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Municipales 2026 à Paris : À gauche comme à droite, la recherche de l’union pour « taper fort » dès le premier tour

En annonçant, en novembre dernier, renoncer à un troisième mandat, Anne Hidalgo, élue en 2014 et réélue en 2020, a lancé la campagne pour les élections municipales de 2026 et aiguisé l’appétit de nombreux postulants. Pour le premier tour, qui a lieu dans un an, déjà onze candidats sont déclarés, et d’autres pourraient suivre dans une campagne et un scrutin qui s’annoncent très ouvert, mais dans lequel Rachida Dati apparaît comme la seule « grande tête ». Une seule chose est certaine, aucun ne gagnera seul. Petit tour d’horizon

Anne Hidalgo laisse un trou béant à gauche… comme à droite

Rarement une maire n’aura autant incarné sa ville. Symbole de l’union des gauches avec sa majorité Rose-Rouge-Vert, elle aura su, tout au long de son règne unir son camp derrière elle et la droite contre elle. Durant ses douze années de mandat, la capitale aura été métamorphosée. Végétalisation, piétonnisation, réduction de la place de la voiture, transformation de places historiques, création de logements sociaux, baisse de la pollution de l’air et de l’eau, etc. En point d’orgue, son projet le plus brillant, le plus clinquant, les JO de Paris 2024 auront été une franche réussite. D’un avis unanime.

Rarement pourtant une maire avait subi un tel déchaînement de critiques et de détestation dans l’opposition. Menée par sa meilleure ennemie Rachida Dati, avec qui les passes d’armes au Conseil de Paris resteront mémorables, l’opposition ne l’a jamais lâchée, l’accusant de mener une bête politique « anti-bagnole » de défigurer la capitale à grands coups de travaux, laissant la ville en proie aux rats et à l’insécurité.

En quittant l’hôtel de Ville en 2026, Anne Hidalgo laissera ses administrés orphelins de leur maire, ses soutiens orphelins d’un successeur incontesté et ses opposants orphelins d’un bouc émissaire tout trouvé.

À gauche, chacun dans son coin avant l’union ?

Difficile de passer après un tel leadership. Alors qu’Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire de Paris depuis 2018 devait être le successeur naturel d’Anne Hidalgo, des dissensions personnelles et au sein du Parti socialiste ont eu raison de leur relation. Parti à l’Assemblée nationale, ce proche d’Olivier Faure a vu la maire de Paris désigner Rémi Féraud comme héritier légitime. Depuis, les deux frères ennemis s’affrontent publiquement dans un duel qui déchire le parti et ne prendra fin qu’au 30 juin prochain avec la primaire du parti. Les candidats qui plaident l’union de la gauche devront d’abord la réussir dans leur propre camp.

Une union que les Écologistes plébiscitent également et se proposent de mener. Sûrs de leurs forces et plus unis que jamais, les « Verts » ont déjà entamé leur primaire ce week-end avec un premier tour à la faveur de David Belliard et Anne-Claire Boux qui seront départagés au second tour le 23 mars prochain. Libérés d’Hidalgo « l’écolo », les Écologistes voient dans cette élection l’opportunité de prendre la main après une mandature dont ils revendiquent les plus grandes réussites. De plus, ils se posent en rassembleurs, étant la seule formation à toujours parler avec tous les partis de gauche, LFI incluse.

Ancien adjoint d’Anne Hidalgo, le communiste Ian Brossat, devenu durant le mandat sénateur de Paris, a également déposé sa candidature en plaidant, lui aussi, pour l’union de la majorité.

« Laissons passer les échéances de chacun et il nous restera trois options. Soit un leader s’imposera, soit nous trouverons des accords, soit nous devrons passer par une primaire », a-t-il résumé à 20 Minutes avant de conclure, comme tous ses partenaires de la majorité : « Face à la menace Dati et à la montée des vents mauvais un peu partout, nous devons maximiser nos chances de victoire dès le premier tour. C’est d’ailleurs ce que tous nos électeurs demandent. »

Rachida Dati, une favorite contestée de toutes parts

« Mon objectif, c’est Paris », disait Rachida Dati, maire du 7e arrondissement à peine nommée au ministère de la Culture en janvier 2024. Pourtant, en acceptant le maroquin, elle a divisé la droite et le centre parisien. Pas toujours acceptée par les macronistes, elle a vu certains soutiens (dont Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement, et Agnès Evren, sénatrice de Paris) quitter « Changer Paris » en 2024 pour partir vers « Union capitale », un groupe créé avec Pierre-Yves Bournazel (Horizons), lui-même candidat à la Mairie de Paris en 2026 et soutenu par l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe. Une position qu’il a confirmée à 20 Minutes récemment.

Quelques mois plus tôt, c’est Francis Szpiner, ex-maire du 16e arrondissement qui avait fondé son propre groupe. Le 12 mars, il a également annoncé sa candidature, qualifiant la ministre de « candidate du macronisme ». Un macronisme qui pourrait voir émerger d’autres postulants puisque Gabriel Attal et Clément Beaune ont déjà, par le passé, montré leur intérêt pour la Mairie de Paris.

Bien que contestée dans ses propres camps, Rachida Dati reste tout de même la grande favorite de l’opposition. Cheffe de file de cette dernière au Conseil de Paris, elle a reçu récemment le soutien de Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et de… Geoffroy Boulard. Malgré son départ du groupe « Changer Paris », il nous confiait encore en décembre : « Nous devons être tous derrière Rachida Dati qui est la mieux placée pour renverser l’interminable page de la gauche à Paris. Et pour ce faire, nous devons être forts dès le premier tour. »

LFI, trouble-fête des élections ?

C’est l’éléphant dans la pièce des municipales de 2026. Dans une stratégie nationale qui vise à s’installer dans les plus grandes villes, le parti de Jean-Luc Mélenchon lorgne également du côté de la capitale. Si les Écologistes espèrent encore les rallier à la gauche dans un « esprit Nouveau Front populaire », nul ne doute que le parti de gauche va se lancer en cavalier seul.

« Ils n’ont fait que critiquer notre politique pendant des années, nous confie une figure de la majorité parisienne, c’est un parti national qui a besoin d’une vitrine à Paris. » Mais selon cette même source, les Insoumis « entretiennent le flou le plus longtemps » pour « garder le bordel chez les autres », une stratégie qui permet à LFI de préparer sa campagne sans trop perdre de points.

Une stratégie confirmée à demi-mot par Rodrigo Arenas, député LFI de Paris : « Nous attendions la loi PLM pour avancer. Jusqu’au dernier moment, nous avons tendu la main au PS qui a préféré nous cornériser. Nous préparons donc un programme dans le but de présenter un candidat dans chaque mairie d’arrondissement. »

Derrière quel chef de file ? Le nom de Sophia Chikirou, député LFI de Paris, revient avec insistance depuis plusieurs mois sans que jamais cela ne soit confirmé. Rodrigo Arenas confirme également l’aspect « naturel » de cette candidature mais glisse tout de même qu’il est lui-même « prêt à prendre ses responsabilités ».

Avec des scores très importants dans les arrondissements du nord-est parisien et dans le sud des 13e et 14e arrondissements, le positionnement des Insoumis pourrait jouer sur le score des autres partis de gauche.

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L’extrême droite va-t-elle se lancer à l’assaut de Paris ?

C’est une grande inconnue du scrutin de 2026, que va faire l’extrême droite à Paris ? Collectionnant jusqu’à peu des scores anodins, voire insignifiants aux différentes élections, les partis d’extrême droite ont combiné un score historique de 14 % aux dernières législatives anticipées. Déjà investi par le RN, Thierry Mariani sera de la partie. Il pourrait espérer le renfort des zemmouristes de Reconquête mais il se murmure que Sarah Knafo pourrait, elle aussi se lancer dans la course. Récemment, Marion Maréchal, avec son jeune parti Identité-Libertés, a également avoué avoir un œil sur la capitale. Sans aucune chance de l’emporter, l’extrême droite pourrait tout de même, en s’unissant essayer de glaner quelques sièges au Conseil de Paris.