Municipales à Paris : L’opposition de Gabriel Attal à Rachida Dati.
Renaissance a choisi mardi de ne pas soutenir Rachida Dati pour les élections municipales 2026 à Paris. La ministre sera jugée en septembre 2026 pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Renault-Ghosn.
Le soutien a tardé à se manifester et il ne se concrétisera jamais. Renaissance a décidé, mardi, d’ignorer Rachida Dati pour les élections municipales de 2026 à Paris. La commission d’investiture du parti, dirigé depuis un an par Gabriel Attal, a « validé à l’unanimité moins deux voix le soutien à Pierre-Yves Bournazel », le candidat du parti Horizons d’Édouard Philippe. Ce choix suscite des divisions parmi les macronistes à Paris. Après des mois d’hésitation, pourquoi Gabriel Attal a-t-il finalement opté pour ne pas soutenir la ministre de la Culture, prenant le risque de se mettre des alliés à dos ?
Une défiance de la base
Affaiblie par plusieurs affaires judiciaires, Rachida Dati ne faisait pas l’unanimité au sein des membres de Renaissance. « Je n’ai pas l’intention de faire campagne pour elle. On sait qu’elle nous écrabouillera à la première opportunité », soulignait un cadre Renaissance cet été. De plus, la ministre sera jugée après l’élection, en septembre 2026, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Renault-Ghosn.
Sur le terrain, des militants macronistes ont évoqué ces dernières semaines des questions « éthiques », se montrant réticents à soutenir une personnalité clivante qui n’hésite pas à s’en prendre à des journalistes et des magistrats. « Pierre-Yves Bournazel a aussi eu le mérite de nous faire de la place sur sa liste (55 % et dix têtes de listes pour les mairies d’arrondissement) et de ne pas nous soumettre sa vision du projet », constate également une macroniste parisienne.
Un accord avec Horizons ?
« Je ne comprends pas que notre parti soutienne quelqu’un qui a appelé à la démission d’Emmanuel Macron », exprime Sylvain Maillard. Le député, qui dirige la fédération parisienne de Renaissance, maintient son soutien à la ministre de la Culture. « Elle est la meilleure candidate, elle a l’expérience et mène dans les sondages depuis des mois », affirme-t-il. L’élu a annoncé mardi qu’il allait se « mettre en retrait » de la présidence de la fédération afin de mieux soutenir la campagne de Dati, avec d’autres macronistes, comme le ministre délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad ou l’ex-ministre Aurore Bergé.
Ce choix de Gabriel Attal divise, mais pourrait aussi être stratégique. « Il y a un accord sur une dizaine de villes avec Horizons pour les municipales, et Paris était le point de blocage de cet accord », souligne un cadre macroniste. Le parti d’Édouard Philippe soutiendra notamment les têtes de liste Renaissance à Annecy, Bordeaux, Dijon, Lille et Nîmes.
Des tensions personnelles ?
« Cette décision de l’appareil Renaissance est surprenante, car les discussions des derniers mois se passaient bien et nous partageons une vision commune pour Paris », se désole David Alphand, coprésident du groupe d’opposition « Changer Paris » avec Rachida Dati. « On a le sentiment que certains jouent avec l’élection parisienne en pensant à l’horizon 2027… », ajoute-t-il. Rachida Dati aurait, selon plusieurs sources, bénéficié du soutien d’Emmanuel Macron, qui était en froid avec son ancien Premier ministre depuis la dissolution de l’été 2024.
Les relations entre Gabriel Attal et Rachida Dati se sont également détériorées ces derniers mois, notamment lorsque la ministre a finalement renoncé à se porter candidate face au LR Michel Barnier lors d’une élection législative partielle en septembre. « Il y avait un accord, et au dernier moment, Dati n’y est pas allée, préférant négocier avec LR l’investiture aux municipales. Attal n’a plus confiance en elle… », précise un cadre.
En se distanciant de Rachida Dati, Gabriel Attal prend le risque de faire face à l’agressivité de la sarkozyste, qu’il connaît déjà. « Je vais transformer ton chien en kebab », lui aurait-elle lancé en 2024, sur fond de coupes budgétaires pour la culture. La candidate à Paris a déjà réagi à ce non-soutien : « Il faudra qu’il s’explique devant les Parisiens : pourquoi il s’allie à quelqu’un qui appelle à la démission du président de la République. Gabriel Attal doit tout à Emmanuel Macron », déclarait-elle lors d’un déplacement mercredi, avant d’ajouter : « J’ai entendu Gabriel Attal dire qu’il ne comprenait pas les décisions du président. Je suis d’accord avec lui : je n’ai pas compris pourquoi il a été nommé Premier ministre ». De quoi pimenter une campagne qui s’annonce déjà explosive.

