Moselle : Prison avec sursis pour le parent d’élève qui avait menacé de mort un enseignant

«L’école n’est plus un sanctuaire, on le sait aujourd’hui. » Cette phrase, prononcée à l’audience par l’avocat du plaignant, résonne comme un constat glaçant face à la multiplication des violences visant les enseignants. Lundi, le tribunal correctionnel de Sarreguemines a condamné un parent d’élève à quatre mois de prison avec sursis simple pour avoir proféré des menaces de mort à l’encontre d’un professeur de lycée à Saint-Avold, en Moselle.
Les faits remontent au 4 décembre dernier, lors d’un échange téléphonique entre le père et le Conseiller principal d’éducation (CPE) de l’établissement. A propos du professeur de management de son fils, scolarisé en terminale, le prévenu avait déclaré : « Je vais le choper et lui casser la tête. Avec des profs comme ça, il faut pas s’étonner qu’il y ait des Samuel Paty ! » Une référence explicite à l’enseignant assassiné après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.
Interdiction de contact pour deux ans
Le tribunal a également prononcé une interdiction de contact entre le prévenu et la victime pour une durée de deux ans, suivant les réquisitions du parquet, qui avait demandé trois à quatre mois de sursis. Pour le ministère public, cette affaire s’inscrit dans « un contexte d’atteintes croissantes dans l’Education nationale et de banalisation de ces atteintes aux professeurs ».
A l’audience du 2 mai, la présidente du tribunal a décrit une « ambiance pesante » dans ce cours, marqué par des absences répétées et des élèves en détresse psychologique. Le professeur visé par les menaces a confié avoir été profondément marqué par l’affaire : « J’ai eu peur, pendant plusieurs semaines, de me rendre au lycée, de sortir le soir dans Saint-Avold, de croiser le prévenu. » Il dit ne pas être découragé par l’enseignement en lui-même, mais par la difficulté croissante à « faire respecter un cadre aux élèves ».
Un « appel à l’aide », pas des menaces
L’avocate du père de famille, Me Aurore Manoukian, a plaidé la relaxe, assurant qu’il ne s’agissait pas de menaces mais d’« un appel à l’aide ». Selon elle, l’homme était dépassé par la souffrance de son fils, placé sous anxiolytiques depuis décembre 2024 après avoir évoqué des idées suicidaires. Il accusait le professeur de harcèlement scolaire et avait lui-même déposé plainte à ce sujet.
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Pour l’avocat de la victime, Me Antoine Fittante, cette affaire illustre une inquiétante tendance. « Je suis effaré par l’augmentation du nombre d’agressions à l’encontre des professeurs », a-t-il expliqué.