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Municipales 2026 à Nantes : Johanna Rolland menacée par une alliance forte, et des Insoumis ambitieux

A un an des élections municipales 2026, la bataille pour la mairie de Nantes s’annonce plus indécise que jamais. Bastion socialiste depuis 1989, la ville est dirigée depuis 2014 par Johanna Rolland (PS) qui a annoncé très tôt qu’elle briguerait un troisième mandat. Sujette à de vives critiques de l’opposition, la maire de 44 ans s’est déclarée ouverte à un accord au premier tour avec les écologistes avec qui elle compose sa majorité depuis cinq ans.

Mais sa réélection est menacée par la droite et le centre qui ont décidé de s’allier et de former une forte coalition. Le Rassemblement national, lui, croit en ses chances de faire son retour au conseil municipal, dix-huit ans après la présence des derniers élus d’extrême droite. Quant à La France insoumise, après s’être montrée discrète en 2020, elle s’estime en mesure de constituer sa propre liste autonome. Tour d’horizon des forces en présence à un an des élections municipales.

La mairie sortante brigue un troisième mandat

C’est à l’issue d’une « petite phrase » lâchée à nos confrères de Presse Océan en 2023 que Johanna Rolland avait annoncé son intention de briguer un troisième mandat. Depuis, la candidate socialiste a exprimé à maintes reprises son souhait d’un large rassemblement de la gauche et des verts au premier tour. « Des socialistes et des écologistes à la tête de grande ville ont permis de réelles avancées pour notre pays, avait déclaré la maire socialiste de Nantes sur le plateau de Public Sénat. J’ai beaucoup travaillé avec des maires écologistes et nous avons porté beaucoup de combats en commun. […] C’est pourquoi je suis clairement pour un accord avec les écologistes aux municipales ».

Vers une alliance entre le PS et les écologistes ?

Les Ecologistes, eux, veulent se laisser le temps de mener un « travail de fond » participatif. Jusqu’à l’été prochain, ils organiseront de nombreux rassemblements publics (ateliers thématiques, apéros) en invitant les acteurs locaux (associations, syndicats, entrepreneurs) à contribuer à l’écriture du programme vert. « Ce travail va permettre de dessiner nos ambitions communes, c’est en fonction des mesures portées que pourront se dessiner des alliances », a fait savoir Marie Vitoux. La cheffe de file du parti les Ecologistes à Nantes n’écarte pas l’idée de constituer une liste commune aux côtés des socialistes. « Je suis une des incarnations possibles mais il faudra voir qu’elle sera la meilleure personne qui sera capable de porter des mesures phares pour les Nantais. » Malgré les attaques qui visent certains projets écologiques de la ville (Pont-jardin Anne-de-Bretagne, parking Petite-Hollande débitumé…), l’adjointe du quartier Nantes sud assume d’amplifier ces actions qui, selon elle, « permettent de protéger les habitants du dérèglement climatique ».

Le centre et la droite main dans la main

Après s’être tourné le dos aux élections de 2020, le mouvement de droite Mieux vivre à Nantes, lancé par Laurence Garnier (LR) en 2021, et le groupe centriste Démocrates et progressistes ont cette fois décidé de ne faire qu’un pour battre Johanna Rolland. « On s’est rendu compte que l’on partageait de nombreux points communs et que l’on était d’accord sur la politique à mener pour que Nantes redevienne attractive », admet Julien Bainvel, conseiller municipal d’opposition sans étiquette. En 2020, ces deux listes avaient récolté à eux deux près de 40% des voix au second tour.

Laurence Garnier, l’ancienne tête de liste de la droite, a annoncé qu’elle ne se représentera pas et qu’elle soutiendra la candidature de Julien Bainvel. Et elle n’est pas la seule. Des élus de Renaissance (Valérie Oppelt, Mounir Belhamiti) le considèrent comme l’homme de la situation pour réussir à rassembler. Cela tombe bien, l’ex-élu LR a très envie de devenir LA tête de liste de cette nouvelle alliance. « Dans les toutes prochaines semaines, le nom du candidat sera communiqué », fait savoir Julien Bainvel. En parlant de lui ? Un boulevard semble se dessiner pour ce quadragénaire dans la course à la mairie de Nantes.

Le 30 janvier dernier, Foulque Chombart de Lauwe organisait un meeting de campagne devant 500 personnes réunies aux salons Mauduit à Nantes.
Le 30 janvier dernier, Foulque Chombart de Lauwe organisait un meeting de campagne devant 500 personnes réunies aux salons Mauduit à Nantes. - Infiniment Nantes

A moins que les ténors de la droite et du centre jettent leur dévolu sur Foulque Chombart de Lauwe. L’élu LR a démarré fort la campagne avec la création en 2024 de son propre micro-parti Infiniment Nantes. « Je sentais qu’il y avait une certaine curiosité au départ, mais maintenant je sens une vraie dynamique », se réjouit-il. Le mouvement a déjà obtenu l’adhésion de plus de 400 membres. L’ancien colistier de Laurence Garnier a déjà multiplié les actions (rencontres de rue, apéros, meeting) pour recueillir les préoccupations des Nantais et préparer son programme. « Je veux leur ouvrir les yeux sur l’échec de l’équipe au pouvoir et l’image de la ville qui s’est dégradée », confie-t-il. Ce sera donc Foulque Chombart de Lauwe ou Julien Bainvel. Le premier a suggéré la tenue d’une primaire pour les départager. Le second espère le convaincre de rejoindre son rang. Affaire à suivre !

Le RN croit en ses chances, LFI ambitieuse

Forte de sa percée aux dernières législatives, La France insoumise attaque cette nouvelle campagne avec une ambition décuplée. Son objectif : « Elire une vague d’élus de renouvellement capable de changer la vie des gens. » Il y a un mois, le parti de gauche a démarré sa « grande enquête populaire ». Pendant cinq mois, militants et sympathisants recueilleront sur le terrain les aspirations des habitants pour l’avenir de leur ville. « C’est une campagne par le bas, où on ne décide pas tout en haut, ou dans l’entre-soi comme ça se fait à Nantes depuis des décennies », tacle William Aucant. Le conseiller régional LFI, et Marina Ferreruela, députée suppléante de la 2e circonscription de Loire-Atlantique, ont été récemment désignés comme les chefs de file des Insoumis à Nantes.

Après avoir appelé à soutenir le mouvement écologiste et citoyen Nantes en commun de Margot Metkour en 2020 (9 % des voix), ils s’estiment largement en mesure de « constituer une liste » pour 2026. Mais ce n’est pas la priorité du moment, tempèrent les cadres de LFI. Le plus important reste la construction d’un programme « de rupture » avec la participation des habitants. La France Insoumise n’exclut pas de former un « large rassemblement » avec d’autres mouvements qui partageraient le même cap que le sien. En proie à de fortes turbulences, le mouvement Nantes en commun qui avait échoué aux portes du second tour en 2020 semble marqué une pause, rapportait Ouest-France en octobre 2024. Contactée, l’ancienne tête de liste Margot Metkour n’a pas répondu à nos sollicitations.

De son côté, le Rassemblement national n’a pas encore désigné le candidat qui conduira sa liste aux municipales. Deux candidatures ont été portées à la commission nationale d’investiture du parti dirigé par Jordan Bardella. « Le nom de la tête de liste sera désigné vraisemblablement au printemps », indique Gauthier Bouchet, responsable départemental du RN. Eléonore Revel qui avait réuni 4,7 % des voix en 2020 ne se représente pas.

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Le parti d’extrême droite croit dur comme fer qu’il fera son retour en 2026 au conseil municipal de Nantes, dix-huit ans après la présence des deux derniers élus du groupe politique qui s’appelait alors Front national. Pour Gauthier Bouchet, la progression du RN dans certaines circonscriptions nantaises du centre-ville entre les deux dernières élections législatives [2022 et 2024] lui donne des raisons d’espérer. « Nous sommes convaincus que la gauche va repasser à Nantes mais on peut raisonnablement envisager d’entrer au conseil municipal avec quatre élus, c’est un objectif crédible », assure le porte-parole.