France

Municipales 2026 : « Les narcotrafiquants ne vont pas s’en priver »

Dans son Guide à l’usage des candidats aux élections publié début septembre, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) prévient que les élections municipales de 2026 pourraient être marquées par des tentatives d’ingérences étrangères. Christian Charpy, président de la CNCCFP, souligne que « toutes les agglomérations en France sont menacées » par le narcotrafic.


« Vigilance particulière ». Dans son *Guide à l’usage des candidats aux élections et de leur mandataire* publié début septembre, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) met en garde dès les premières pages : les élections municipales de 2026 pourraient être entachées de tentatives d’ingérences étrangères. Dans ce cadre, elle conseille aux candidats et candidates de « se prémunir de tout risque », en portant une attention particulière au financement des campagnes électorales.

Les menaces peuvent également émaner de l’intérieur du pays, notamment de réseaux liés aux trafics de stupéfiants. « Vu l’importance que le narcotrafic a prise en France, nous voulons attirer l’attention des candidats sur ce risque particulier d’ingérence », déclare Christian Charpy, président de la CNCCFP.

**Caméras, patrouilles de police, associations…**
Un avis partagé par le sénateur LR du Rhône, Etienne Blanc, rapporteur d’une commission sénatoriale sur l’impact du narcotrafic en France. Avec son homologue PS de Saône-et-Loire, Jérôme Durain, ils ont rédigé un rapport long dénonçant « le tsunami blanc » qui frappe la France, alimenté par des réseaux fonctionnant comme des entreprises de grande distribution « tentaculaires ». « Les entreprises criminelles cherchent à exercer leur pouvoir, c’est-à-dire à influencer la sphère publique, souligne le sénateur à *20 Minutes*. Leur but est de réduire le risque et d’élargir leurs activités. »

Pour atteindre leurs objectifs, le niveau municipal peut s’avérer crucial pour ces réseaux. « Pour diminuer le risque, par exemple, on peut influencer les choix concernant les emplacements des caméras de surveillance ou les secteurs de patrouille de la police municipale », mentionne Etienne Blanc. « On peut aussi envisager une influence sur un quartier entier via l’attribution de logements sociaux ou la politique associative, afin de recruter des jeunes qui travailleront pour le réseau… »

Des exemples, le sénateur en a de multitude. « Dans les communes, il existe des opportunités qui peuvent être offertes aux trafiquants. Ils n’hésiteront pas à en profiter », résume-t-il, appelant à « prendre la mesure » du risque et de la corruption potentiellement affectant les services de l’État.

**« Services rendus »**
Le marché du trafic de drogue en France rapporterait, en estimation basse, jusqu’à 3,5 milliards d’euros par an. Ce montant suffirait largement à financer des interventions au sein des campagnes, via des prêts ou des dons. Mais ce n’est pas tout : Christian Charpy évoque également les « services rendus », tels que la sécurisation de meetings ou la distribution de tracts. « Les candidats sont libres d’organiser leur campagne comme ils l’entendent », précise-t-il. « En revanche, il est crucial de ne pas se laisser manipuler par des personnes dont l’objectif n’est pas militant, mais qui cherchent plutôt à obtenir des faveurs ensuite. »

Certaines villes, voire certains quartiers, sont plus susceptibles de faire l’objet de ces ingérences. Ce sont principalement celles déjà touchées par des trafics et des règlements de comptes, comme Marseille, Lyon, certaines villes de banlieue parisienne ou encore Grenoble. « Néanmoins, toutes les agglomérations en France sont menacées », affirme Christian Charpy. « Même la plus petite ville de province peut être concernée par le trafic de stupéfiants. » En cas de doute, les candidats ou leurs équipes doivent alerter les autorités, sous peine d’en assumer la responsabilité devant la justice.