France

Municipales 2026 : Le Parlement étend aux petites communes le scrutin de liste à parité hommes-femmes

Après une séance houleuse à l’Assemblée nationale, les députés ont définitivement validé une proposition de loi imposant, dès les municipales de mars 2026, le scrutin de liste paritaire dans les communes de moins de 1.000 habitants.

L’extension de ce mode de scrutin (jusqu’alors réservé aux communes plus peuplées) vise à améliorer la représentation des femmes dans les conseils municipaux, où elles ne représentent aujourd’hui que 37,6 % des élus dans ces petites communes, contre 48,5 % ailleurs. « La parité ne doit pas s’arrêter aux portes des grandes villes », a martelé la rapporteure du texte, Delphine Lingemann (MoDem).

Multiplication des amendements

Mais cette avancée a bien failli être reportée à 2032. Des amendements communs de la droite et des communistes, adoptés à une voix près, avaient repoussé l’entrée en vigueur, invoquant un manque de préparation. « Tous les maires que nous avons interrogés nous ont mis en garde contre la faisabilité pour 2026 », a plaidé Agnès Firmin Le Bodo (Horizons).

Coup de théâtre : lors d’une deuxième délibération, provoquée par le gouvernement, les communistes changent de camp. « Il s’agissait de défendre la stabilité du scrutin, pas d’enterrer une avancée de progrès », a justifié Julien Brugerolles, actant un revirement qui a relancé les accusations de manœuvres politiques.

Bouleversement du système électoral local

Dans l’opposition, le ton est monté. « En Macronie, tu perds, tu bidouilles », a fustigé Sébastien Chenu (RN), tandis que Pierre Cordier (LR) dénonçait une rupture dans la majorité : « Il y avait un bloc central. Ce soir, il y a un avant, il y a un après. »

La mesure bouleverse un système électoral local profondément enraciné : jusqu’ici, les électeurs des petites communes pouvaient rayer des noms sur les bulletins, une pratique surnommée « tir aux pigeons ». Selon ses détracteurs, ce panachage favorisait les règlements de comptes personnels et fragilisait les équipes municipales.

Soutien de l’Association des maires de France (AMF)

Pour les élus RN et LR, le nouveau mode de scrutin posera des difficultés concrètes. Composer des listes paritaires dans des villages de quelques centaines d’habitants serait un casse-tête. Jordan Guitton (RN) s’est inquiété de voir émerger des scrutins à liste unique, vidant l’élection de tout enjeu réel. A gauche, on a préféré tourner en ridicule ces arguments. « Ce sont les mêmes discours ringards qu’on entendait déjà au début des années 2000 contre la parité », a rétorqué Benjamin Lucas (écologiste).

Notre dossier sur les élections municipales 2026

Soutenue par l’Association des maires de France (AMF), celle des maires ruraux (AMRF) et Intercommunalités de France, la réforme s’appliquera dans 70 % des communes françaises, où vivent 13 % des citoyens. Une révolution discrète, mais aux conséquences politiques profondes.