parle kitch, les Larusso, Benny B et Yannick ne font pas le poids face aux Jean-Pierre François, Images ou J.J. Lionel », et sa Danse des canards.

Eric Hirschi, animateur sur Radio One, qui a débuté la radio dans les années 1980, a, lui aussi, une préférence pour la génération 45 tours. « Si les années 1970 et 1980 marchent aussi bien, c’est parce qu’elles sont intimement liées à la fête, confie-t-il. Elles ont connu des mouvements forts, comme le disco et la libération post-Mai 1968 pour les premières, et une époque glorieuse, pour les secondes. » La décennie suivante, c’est différent. La culture grunge, qui a propulsé Nirvana ou Pearl Jam, « vient de Detroit, une ville minée par le chômage, explique Eric Hirschi. On parle de crise… Kurt Cobain s’est suicidé… On n’a pas du tout le même rapport, avec cette musique ». La nostalgie des années 1990, « on devrait y être là, normalement, poursuit-il. Et on n’y est pas. Ce sont même les années 2000, qui prennent les devants. Et les années 1990 sont un peu passées à l’as. Peut-être que c’est une période dont les gens n’ont pas envie de se souvenir. »

« Les années 1990 ont été plus riches musicalement »

Mais ce n’est pas, toutefois, qu’une génération désenchantée. Il y a quand même eu du beau linge, dans les années 1990. Mylène Farmer a sorti ses meilleurs albums, le hip-hop français a explosé, Coolio a écrit Gangsta’s Paradise et Gala a fait danser la planète. Frédéric, lui, vote Nineties. « Il y a eu du bon dans les deux décennies, mais, selon moi, les années 1990 ont été plus riches musicalement, moins « boîtes de nuit », et avec une plus grande maturité », confie-t-il. Les curiosités du Top 50, qui pullulaient dans les années 1980, poursuit-il, ont été remplacées par « des chansons plus sérieuses ». « Et puis, les années 1990, c’est aussi une plus grande diversité de styles, avec des genres qui étaient, avant, très confidentiels, et qui se sont révélés au grand public, comme la musique électronique, avec Daft Punk, ou le rap avec MC Solaar, NTM ou IAM. »

Jean-Hubert a, lui aussi, un faible pour les années CD. « J’étais minot dans les années 1980, et j’ai haï tout ce qu’on écoutait chez Patrick Sabatier, se souvient-il. Billy the Kick et Zebda ont de beaux jours devant eux ! Et à la maison, La tribu de Dana est au sommet des charts, grâce à ma fille de 14 ans, qui a remis Manau au goût du jour ! »

Arthur et Ophélie Winter sur le plateau de La fureur, sur TF1, en 1998.
Arthur et Ophélie Winter sur le plateau de La fureur, sur TF1, en 1998. – CHOGNARD/TF1/SIPA

Les deux décennies « finiront par se confondre »

Niko Batik, DJ à Montpellier, a également une certaine tendresse pour les Nineties. « Les années 1980 cartonnent toujours partout, confie-t-il. Mais les Spice Girls, Britney Spears, Lou Bega, Ricky Martin ou Gala sont des artistes que le public me demande régulièrement de jouer dans les boîtes ! Et puis, en tant que DJ généraliste qui joue principalement des tubes du moment, comme ces titres sont souvent des reprises ou qui utilisent souvent des samples des années 1990, ça me permet de diffuser les originaux ! »

Un dernier lecteur, lui, n’a pas d’avis tranché sur la question. Bientôt, de toute façon, pense-t-il, les années 1980 et 1990 « finiront probablement par se confondre. On commence à entendre les Spice Girls dans les soirées 1980. On a bien Patrick Hernandez qui hante tous les revivals des années 1980 avec son tube disco de 1979 », Born to be alive. « Cela dit, Boum ! de Charles Trenet, je suis bien embêté de dire si ce sont les années 1930, 1940, voire 1950 ». Peu importe, après tout, tant que ça sonne bien.

Samedi (20 heures), la terrasse gourmande de la Foire de Printemps de Montpellier accueillera un concert avec Larusso, Benny B, Yannick et Stan, de la Star Academy. Entrée libre, tarif compris dans le prix de l’entrée à la foire (4 euros).