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Municipales 2026 à Marseille : Payan, Vassal, Allisio, Delogu ou Muselier… Qui se déclarera candidat en premier ?

Aucun n’est encore officiellement sorti du bois, mais tous s’y tiennent à sa lisière, déjà visible. A un an des élections municipales 2026 à Marseille et quoique aucune tête politique locale ne se soit encore officiellement déclarée, le tableau est déjà prêt, les rôles déjà promis aux acteurs : le maire sortant Benoît Payan, la revanche des ex-LR présidents de région et de département Renaud Muselier et Martine Vassal, les ambitions du RN avec le député Franck Allisio ou encore l’offensive de LFI avec Sébastien Delogu et le louvoyage stratégique des Verts de Sébastien Barles.

Benoît Payan, pour une première sur son nom ?

Il n’aime pas beaucoup que ce détail lui soit rappelé, mais l’actuel maire de Marseille Benoît Payan (DVG, ex-PS) connaîtra sa première campagne municipale sur son nom propre, s’il venait à se présenter. Car pour l’heure, celui qui avait fait campagne en 2020 derrière Michèle Rubirola joue la carte « d’être maire jusqu’au bout ». « Le moment venu, je dirai « Je suis candidat » ou « Je ne suis pas candidat » : le plus tard sera le mieux », a-t-il expliqué tout récemment dans une interview « Face aux lecteurs » de La Provence.

Un suspens qui n’en est pas vraiment un, mais qui lui permettrait de retarder le moment où il se placera officiellement entre le marteau et l’enclume, alors qu’il aura très certainement une, voire deux candidatures à sa gauche et deux à sa droite. De quoi aussi laisser le temps, à Benoît Payan et ses équipes de mener des tractations avec ses alliés du Printemps marseillais, Samia Ghali (ex-PS et candidate « dissidente » en 2020) et écologistes, et de dessiner une liste d’union de la gauche, mais sans LFI.

Qui pour mener « la meute » chez les ex-LR ?

Les « bébés Gaudin » sont orphelins. Lors des élections municipales de 2020, la succession de Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille pendant un quart de siècle (1995-2020) et décédé en mai 2024, avait viré au conflit familial chez les LR d’alors. Si Martine Vassal (actuelle présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole) avait remporté l’investiture du parti qu’elle a quittée depuis, Bruno Gilles avait quant à lui rendu sa carte des LR pour mener une candidature dissidente tandis que Renaud Muselier (président de la région PACA) restait discret.

Depuis, les inimitiés passées paraissent avoir été mises sous le tapis et tous se sont affichés unis, en clôture de l’université d’été de la droite marseillaise, se disant « prêt à chasser en meute », évacuant pour l’heure la question (épineuse) du chef ou de la cheffe. Et si les étiquettes ont changé, avec Bruno Gilles depuis passé chez Horizons et Renaud Muselier à Renaissance, tous deux ont déjà indiqué les mairies de secteur sur lesquelles ils se porteront respectivement candidats, sous la même bannière.

Dans cette configuration où les noms ne manquent pas (il faut compter aussi sur Lionel Royer-Perreaut) mais où aucun « leader naturel » ne semble vouloir se dégager aujourd’hui pour conduire cette liste, tous les regards se tournent vers Renaud Muselier, qui s’agacerait presque de répéter qu’il n’est pas candidat à la mairie de Marseille.

Le RN sondé devant le centre et la droite historique

Il était tombé des colonnes du JDD peu avant Noël. Dans un sondage de candidats à la mairie de Marseille avec une configuration probable de deux listes à gauche, une liste RN menée par Franck Allisio (député des Bouches-du-Rhône) était sondée à 31 %, talonnant le maire sortant Benoît Payan (34 %) et mettant la pâtée à un rassemblement de centre-droit conduit par Martine Vassal (21 %).

S’il ne s’est pas encore déclaré officiellement, Franck Allisio devra bien être la tête de liste du RN à Marseille. Mais qui pour l’encadrer ? Alors que l’ex-homme fort local du parti Stéphane Ravier s’est trouvé ostracisé par la famille RN après avoir tenté l’aventure Éric Zemmour en 2022, puis de quitter Reconquête l’an passé ? Sans doute pourra-t-il compter sur l’appui des trois députés RN de Marseille, Gisèle Lelouis, Monique Griseti et Olivier Fayssat (ex-LR qui siège avec Éric Ciotti pour ce dernier).

A moins que le RN ne range derrière une enquête d’opinion, publiée ce vendredi par La Provence, qui peut jeter le trouble sur qui pour conduire cette liste : 33 % des Marseillais estiment que Stéphane Ravier ferait un bon maire, contre 23 % pour Allisio. Cette même enquête place Benoît Payan en tête des sondés avec 57 % d’opinion favorable, distançant de dix points Martine Vassal (47 %).

Début janvier, lors de ses vœux 2025, toute la famille RN du département des Bouches-du-Rhône, où ils ont emporté onze des dix-neuf circonscriptions du département (et des trois des sept de Marseille), s’est rassemblée pour partager ses espoirs et dire ses ambitions pour 2026. L’occasion aussi de fêter leur victoire à Rognac, ville voisine de Marseille, après une élection municipale partielle remportée en novembre 2024 et alors que le RN n’avait plus gagné de mairie dans le département depuis Vitrolles en 1997 (perdue en 2002).

LFI offensive et mise au ban, les Verts voudraient le NFP

Ce ne s’était pas fait en 2020, et à la vue de la nature des échanges actuels entre les membres de LFI marseillais et Benoît Payan, l’alliance des « deux gauches » ne se fera vraisemblablement pas en 2026.

Et ce ne sont pas les échanges d’amabilités par communiqué de presse et interview interposés de ces dernières semaines, voire de coups, comme rapportés par Le Figaro (et qui ont valu une garde à vue et une mise en examen aux Jibrayel père et fils, qui s’est vu retirer sa délégation) qui vont arranger la situation entre LFI et le noyau socialiste (ou ex-socialiste) qui entoure Benoît Payan à la mairie. Assurément, LFI présentera une liste à Marseille, où elle compte deux députés. Si Manuel Bompard n’a jamais exprimé d’ambition à ce propos, Sébastien Delogu a déjà dit et pu répéter « réfléchir » à une candidature à la mairie.

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La formation de gauche dominante sur le plan national sera-t-elle localement suffisamment forte pour faire perdre toute la gauche ou bien, pour contraindre la majorité actuelle à une alliance avec eux ? Au milieu de ce jeu dangereux, les Verts se verraient bien juge de paix : Une quinzaine d’élus EELV de Marseille regroupé avec Sébastien Barles, actuel adjoint au maire, ont lancé mi-janvier un « Appel pour une liste d’union des gauches et des écologistes sur l’arc NFP pour les élections municipales 2026 à Marseille ».

Si 2024 était l’année des JO à Marseille, les élections municipales 2026 s’y annoncent pour l’heure pas moins sportives.