France

Mort du pape François : Les funérailles papales, LE rendez-vous médiatique et diplomatique pour « être sur la photo » ?

Ce week-end, tous les chemins mèneront à Rome. Alors pour certains dirigeants, pas question de ne pas se montrer aux funérailles du pape François samedi. Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen, Volodymyr Zelensky, Olaf Scholz, Javier Milei, le prince William, le roi et la reine d’Espagne, Keir Starmer, Donald Trump…

Les obsèques de Jorge Mario Bergoglio ne seront pas qu’un événement religieux. En plus de l’Évangile, l’homélie ou les prières, elles seront aussi l’occasion de voir un défilé de responsables politiques venus des quatre coins du monde.

Le rendez-vous promet de donner lieu à la plus large photo de famille depuis l’enterrement de la reine Elizabeth II en septembre 2022. Il faut dire que ce pape a su mettre tout le monde d’accord et « créer un consensus à l’heure de son décès », remarque Anis Issa, chercheur en sociologie de la religion à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE). De Vladimir Poutine à Volodymyr Zelensky, des dirigeants du Hamas au président israélien… Tous ont salué sa « foi », sa « compassion » ou sa « sagesse ».

Un pape qui a « frappé l’histoire »

« Certains papes ont frappé l’histoire, celui-ci a pu marquer par sa manière de vivre le pontificat en prenant des positions politiques et des engagements sur les enjeux globaux comme sur les migrants ou pour la planète », rappelle Frédéric Ramel, professeur des universités en sciences politiques à Sciences Po Paris. Alors montrer sa caboche aux funérailles de celui-ci, c’est aussi une façon « de l’honorer sur le plan symbolique, mettre l’accent sur une certaine manière de concevoir le monde », analyse Frédéric Ramel. Une présence qui permet en outre de « montrer qu’on a des liens avec les valeurs humaines et universelles que le pape a portées », abonde Anis Issa.

Et ce, malgré quelques différends. Le pape François ne s’est ainsi pas toujours montré en accord avec la politique menée par Emmanuel Macron. Le président français ira tout de même fouler le parvis de la basilique Saint-Pierre pour un dernier hommage à la fois pour profiter « d’une visibilité médiatique » mais aussi « en raison de son admiration envers le souverain pontife », juge le professeur en sciences politiques.

Puis il y a forcément les Etats catholiques, à commencer par l’Argentine. Le pape était loin d’être vu comme un allié par le président Javier Milei qui l’a plusieurs fois insulté jusqu’à le traiter de « représentant du malin sur Terre ». Pourtant, le président argentin se rendra aux funérailles, effaçant, semble-t-il, ses plus profonds désaccords avec son compatriote. Javier Milei s’achète à cette occasion une popularité interne à son pays, le pape étant très aimé par les Argentins.

Grand bal mondain

Le pape François n’appréciait pas les grands rendez-vous mondains. Il avait même boudé la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris. Pourtant, ses obsèques promettent d’être aussi un rendez-vous diplomatique et donner l’occasion à tous ces chefs d’Etat de faire quelques messes basses sur la température actuelle du monde.

Volodymyr Zelensky a déjà annoncé vouloir s’entretenir avec Donald Trump sur la guerre qui l’oppose à la Russie. Les chefs d’Etat européens ne manqueront probablement pas l’occasion de défendre leur bout de gras face à la menace toujours pesante des droits de douane américains. D’ailleurs, « la vraie politique se passe là où elle n’est pas censée se passer », résume Anis Issa.

Le milliardaire républicain, lui, n’ira pas pour les mêmes raisons. Pour un président qui articule son mandat « autour de l’image et du message médiatique, ne pas être sur la photo serait vécu un camouflet », estime Frédéric Ramel. Donald Trump y va pour être vu, être là où les regards se tourneront.

Des absences remarquées

Si y aller est un message envoyé à l’international comme à l’intérieur de son pays, « ne pas être présent quand c’est ostentatoire, c’est aussi révélateur », note Frédéric Ramel. Ainsi, Vladimir Poutine n’a pas prévu de s’y rendre, peut-être à cause du mandat d’arrêt international qui pèse au-dessus de sa tête.

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Benyamin Netanyahou est également visé par la même menace. « Mais pour le Premier ministre israélien, c’est aussi une question idéologique » et une profonde opposition notamment au sujet de Gaza, cause chère au pape François, souligne le professeur en sciences politiques. Benyamin Netanyahou n’a d’ailleurs fait aucun commentaire après l’annonce de la mort du pape François. Lui, comme Vladimir Poutine, brilleront par leur absence.